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Une famille à nouveau réunie

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Une famille à nouveau réunie

15 May 2024 Egalement disponible ici :
Khalil, sa femme Amena et leurs quatre enfants réunis à l'aéroport de Genève.

Bien que le droit à l'unité familiale soit ancré au niveau national et international, le personnes réfugiées et admises à titre provisoire sont confrontées à de nombreux obstacles juridiques et administratifs lorsqu'ils souhaitent faire venir leur famille en Suisse.

Cette histoire commence en 2006, lorsque Khalil* et sa femme Amena* se marient à Qamishli, la plus grande ville de la région autonome kurde du Rojava. Le couple a quatre enfants, deux filles et deux garçons. La guerre civile contraint Khalil à fuir. Il ne veut pas être enrôlé dans le service militaire syrien ni combattre aux côtés de la milice kurde syrienne YPG. Sa femme et ses quatre enfants mineurs restent à Qamishli et vivent dans des conditions précaires, car le voyage est trop risqué pour eux.

Conditions et délais d'attente

Le 10 août 2020, Khalil entre en Suisse et dépose une demande d'asile. En septembre, il obtient une admission provisoire. Son premier objectif est d'être réuni avec sa femme et ses enfants le plus rapidement possible. Il prend contact avec les juristes d'elisa-asile qui lui expliquent les conditions du regroupement familial. En tant que titulaire d'un permis F, il doit être financièrement indépendant et respecter un délai d'attente de trois ans.

"Bien que les personnes admises à titre provisoire aient un besoin de protection comparable à celui des réfugié-e-s reconnu-e-s, elles sont fortement désavantagées par rapport aux autres bénéficiaires d'une protection. Cette situation est difficilement compréhensible et pesante pour les personnes concernées, raconte Najma Hussein, juriste chez elisa-asile. Dans notre travail quotidien, les aspects psychosociaux jouent donc un rôle décisif, en plus des aspects juridiques, pour aider nos client-e-s dans cette phase difficile."

Espoir de retrouvailles

Préoccupé par le délai d'attente, Khalil envisage de déposer une demande de visa humanitaire. Elisa-asile contacte le service de regroupement familial de la Croix-Rouge suisse, mais on y estime que les chances de succès sont quasiment nulles. En effet, les demandes et les recours répétés déposés par Khalil sont rejetés.

Pendant ce temps, de violents combats ont lieu dans le nord-est de la Syrie, où vivent sa femme et ses enfants. Pendant plusieurs jours, les contacts sont rompus. La détérioration de la situation inquiète beaucoup Khalil. "Pendant la séparation d'avec ma famille, je me suis senti perdu. Sans eux, je ne pouvais rien construire", explique Khalil. Malgré tout, il continue à suivre ses cours de français afin de s'intégrer rapidement en Suisse. A force d'efforts et de persévérance, il parvient à trouver un emploi stable qui lui permet d'être financièrement indépendant. C'est ainsi qu'elisa-asile peut déposer une demande de regroupement familial, qui est acceptée cinq mois plus tard.

Réunion à Genève

Le HCR conseille et accompagne la famille dans les procédures administratives concernant le départ du pays, l'entrée au Liban et la vérification des documents légaux nécessaires. Amena et les enfants retrouvent le père à l'aéroport de Genève début octobre 2023.

"Le sentiment de nous retrouver en famille était indescriptible", dit Khalil avec le recul. "Le désespoir a fait place à un sentiment de vivacité, de joie, de bonheur et de sécurité." Amena ajout : "C'était un moment précieux et inoubliable. Je suis infiniment reconnaissante."

Désormais, Khalil et sa famille sont réunis depuis un peu plus de six mois. "Ce que nous ressentons aujourd'hui englobe tout ce à quoi nous avons aspiré pendant toute la période de séparation: la stabilité familiale et la sécurité. En bref, nous avons le sentiment de vivre vraiment", raconte Khalil.

 

*Les prénoms ont été modifiés


De nouvelles voies pour les personnes admises à titre provisoire en Suisse

Pour les personnes réfugiées et admises à titre provisoire qui ont été séparées des membres de leur famille pendant leur fuite, les retrouvailles avec leurs proches sont le premier pas vers un retour à une vie normale et une intégration réussie. L'importance de la famille et la nécessité de la protéger sont universellement reconnues et fermement ancrées dans le droit national et international. Le regroupement familial repose donc sur un droit juridique fondamental. Mais c'est aussi un moyen de protection des réfugié-e-s, car il évite aux membres de la famille d'emprunter des voies dangereuses et irrégulières pour être réuni-e-s.

Selon le gouvernement suisse, 333 personnes admises à titre provisoire ont déposé une demande de regroupement familial en moyenne chaque année entre 2018 et 2022, mais seules 126 d'entre elles ont été acceptées. Le Conseil fédéral a récemment décidé de réduire le délai d'attente pour les personnes admises à titre provisoire de trois à deux ans. Cette règle se fonde sur un arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg et vise à garantir le respect du droit à la vie familiale, conformément à l'article 8 de la Déclaration européenne des droits de l'homme.