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Fête de la nouvelle année au Burundi pour des adolescents de retour depuis le Rwanda

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Fête de la nouvelle année au Burundi pour des adolescents de retour depuis le Rwanda

Deux adolescents réfugiés burundais fêtent la nouvelle année de retour chez eux au Burundi dans leur famille, après six mois seuls en exil au Rwanda.
3 Janvier 2006
Césarie, une adolescente ancienne réfugiée (au centre en rose), est accueillie à son retour au Burundi par ses proches et ses amis.

GISANZE, Burundi, 3 janvier (UNHCR) - Pour Césarie, 16 ans, et Adolphe, 15 ans, la nouvelle année a déjà bien commencé : ces courageux adolescents burundais sont de retour chez eux dans les bras accueillants de leur famille, après avoir passé six mois seuls en exil.

Fin décembre, ils sont rentrés tous les deux chez eux, grâce à un convoi de l'UNHCR depuis le camp de Nyamure dans la province de Butare au Rwanda, où ils avaient vécu ces quelques derniers mois, pour rejoindre leurs parents, leurs frères et soeurs au Burundi.

« Ma famille me manque vraiment et je veux être de nouveau avec eux », a dit timidement Césarie, la veille de son départ au Rwanda. Le convoi qui l'a ramenée à la maison est organisé par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, et quitte le camp de réfugiés de Nyamure chaque mardi. En plus du retour à la maison de 13 familles, ce convoi a ramené chez eux sept enfants non accompagnés en plus de Césarie et d'Adolphe.

« J'ai entendu qu'à la maison, la situation paraît calme », a-t-elle ajouté, pour expliquer sa décision de rentrer. « D'autres réfugiés burundais qui ont quitté Nyamure ne sont pas revenus au Rwanda, ce qui est bon signe. Je n'ai plus peur et je veux être avec ma famille. »

Entre janvier et novembre 2005, l'UNHCR a raccompagné environ 4 570 Burundais chez eux depuis le Rwanda. Bien que les réfugiés aient fui le Burundi à divers moments durant les trente dernières années, la plupart des réfugiés de Nyamure sont arrivés seulement récemment au Rwanda. Beaucoup d'entre eux ont fui le nord du Burundi à cause des combats entre l'armée burundaise et les Forces nationales de libération (FNL).

Ironiquement, les autorités burundaises avaient auparavant déplacé les familles de Césarie et d'Adolphe, sans lien entre les deux, vers des sites plus sûrs pour éviter les attaques des rebelles des FNL. Ces nouveaux sites sont devenus des villages où les populations dorment et se risquent à sortir pour cultiver leurs parcelles durant la journée. Mais même dans ces nouveaux villages, ils ne se sentent pas toujours en sécurité.

« Nous avions peur des rumeurs qui circulaient dans le village selon lesquelles la milice allait venir tuer des gens », a raconté Césarie, en expliquant sa décision de fuir, en mai dernier, le village de Gisanze dans la province de Muyinga.

Lorsque sa mère a décidé de rester sur place, Césarie est partie avec sa soeur aînée et quelques jeunes voisins. « Je ne voulais pas dire à ma mère que j'allais partir car je savais qu'elle ne me laisserait pas aller au Rwanda. Je l'ai fait en cachette. »

Après que sa soeur aînée ait changé d'avis en cours de route, Césarie a alors marché seule pendant trois jours, à travers la forêt, avant de passer la frontière et de se rendre au camp de Gikonko, dans la province rwandaise de Butare. Plus tard, elle fut transférée au camp de Nyamure.

Adolphe a 15 ans mais paraît bien plus jeune, sans doute en raison d'une alimentation insuffisante, faite essentiellement de haricots, de maïs et de farine. Comme Césarie, il a quitté sa maison à Kiremba (dans la province burundaise de Muyinga) en juillet dernier pour se rendre au Rwanda voisin.

« Dans mon village, j'ai entendu des rumeurs sur le début d'une nouvelle guerre au Burundi et j'ai pensé qu'il était plus sûr de quitter le pays », a-t-il expliqué. « Je n'avais que 1 000 francs burundais en poche (soit 1 dollar), gagnés en travaillant dans une ferme où le propriétaire me payait 350 francs burundais (environ 35 cents) par jour. »

Loin de chez eux et n'ayant pas grand chose à faire, les deux adolescents ont trouvé difficile la vie dans le camp de réfugiés au Rwanda, tout spécialement en raison de l'absence d'école dans le camp de Nyamure.

Les adolescents vivaient dans des tentes communes, ils n'avaient donc que peu de travail ménager pour s'occuper. Pensant à sa mère et au retour à la maison de ses trois soeurs et de ses deux frères, Adolphe a finalement décidé de mettre fin à son exil.

« La situation de sécurité au Burundi n'est pas mauvaise en ce moment », a-t-il ajouté, « mais j'ai peur de manquer de nourriture une fois de retour à la maison car la terre n'est plus bonne pour cultiver. » Lors de son retour à Kiremba, son village d'origine, les amis de l'adolescent ont salué son arrivée par des embrassades et des rires.

Pour Césarie, ce retour à la maison lui offre la chance de pouvoir continuer ses études secondaires. Malheureusement, elle a retrouvé sa mère Mélanie devenue veuve, en mauvaise santé et sans les moyens financiers de prendre en charge ses frais médicaux. Pourtant, les yeux de Mélanie, âgée de 50 ans, se sont illuminés à l'arrivée de sa fille pleine d'entrain.

Césarie a pris dans ses bras son petit neveu et l'a embrassé. Apeuré par la foule, il s'est mis à pleurer.

Au sein de ce joyeux vacarme, Mélanie a adressé quelques paroles graves à Césarie. « Ici la sécurité est revenue. S'il te plaît, reste à la maison avec ta famille », a-t-elle imploré.

Par Beatriz Gonzalez, dans le convoi depuis le Rwanda vers le Burundi