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Les demandeurs d'asile colombiens face à l'attente de documents au Venezuela

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Les demandeurs d'asile colombiens face à l'attente de documents au Venezuela

Le Venezuela a une longue tradition de terre d'asile et son accueil a toujours été généreux - les Colombiens qui ont besoin d'assistance, par exemple, ont accès à la santé et à l'éducation et peuvent travailler. Mais obtenir des documents d'identité peut prendre longtemps pour les demandeurs d'asile.
11 Octobre 2006
Une employée de l'UNHCR s'entretient avec Dina qui ne pouvait pas se rendre à l'hôpital local car elle n'avait pas les documents d'identité nécessaires.

ETAT D'APURE, Venezuela, 11 octobre (UNHCR) - Des dizaines de petits villages et de hameaux s'éparpillent le long des rives du fleuve Arauca, dans l'Etat vénézuelien d'Apure, l'un des plus pauvres et des moins développés de ce pays connu pour ses richesses pétrolières. La population locale vit de pêche et d'activités agricoles. Parmi ses habitants se trouvent de nombreux Colombiens qui ont traversé la rivière pour échapper aux violences dans leur pays.

Le Venezuela a une longue tradition de terre d'asile et son accueil a toujours été généreux - les Colombiens qui ont besoin d'assistance, par exemple, ont accès à la santé et à l'éducation et peuvent travailler. Mais obtenir des documents d'identité peut prendre longtemps pour les demandeurs d'asile - un problème dont s'occupe l'agence des Nations Unies pour les réfugiés.

« Nous travaillons avec les autorités pour accélérer les processus d'examen de demandes d'asile, et de délivrance de papiers aux demandeurs d'asile », explique John Fredrikson, délégué de l'UNHCR au Venezuela. « C'est une tâche énorme mais extrêmement importante. »

L'histoire de Gustavo, un jeune homme de 22 ans, montre les difficultés auxquelles doivent faire face les Colombiens. Il est arrivé avec sa famille il y a quatre ans, après qu'un groupe armé irrégulier colombien ait essayé de le recruter de force. Il se sent encore coupable du fait que la famille ait dû tout abandonner à cause de lui.

« Le pire, c'est qu'à l'époque, nous avons dû nous enfuir la semaine avant Noël et, depuis lors, à chaque Noël les souvenirs reviennent », raconte Gustavo. « Mais il faut penser à l'avenir. Parfois c'est très dur, mais si on regarde toujours en arrière, il devient impossible d'aller de l'avant. »

Gustavo a bien avancé. Grâce à la législation favorable du Venezuela, il pu être scolarisé gratuitement dans un lycée à Apure. Il est bon élève. Son niveau est tel qu'il a été sélectionné l'année dernière pour bénéficier d'une bourse et étudier la médecine à Cuba. Ce fut un moment de fierté pour lui et sa famille. Malheureusement, après des mois de bataille juridique, Gustavo n'a pas pu partir.

Bien que Gustavo et sa famille aient été enregistrés comme demandeurs d'asile auprès des autorités vénézuéliennes en 2003, son cas n'a toujours pas fait l'objet d'une décision et il ne lui a été fourni aucun document d'identité permettant de légaliser sa présence dans le pays. En l'absence d'un tel document, et malgré l'intervention de l'UNHCR, il n'a pas pu se rendre à Cuba.

Pour Dina, qui est âgée de 26 ans, et est arrivée d'Arauca, dans le nord-est de la Colombie, il y a cinq mois, l'absence de document d'identité est devenu un problème sérieux lorsque sa grossesse est arrivée à terme. Le bébé étant très gros et dans une mauvaise position, Dina et son mari ont fait le trajet jusqu'à la petite ville de Guasdualito pour passer un examen dans la clinique locale. Mais les soldats au point de contrôle à l'entrée de la ville ne l'ont pas laissée passer car elle n'avait pas de document d'identité vénézuelien.

Alertée par un voisin colombien, l'équipe locale de l'UNHCR est venue rendre visite à Dina le jour suivant. Si elle était toujours angoissée par la perspective d'accoucher sans aide médicale, c'est son inquiétude pour son fils âgé de huit ans qui l'a fait pleurer ce jour-là.

« Nous avons dû le laisser lorsque nous avons fui la Colombie car nous ne savions pas ce qui nous attendait ici », a-t-elle expliqué. « Il est avec les parents de mon mari et je sais que c'est là qu'il est le mieux pour le moment. Mais c'est difficile, tellement difficile. Je pense à lui tout le temps depuis que nous sommes arrivés ici. »

Dina avait accepté de voyager avec l'équipe de l'UNHCR le lendemain matin, avec son mari. Mais, lorsque l'équipe est revenue, Dina avait déjà accouché d'une petite fille en bonne santé qu'elle a appelée Patrizia, un chapitre qui se termine bien dans l'histoire par ailleurs fort sombre de cette jeune femme.

Par Marie-Hélène Verney, dans l'Etat d'Apure, Venezuela