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L'insécurité permanente menace la vie des civils dans le Nord-Kivu

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L'insécurité permanente menace la vie des civils dans le Nord-Kivu

Dans le district de Masisi au Nord-Kivu en RDC, les civils fuient les attaques contre leurs villages, en quête de refuge dans des camps de déplacés, comme celui de Kalinga.
7 Février 2011
Cette femme vit dans un camp de déplacés dans le district de Masisi. Elle a perdu un fils, une fille et son mari lors d'une attaque contre son village. Elle est avec sa petite-fille, dont la mère a été victime de viol.

KALINGA, République démocratique du Congo, 7 février (HCR) - L'insécurité permanente continue de forcer les civils congolais dans la région instable du Nord-Kivu à fuir leurs villages en quête de sécurité et à rejoindre l'un des nombreux camps de déplacés, comme celui de Kalinga.

Il n'y a pas eu de combats généralisés dans la province de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis 2009. Toutefois des affrontements sporadiques continuent entre des groupes armés rivaux et la violence contre les civils n'a jamais cessé, les femmes et les filles étant fréquemment victimes d'abus.

Kalinga est l'un des 14 camps dans le district de Masisi au Nord-Kivu et a atteint les limites de sa capacité d'accueil avec environ 2 000 déplacés internes congolais. Fin janvier 2011, on comptait 176 000 déplacés internes à Masisi, y compris 49 000 personnes hébergées dans des camps.

Maombi, âgé de 27 ans, vient d'arriver à Kalinga. « Je suis arrivé dans ce camp avec mes deux enfants et ma femme il y a à peine une semaine », a-t-il affirmé, le regard perdu et cherchant désespérément un abri pour lui et les siens depuis leur arrivée. « Il n'y a plus d'espace dans ce camp, voyez vous-même, nous sommes tous confinés dans ce hangar en attendant qu'une solution soit trouvée », a-t-il ajouté, très amer.

Il a vertement critiqué les groupes armés pour les épreuves et les souffrances qu'ils font endurer à sa famille et à la population du Nord-Kivu. Malgré la signature d'un traité de paix en RDC, les combats incessants au Nord-Kivu ont généré le déplacement de quelque 500 000 personnes ces dernières années. « Depuis cinq ans, je ne sais pas de quoi le lendemain sera fait ; fuir tout le temps, est-ce une vie ça ? » a demandé Maombi.

Ces derniers mois, les affrontements entre l'armée et ses alliés contre le groupe rebelle hutu, les Forces démocratiques de libération du rwanda, ont forcé quotidiennement la population civile à fuir leurs villages.

Ces combats incessants ont mené, depuis le second semestre de l'année 2010, à l'établissement de nouvelles installations spontanées de déplacés. Cette situation a aggravé les conditions de vie de toute la population, et les déplacés internes ont besoin en continu d'assistance et de protection

« Même si nous recevons de temps en temps l'appui des agences humanitaires, cela ne suffit pas pour nourrir toute la famille », a expliqué Justine, une veuve âgée de 54 ans avec six enfants à Kalinga. « Nous sommes obligés de trouver d'autres moyens pour nous en sortir. »

Ces activités se résument généralement en des contrats journaliers dans les champs de particuliers et également la vente du bois de chauffe. Les déplacés internes constituent ainsi une cible facile pour les hommes en armes. Le travail forcé, les viols et les pillages sont courants.

Fuir tout le temps, est-ce une vie ça ?

Maombi, âgé de 27 ans

De plus, les camps de déplacés font l'objet d'incursions répétées d'hommes armés. « Ces situations sont fréquentes », a expliqué Justine. « Les groupes armés viennent parfois en votre absence et ils emportent tout. »

Du fait de l'insécurité croissante à Masisi, de plus en plus de personnes qui étaient rentrées dans leurs villages d'origine durant une période plus calme fuient de nouveau vers les camps. De plus, le travail humanitaire dans les camps de cette région a été limité.

« L'insécurité entrave la protection et la mise en oeuvre des solutions durables à l'attention des déplacés internes, notamment celles relatives au retour volontaire dans leurs foyers d'origine ou de choix », a expliqué Guy-Rufin Guernas, fonctionnaire du HCR en charge de la protection basé à Goma, au Nord-Kivu. Il a ajouté que le HCR a enregistré « 7 000 incidents de protection au cours de l'année 2010, dont 59 % au deuxième semestre. »

Le HCR et ses partenaires dans le groupe de travail Protection ont interpellé le Gouvernorat en « déplorant les incursions régulières des hommes en armes dans certains camps, et l'insuffisance des effectifs de la Police nationale censée les protéger. » Ils ont exhorté les autorités centrales de Kinshasa à trouver une solution.

Le HCR et ses partenaires continuent de fournir une assistance de base en matière de protection, de santé, d'éducation et d'assainissement alors que la situation sécuritaire entrave leur capacité à faire davantage.

Par Simplice Kpandji à Kalinga, République démocratique du Congo