Des évaluations rapides au Yémen révèlent la situation désespérée des civils déplacés
Des évaluations rapides au Yémen révèlent la situation désespérée des civils déplacés
GENEVE, 19 mai (HCR) - Pendant une trêve de cinq jours qui vient de prendre fin au Yémen, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés a pu acheminer par avion six cargaisons d’aide vers Sanaa et distribuer des réserves d’aide par la route jusqu’à Aden, mais les équipes d’évaluation rapide ont découvert les énormes difficultés endurées par des milliers de civils déplacés par des semaines de conflit.
L’arrêt temporaire des hostilités qui a pris fin officiellement dimanche soir faisait suite à des semaines d’affrontements depuis fin mars qui ont provoqué le déracinement de quelque 545 000 personnes.
« Cela [la trêve] a toutefois permis au HCR d’acheminer davantage d’aide par avion, de transporter des réserves entre les ports et les centres de distribution à Sanaa et Aden, de prépositionner et de distribuer de l’aide aux personnes déplacées dans des zones auparavant difficiles à atteindre », a déclaré le porte-parole du HCR Adrian Edwards aux journalistes à Genève.
« Nos six avions acheminant de l’aide en provenance de Dubaï ont tous pu atterrir en toute sécurité à Sanaa [la capitale]. Dix camions transportant de l’aide entre Sanaa et Aden ont finalement réussi à passer - bien que le voyage ait pris trois jours au lieu d’un en raison des délais aux points de contrôle et des combats localisés », a précisé Adrian Edwards, en ajoutant « Les réserves de produits de secours dans le pays sont désormais trois fois plus importantes qu’avant la trêve ».
Les affrontements depuis mars ont provoqué le déplacement de 545 000 personnes, selon les estimations. Le cessez-le-feu au Yémen a permis au HCR et à ses partenaires de mener des évaluations rapides des besoins de protection dans 40 districts répartis sur 11 gouvernorats jusqu’alors difficiles d’accès - Sanaa, Amant Al-Asimah, Abyan, Lahj, Mareb, Shabwa, Hajjah, Taizz, Amran, Aden et Al-Dhale. « Les équipes ont rencontré des populations traumatisées - effrayées, bouleversées et se démenant pour satisfaire leurs besoins de base », a expliqué Adrian Edwards.
Dans le district d’Amant Al-Asemah à Sanaa, le HCR a interrogé des personnes déplacées hébergées dans des familles d’accueil. Plusieurs ménages s’entassent sous le même toit, sans salles de bain ni approvisionnement en eau. Les pénuries de carburant rendent le pompage de l’eau difficile, même s’il existe des puits. Beaucoup d’habitants de cette région étaient dans une situation économique précaire avant la crise et sont encore plus vulnérables aujourd’hui.
La plupart d’entre eux ont perdu leurs moyens de subsistance et dépendent totalement de l’aide. Les prix de la nourriture, du carburant et de l’eau en bouteille ou en camion ont flambé, ce qui aggrave les difficultés. La situation s’éternisant, beaucoup de déplacés hébergés par d’autres personnes se préoccupent de trouver leur propre abri.
« Les points de contrôle, l’insécurité et les prix de transport élevés rendent tout déplacement difficile. L’accès aux soins de santé de base est trop éloigné pour beaucoup et les transports trop chers. Un grand nombre d’enfants ont été trouvés dans un état de malnutrition, tandis que l’accumulation des ordures aggrave les situations de surpeuplement, faisant craindre la propagation des maladies », a déclaré Adrian Edwards aux journalistes à Genève.
Il a ajouté qu’à Aden, les équipes du HCR avaient rencontré un couple et leurs sept enfants, le plus jeune âgé d’à peine un mois, vivant dans un collège avec 53 autres familles. Ils ont fui leur foyer situé dans le district de Dar Saad à Aden il y a deux semaines et ont parcouru 12 kms à pied avant de trouver refuge dans l’un des nombreux bâtiments publics abritant des familles dans le district de Sheikh Othman à Aden. La famille vit dans une seule pièce sans électricité ni eau courante et dort sur un panneau de publicité en plastique récupéré dans la rue après être tombé lors des récents bombardements.
« Notre partenaire à Saada dit que la vie normale est quasiment paralysée, sans électricité ni Internet ni lignes terrestres. 95% des magasins sont fermés et seul un restaurant est ouvert dans toute la ville. L’eau se fait rare et il y a très peu de mouvements en raison des pénuries de carburant », a expliqué Adrian Edwards.
Les habitants qui restent, principalement des hommes qui gardent leur propriété, ne sortent pas. Il y a une destruction à grande échelle des bâtiments gouvernementaux et des magasins situés près des axes de circulation, y compris de certains bâtiments du vieux Saada.