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Comment répondre aux besoins en énergie des déplacés au Nord-Kivu ?

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Comment répondre aux besoins en énergie des déplacés au Nord-Kivu ?

L'UNHCR et ses partenaires discutent de la meilleure réponse possible aux besoins en énergie des personnes déplacées dans l'est de la République démocratique du Congo. La plupart sont favorables au bois de chauffage.
17 Avril 2008
Peser le pour et le contre concernant les différentes sources d'énergie. Ici, des stères de bois de chauffage dans un site de déplacés au Nord-Kivu.

GOMA, République démocratique du Congo, 17 avril (UNHCR) - Le parc national de Virunga dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) est connu pour sa riche biodiversité, mais des années de conflit et de déplacement humain ont gravement appauvri sa faune et sa flore et ont amené une déforestation massive dans les plaines.

L'UNESCO, qui a inscrit Virunga sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 1994, estime que les demandes en bois de chauffage de près d'un million de réfugiés campant dans ce parc s'élèvent à 600 tonnes par jour. Cependant les forêts en région montagneuse, où vivent les gorilles des montagnes mis en danger, ont été largement épargnées à ce jour.

Les différentes parties au conflit en RDC avaient initialement signé un accord de paix en 2003, mais un renouveau des combats dans la province instable du Nord-Kivu ces 16 derniers mois a amené un nouvel afflux de quelque 50 000 personnes déplacées internes au pied du point central du parc, le Mont Nyiragonga, un volcan.

Cet afflux a renouvelé la pression sur les ressources de la forêt, car les déplacés collectent du bois de chauffage et de construction. Il a aussi ouvert le débat entre l'agence des Nations Unies pour les réfugiés et ses partenaires sur la meilleure réponse possible aux besoins des déplacés en énergie et, en même temps, pour la protection de l'environnement.

Actuellement, les déplacés vont chercher leur bois de chauffage à Virunga et la plupart sont approvisionnés en bois par l'Organisation mondiale de protection de l'environnement (WWF) pour le compte de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés. Malgré cet approvisionnement, des femmes déplacées continuent à aller chercher du bois. De ce fait, elles sont vulnérables aux violences sexuelles et fondées sur le sexe menées par des hommes armés.

« Le bois de chauffage que nous recevons ne suffit pas pour préparer les repas », a expliqué une femme déplacée, Bazagira, en ajoutant que le feu est difficile à faire démarrer avec le bois qu'elle reçoit et qu'il dégage trop de fumée.

Des agences disent que pour protéger l'environnement - et éviter les dangers que représentent la collecte du bois - des sources alternatives d'énergie devraient être fournies, y compris des réchauds au gaz, mais WWF conteste que des menaces plus lourdes encore pèsent sur la couverture forestière de Virunga et soutient, par conséquent, que le bois de chauffage constitue la meilleure solution et la plus économique.

« Les arbres [principalement des eucalyptus] que nous coupons ont été plantés dans ce but précis - pour répondre aux besoins des communautés », a dit Jean-Marie Mbonigapa, responsable de projet adjoint du WWF au Nord-Kivu.

D'autres soutiennent la position du WWF, en disant que d'autres sources viables en énergie - comme l'essence ou le gaz - sont inenvisageables pour des raisons financières et techniques dans l'est de la RDC, une région qui manque de routes et d'autres infrastructures.

Pappy Bokolo, un consultant de l'UNHCR pour l'environnement au Nord-Kivu, a indiqué que le coût de transport du gaz et de l'installation d'un réseau de distribution à destination des camps de déplacés serait prohibitif. Il pourrait aussi provoquer un ressentiment de la part des communautés locales.

Pour le moment, l'utilisation du bois de chauffage paraît la méthode la plus viable pour répondre aux besoins en énergie des personnes déplacées. Mais l'UNHCR continue à étudier des solutions pour optimiser son utilisation et éviter le gaspillage ainsi que la dégradation environnementale.

« Nous devons concentrer la distribution de bois pour les familles vulnérables et introduire l'utilisation de réchauds à charbon de bois pour ceux qui peuvent braver la forêt », a indiqué Bokolo, ajoutant que les agences humanitaires devraient aussi dispenser des formations aux déplacés sur la pratique de la préparation de la cuisine en sécurité et l'abandon effectif du gaspillage.

L'UNHCR promeut aussi l'utilisation d'autres matériels que le bois, comme les bâches en plastique, pour la construction des abris.

Par David Nthengwe à Goma, République démocratique du Congo