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Nouvelles disparitions dans le Golfe d'Aden : des passeurs forcent leurs passagers à sauter par-dessus bord

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Nouvelles disparitions dans le Golfe d'Aden : des passeurs forcent leurs passagers à sauter par-dessus bord

Le week-end dernier, des passagers d'un bateau parti de Somalie en direction du Yémen se sont noyés dans le Golfe d'Aden. Alors qu'ils se trouvaient encore loin des côtes, leurs passeurs les ont forcés, armes au poing, à sauter par-dessus bord.
6 Mai 2006
Au pied des falaises de Mareero, des Somaliens attendent que la nuit tombe près du point de départ situé à 14 kilomètres à l'est de Bossasso, le port de commerce du Puntland. Ils s'apprêtent à entreprendre la traversée vers le Yémen à bord de bateaux de passeurs.

GENEVE, 8 mai (UNHCR) - Au moins 39 personnes se sont noyées dans le Golfe d'Aden le week-end dernier. Sous la menace d'armes à feu, elles ont été forcées à se jeter dans la mer depuis le bateau qui les transportait de la Somalie au Yémen. Elles font partie d'un groupe de 349 personnes qui avaient entrepris cette dangereuse traversée à bord de trois bateaux de trafiquants.

L'UNHCR, qui a pris en charge 98 survivants, a indiqué que 39 corps avaient été retrouvés près de Belhaf, à Al Ayn, sur la côte méridionale du Yémen. Bien que quelques unes des victimes soient somaliennes, la majorité d'entre elles sont éthiopiennes. L'UNHCR ne dispose pas d'informations supplémentaires sur le sort des autres personnes ayant voyagé sur ces bateaux.

Dimanche, l'un des survivants a expliqué aux équipes de l'UNHCR au Yémen que les trois bateaux de passeurs avaient quitté la Somalie en direction du Yémen avec, à leur bord, 349 Somaliens et Ethiopiens. En cours de route, l'une des embarcations a eu des problèmes mécaniques mais a pu terminer la traversée, grâce à l'aide des passeurs des deux autres bateaux. Arrivés à proximité des rives du Yémen, les deux bateaux les plus rapides se sont empressés de poursuivre leur route pour éviter les gardes-côtes et ont rapidement débarqué leurs passagers. Mais les trafiquants du troisième bateau n'ont pas pu s'approcher de la côte. Voulant éviter de rester à l'arrière à bord d'une embarcation défectueuse, ils ont forcé leurs passagers à sauter par-dessus bord en les menaçant avec des armes à feu.

« Le bateau se trouvait encore en haute mer quand ils ont été jetés par-dessus bord. Seuls ceux qui savaient nager ont réussi à rejoindre la côte », explique Mohammed Godboudin qui travaille sur le terrain pour l'UNHCR au Yémen. « Au moins 39 personnes sont mortes noyées. Leurs corps ont été récupérés par notre équipe et enterrés immédiatement lors d'une cérémonie traditionnelle. »

Les 98 survivants sont actuellement au centre de réception de Mayfa'a pour deux ou trois jours, jusqu'à ce qu'ils récupèrent et se sentent prêts pour continuer leur voyage. Ils reçoivent des repas et une assistance médicale. Les nouveaux arrivants se voient aussi attribuer des formulaires d'enregistrement temporaire qui peuvent servir comme documents d'identité lors des contrôles de police.

Le statut de réfugié prima facie est accordé aux Somaliens dès leur arrivée au Yémen. Ceux qui ont le statut de réfugié peuvent choisir de rester au camp de réfugiés de Kharaz situé près d'Aden, accueillant actuellement 8 525 Somaliens et 800 Ethiopiens.

La tragédie de ce week-end n'est pas un incident isolé. Ces derniers mois, l'UNHCR a attiré l'attention de la communauté internationale sur la nécessité d'aider d'urgence à répondre à ce problème de trafic et réduire le nombre de victimes innocentes.

De septembre 2005 à avril 2006, un total de 241 bateaux est arrivé au Yémen depuis la Somalie, soit une moyenne de 30 bateaux par mois. Plusieurs centaines de personnes sont mortes durant ces trajets, bien que le nombre exact de décès soit inconnu.

En été, particulièrement entre mi-juin et septembre, la traversée devient encore plus dangereuse à cause de la mer agitée et les bateaux de passeurs ne font pas de traversées.

Bossasso, le principal port de commerce du Puntland, un territoire indépendant autoproclamé situé dans le nord-est de la Somalie, est l'une des plus importantes plaques tournantes de trafic illégal au monde. Depuis au moins trois ans, des milliers de Somaliens, et un nombre croissant d'Ethiopiens, dont des réfugiés, ont traversé sur des petits bateaux de pêche espérant atteindre le Yémen. De là, beaucoup veulent partir pour travailler illégalement en Arabie saoudite ou dans les Etats du Golfe.

L'UNHCR travaille étroitement avec les autorités du Puntland pour informer les populations sur les dangers de faire appel à des trafiquants pour traverser le Golfe d'Aden. En janvier, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés a aussi produit une vidéo et un programme radio pour sensibiliser les Somaliens et les Ethiopiens aux risques encourus lors de ces traversées. En même temps, l'agence a appelé les donateurs à soutenir la communauté internationale dans son travail pour améliorer la protection et l'assistance aux personnes déplacées présentes au Puntland vivant dans des conditions très difficiles.

Malgré cela, des milliers de Somaliens, dont nombre d'entre eux fuient les violences dans leur pays d'origine, ainsi que des Erythréens, des Ethiopiens et même des Sri-Lankais, continuent d'arriver au Yémen chaque année. Entre septembre et mars, 100 personnes arrivent en moyenne par jour après une traversée périlleuse.

Le Yémen, l'un des rares pays de la région à avoir signé la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, témoigne d'une grande générosité en accueillant les réfugiés. Actuellement, plus de 80 000 personnes sont enregistrées comme réfugiées au Yémen, dont 75 000 sont des Somaliens.