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En Somalie, le nombre des déplacés a atteint le cap du million

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En Somalie, le nombre des déplacés a atteint le cap du million

Le nombre de personnes déplacées à l'intérieur de la Somalie a brusquement augmenté pour atteindre le chiffre d'un million, selon les estimations de l'UNHCR.
20 Novembre 2007
Un déplacé interne à Mogadiscio le mois dernier. Il rejoint des centaines de milliers d'autres personnes déjà déplacées.

NAIROBI, Kenya, 20 novembre (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a annoncé mardi que, selon ses toutes dernières estimations, le nombre de personnes déplacées à l'intérieur de la Somalie a brusquement augmenté pour atteindre le chiffre d'un million.

L'UNHCR a indiqué que 60 pour cent de la population, soit environ 600 000 personnes, auraient fui la capitale somalienne Mogadiscio depuis février. Près de 200 000 d'entre elles seraient parties au cours des deux dernières semaines. Des quartiers entiers de la capitale en proie à l'instabilité seraient désormais vidés de leurs habitants. Le nombre de personnes déplacées cette année vient s'ajouter aux quelque 400 000 personnes déjà déplacées lors de précédents combats.

Les chiffres des déplacements, mis à jour régulièrement grâce aux informations reçues d'un réseau de partenaires locaux et compilés par l'UNHCR, montrent que le nombre de personnes déplacées internes à Mogadiscio a atteint environ 43 000 personnes, alors que le chiffre était de 33 000 personnes il y a une semaine.

De nombreuses personnes déplacées à Mogadiscio sont hébergées par des parents ou des amis, partageant des pièces surpeuplées avec plusieurs autres familles. Un nombre croissant de personnes déplacées internes a également rejoint des installations de fortune dans certains quartiers de Mogadiscio comme Madina/Wadajir, Dayniile, Waaberi, Dharkenley et Kaaran.

Parallèlement, le nombre estimé de personnes déplacées vivant dans des conditions désespérées, dans plus de 60 installations de fortune le long des 30 kilomètres de route reliant Mogadiscio à la ville d'Afgooye, a augmenté pour atteindre presque 200 000 - une hausse de 50 pour cent survenue au cours des deux dernières semaines.

« Nous commençons également à voir de nouveaux arrivants venus de Mogadiscio dans les régions plus lointaines telles que Afmadow, Sakow, Jillib et Bu'uale dans la vallée de Juba, à environ 350 kilomètres au sud-ouest de Mogadiscio. On compte environ 8 500 déplacés internes dans ces régions », a indiqué mardi Jennifer Pagonis, porte-parole de l'UNHCR, depuis Genève.

Une mission interagences des Nations Unies à Afgooye samedi s'est fait l'écho de conditions de vie extrêmement difficiles des personnes déplacées internes dans la région alentour. Des familles continuent à souffrir de l'absence d'hébergement convenable et utilisent tout ce qu'elles trouvent - principalement des sacs en plastique et des morceaux de tissus - pour couvrir leurs abris de fortune, aux toits en forme de dôme.

Les personnes déplacées internes ont dit à l'équipe interagences que leur besoin le plus urgent est de trouver de la nourriture, de nombreux enfants souffrant de malnutrition. Les déplacés internes ont aussi évoqué un besoin urgent de soins médicaux. Beaucoup vont dans un hôpital proche et quelques cliniques mobiles mises en place par des ONG, mais les besoins de ces déplacés dépassent largement la capacité de ces structures.

Les enfants déplacés hébergés dans ces installations n'ont pas fréquenté l'école de façon régulière depuis des mois, bien que quelques écoles coraniques aient été installées dans certaines zones.

De nombreux déplacés internes ont dit à l'équipe qu'ils se sentaient relativement en sécurité dans la région d'Afgooye. En général, les propriétaires, qui fournissent aux déplacés internes une petite parcelle de terrain pour installer leurs abris, assurent également la sécurité. Les déplacés internes paient en moyenne 1 000 shillings somaliens par jour - soit environ 1,5 dollar par mois - une somme qui peut sembler modeste mais qui représente une charge très importante pour des familles extrêmement démunies.

Des déplacés internes ont également dû donner une part de l'aide humanitaire qu'ils ont reçue aux gardiens, des individus qui agissent comme des chefs autoproclamés dans certaines installations. De plus, les personnes déplacées internes paient pour l'utilisation des latrines - souvent en quantité insuffisante pour le nombre de personnes.

Bien que les déplacés internes aient un sentiment de sécurité dans la région d'Afgooye, l'UNHCR est de plus en plus préoccupé par les incidents de sécurité survenus depuis plusieurs jours. Dimanche, une explosion dans la ville d'Afgooye a tué six personnes, créant la panique parmi les déplacés internes. Vendredi, une travailleuse humanitaire a été tuée par une balle perdue, alors qu'elle aidait à la distribution du matériel de secours pour les déplacés dans le besoin dans la zone.

Ailleurs, une autre équipe interagences basée à Galkayo, à 700 kilomètres au nord de Mogadiscio, a visité la région de Dusa Mareb en Galgaduud - la première visite dans cette région depuis près de six mois. La région de Galgaduud accueillerait environ 120 000 déplacés internes - certains d'entre eux sont d'anciens habitants de Mogadiscio.

L'équipe a visité cinq villes et constaté que, dans certains secteurs, la population avait plus que doublé, provoquant une énorme pression sur les communautés d'accueil. A cause de l'insécurité persistante dans ces régions au sud de Galkayo, l'assistance humanitaire régulière s'est faite de manière ciblée, en fonction des conditions de sécurité. Les besoins en eau, en soins de santé et en équipements sanitaires sont immenses. L'UNHCR oeuvre à l'établissement d'une présence dans cette région.

Par Millicent Mutuli à Nairobi, Kenya