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Près de 9 000 Tchadiens sont arrivés dans un camp de déplacés internes suite à de violentes attaques contre leurs villages

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Près de 9 000 Tchadiens sont arrivés dans un camp de déplacés internes suite à de violentes attaques contre leurs villages

Près de 9 000 Tchadiens sont arrivés au site d'Habile, qui accueillent des déplacés internes, dans des camions de l'UNHCR et par leurs propres moyens, suite aux violentes attaques perpétrées dans deux villages où des maisons ont été incendiées, et dont le sol est jonché de cadavres.
10 Avril 2007
Une distribution de nourriture et d'articles non alimentaires a été effectuée pour des milliers de personnes arrivées dans le camp d'Habile accueillant des déplacés internes, à l'est du Tchad.

SITE D'HABILE, Tchad, 10 mars (UNHCR) - Près de 9 000 Tchadiens sont arrivés au site d'Habile, qui accueillent des déplacés internes, dans des camions de l'UNHCR et par leurs propres moyens, suite aux violentes attaques perpétrées dans deux villages où des maisons ont été incendiées, et dont le sol est jonché de cadavres.

Une équipe des Nations Unies conduite par l'UNHCR s'est rendue dimanche dans les villages incendiés de Tiero et Marena, une semaine après les attaques du 31 mars. Selon les survivants, ce sont des milices janjawid se déplaçant à cheval ou à dos de chameau qui ont attaqué les villages, avec l'aide de rebelles tchadiens équipés d'armes lourdes et de véhicules. On trouve encore des corps en décomposition sur le sol et il y a toujours de la fumée dans l'air, qui s'échappe des derniers incendies qui ont détruit les maisons.

L'estimation du nombre de morts est passée de 200 à 400 personnes, même si le nombre exact de victimes ne sera peut-être jamais connu. Lorsque la situation sécuritaire l'a permis, les amis et membres des familles sont retournés dans les villages pour enterrer leurs morts ; certaines victimes ont été ensevelies là où elles ont été tuées, d'autres dans des fosses communes. Beaucoup de ceux qui ont survécu aux premières attaques - particulièrement les personnes âgées et les jeunes enfants - sont morts dans les jours suivants d'épuisement et de déshydratation, souvent pendant leur fuite. Environ 80 autres personnes ont été blessées.

Les attaques contre les villages situés à 45 kilomètres à l'est de la sous-délégation de l'UNHCR, dans le village de Koukou-Angarana, se sont révélées bien plus graves que ce à quoi on s'attendait initialement. Quelque 8 000 habitants et déplacés internes vivaient à Tiero et Marena. Des villageois des environs ont fui également.

Plus de 9 000 Tchadiens originaires de 31 villages sont maintenant arrivés au nouveau site d'Habile, qui accueille des déplacés internes, dans des véhicules de l'UNHCR ou par leurs propres moyens. Ils rejoignent les 9 000 autres qui avaient fui les attaques précédentes dans la région, surtout en novembre et décembre derniers lorsque des violences intercommunautaires avaient fait plus de 200 morts et de nombreux blessés. Le nombre exact de nouveaux déplacés reste inconnu, et de nouvelles personnes se présentent quotidiennement auprès des agences humanitaires. Nombre de nouveaux arrivants ont déjà été déplacés plusieurs fois l'année dernière.

Beaucoup des personnes blessées ont été ramassées le long de la route par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et transportées jusqu'au centre de santé du camp de réfugiés de Goz Amer. Vingt-huit enfants déplacés ont été admis dans le service de nutrition du centre de santé. Douze personnes âgées tchadiennes sont également soignées, notamment pour épuisement. Les cas plus sérieux sont envoyés pour traitement à Goz Beida, à deux heures de route du camp.

La majorité de la population déplacée est composée de femmes et d'enfants, le sort de nombreux hommes reste inconnu. L'UNHCR travaille avec les chefs des 31 villages présents sur le nouveau site d'Habile pour recueillir les noms de ceux qui sont présents, en identifiant les personnes vulnérables, les portés disparus et les personnes dont la mort est confirmée, afin de faciliter la recherche des membres de famille et les autres activités de protection.

La mission d'évaluation interorganisations menée par l'UNHCR à Tiero et Marena a été confrontée à ce que l'un de nos employés a qualifié de « situation apocalyptique ». Les corps en décomposition de deux hommes, qui avaient été tués par balles - l'un âgé de 70 ans, l'autre de 30 ans et père de huit enfants - gisaient à environ un kilomètre, à l'extérieur du quartier de Mayo, dans le village de Tiero.

Des centaines et des centaines de maisons ont été brûlées et réduites en cendres, et un petit incendie couvait toujours dans l'un des quartiers de Tiero. Une odeur pestilentielle s'échappait des carcasses d'animaux domestiques, qui avaient été abattus par balles, brûlés ou qui sont morts de soif, car leurs propriétaires n'avaient pas eu le temps de les détacher. Des chiens affamés et terrifiés ne cessaient d'aboyer.

Les gens ont eu peu ou pas de temps pour fuir, car les principaux articles ménagers, la nourriture et les animaux domestiques ont été abandonnés sur place. Le long de la route, des biens avaient été abandonnés par ceux qui sont morts en chemin ou qui se sont effondrés et ont été ensuite transportés au centre de santé du camp de Goz Amer pour traitement.

La situation semble être stabilisée pour le moment, avec un déploiement important des forces militaires tchadiennes dans la région. Alors que beaucoup reste encore à faire, une réponse rapide de l'UNHCR et des autres agences humanitaires a permis de réduire la mortalité et les souffrances des milliers de Tchadiens affectés par cette dernière crise.

Des biens de secours notamment des bâches en plastique, du savon, des seaux et des jerricanes ont déjà été distribués à tous les nouveaux arrivants à Habile, et une distribution de couvertures et de matelas doit avoir lieu dans les prochains jours. Des rations de nourriture et de l'eau sont aussi en cours de distribution.

Environ 140 000 déplacés internes se trouvent dans l'est du Tchad. Cette région accueille aussi 235 000 réfugiés soudanais, dont plus de 225 000 dans 12 camps gérés par l'UNHCR. Le Tchad compte aussi 48 000 réfugiés de République centrafricaine. Plus de 46 000 d'entre eux sont installés dans quatre camps gérés par l'UNHCR dans le sud du pays.

Par Matthew Conway à Habile, Tchad