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Un centre d'arts créatifs en Biélorussie crée des passerelles pour les réfugiés

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Un centre d'arts créatifs en Biélorussie crée des passerelles pour les réfugiés

De jeunes réfugiés et des enfants du pays se retrouvent dans le cadre d'un projet financé par le HCR où ils prennent part à des activités allant du kickboxing à la danse classique.
10 Juillet 2018
Rosana, originaire d'Afghanistan, apprend à se servir d'un ruban de gymnastique rythmique au centre communautaire d'Evrika, à Minsk.

Les mains nerveusement croisées, Svetlana fait signe à un collègue de lancer la musique. « N'oubliez pas », dit-elle aux six jeunes Afghans sur scène, « gardez vos distances ! »


La danse traditionnelle afghane que répètent les jeunes garçons est l'un des accomplissements dont Svetlana est la plus fière. Elle l’a apprise toute seule il y a 18 ans de cela en étudiant des vidéos. Aujourd'hui, elle transmet son savoir et sa passion aux enfants qui fréquentent ce centre communautaire de Minsk, en Biélorussie, où elle enseigne la danse.

Le centre Evrika (qui signifie Eureka) propose à environ 7000 enfants de Minsk des activités extrascolaires qui vont du kickboxing à la danse classique, en passant par la couture et la céramique. Grâce à un partenariat avec le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, des enfants réfugiés et demandeurs d'asile peuvent y participer gratuitement, améliorer leur connaissance de la langue, s'intégrer dans la collectivité et rencontrer de nouveaux amis.

« Rien n'est plus précieux que la communication. »

Parmi les garçons qui dansent sur scène, il y a quatre frères qui ont fui le conflit et la persécution avec leur famille en 2016.

« Le premier jour, quand ils sont rentrés à la maison après leur cours de danse, je leur ai demandé : ‘alors, c'était comment ?’ » se rappelle leur père, Farman. « Ils étaient si heureux. »

« Rien n'est plus précieux que la communication », dit Svetlana plus tard, tandis que des enfants réfugiés et biélorusses se rassemblent pour leur cours de chant. « Vous ne vous en rendez probablement pas compte, mais ils communiquent. Les enfants échangent des expériences culturelles et se moquent bien de savoir qui est réfugié. Pour nous, ce sont des Evrikains. »

Depuis des décennies, la Biélorussie a accueilli des centaines de personnes originaires de Géorgie, de Syrie, d'Afghanistan et d'ailleurs. Aujourd'hui, environ 2200 personnes qui ont fui la guerre, le conflit et la persécution considèrent la Biélorussie comme leur nouvelle patrie après avoir obtenu l'asile dans le pays. Il y a également quelque 6000 apatrides vivant dans le pays.

Par l'intermédiaire de partenaires tels que le Service de conseil aux réfugiés (RCS) et la Croix-Rouge de Biélorussie, le HCR leur offre une éducation et un soutien juridique.

Irina, originaire de Minsk et mère de trois enfants, attend dans le couloir la fin du cours de chant d’Amelia, sa fille de six ans.

« C'est important que les enfants soient ensemble », dit-elle. « Qu'ils vivent, qu’ils discutent et qu'ils réfléchissent ensemble. Je veux que ma fille soit amicale et qu'elle ne considère pas les gens en fonction de leur origine. Evrika est un lieu sans frontières. »

Saima, 18 ans et originaire d'Afghanistan, et Nazgol, son amie iranienne de 13 ans, participent également au cours de chant avec Amelia et d'autres enfants biélorusses. Quand elles se sont rencontrées il y a neuf mois de cela, elles avaient du mal à communiquer, même entre elles. Aujourd'hui, ce sont les meilleures amies du monde et elles parlent le russe presque couramment.

« Au début, on n’arrivait pas à se comprendre », dit Saima en souriant. « Mais ici, nous avons appris à communiquer. »

Nazgol ajoute : « La tolérance, c'est important, parce que s'il n'y a pas de tolérance, il y aura encore plus de guerres à travers le monde. » Grâce aux cours qu'elle suit au centre Evrika, elle réalise son rêve de devenir actrice.

Le centre Evrika s'attache aussi à atténuer le sentiment d'isolement des réfugiés et des demandeurs d'asile. Tous les samedis, Nahid, une ancienne réfugiée qui est aujourd'hui citoyenne biélorusse, enseigne le dari et l'histoire de l'Afghanistan à 35 adolescents afin qu'ils puissent s'intégrer sans perdre leur identité propre.

« L'école en Afghanistan, ce n'est pas de tout repos, les enseignants sont très stricts », dit Nahid. « Ici, nous sommes comme des amis. Les enfants se sentent très à l'aise au centre Evrika. Je le vois dans leurs yeux. C'est un lieu de bonheur. »

« C'est un lieu de bonheur. »

Angiza, originaire d'Afghanistan et aujourd'hui à l'université, se souvient que les cours dispensés par Nahid l'ont transformée. « Elle a une façon d'enseigner qui fait qu'on se rappelle », dit-elle.

« Si on ne rendait pas son devoir, on en avait deux pour la fois suivante. Aujourd'hui, il y a des gens qui me demandent de leur apprendre le dari. Je lui suis très reconnaissante. »

Le centre Evrika est unique en son genre en Biélorussie, dit Jean-Yves Bouchardy, le représentant du HCR dans le pays.

« Le projet est un exemple encourageant de développement des moyens d'un service public existant pour favoriser l'intégration des jeunes réfugiés », ajoute-t-il.

Angiza espère que le centre Evrika continuera d'ouvrir ses portes aux enfants. Récemment mariée, elle a bien l'intention d'y emmener un jour ses propres enfants.

« Je suis venue ici quand j'étais petite parce que c'est dommage que les enfants oublient leur propre langue », dit-elle. « Maintenant, je reviens tous les samedis parce que j'ai un sentiment d'appartenance. Mon enfance est quelque part dans ces murs. »