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Un couturier afghan ouvre son atelier en France grâce au microcrédit

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Un couturier afghan ouvre son atelier en France grâce au microcrédit

19 Janvier 2024
Refugee's financial inclusion in France

En France, un créateur de mode afghan a ouvert son atelier de couture grâce au soutien financier de l'ADIE, une institution de microfinance qui propose des prêts et des services de développement commercial aux entrepreneurs qui n'ont pas accès au crédit bancaire.

LA ROCHELLE, FRANCE - La porte de l'atelier "Palme Couture", situé dans la ville côtière de La Rochelle, est grande ouverte. À l'intérieur, Bashir, réfugié afghan, accueille ses clients avec un large sourire, avant de prendre des commandes spéciales pour des événements ou de s'atteler à des retouches sur des vestes et des robes qu'il a lui-même conçues.

Avant d'être contraint de fuir son pays d'origine, l'Afghanistan, Bashir était un couturier réputé, avec une entreprise florissante et une douzaine d’employés qui fabriquaient des vêtements élégants et raffinés, le plus souvent pour des mariages et autres grandes occasions.

"C’est très difficile d'oublier mon atelier en Afghanistan, j'ai travaillé si dur pendant neuf ans. C’est difficile de me remettre du fait que j'ai dû le quitter", déclare-t-il.

Bashir a trouvé refuge en France en 2019 et s'est vu accorder l'asile à La Rochelle, sur la côte atlantique, où il a commencé à reconstruire sa vie. Après un premier emploi dans un atelier qui confectionne des accessoires de mode à partir de matériaux recyclés, il a été embauché par un couturier local pour effectuer des retouches sur des vêtements pour hommes et femmes. Son rêve, cependant, était d'avoir à nouveau son propre atelier, au sein duquel il pourrait créer et confectionner des vêtements sur mesure pour ses clients.

“Pendant dix mois, j’ai cherché un endroit où ouvrir mon atelier, jusqu’à ce que je trouve celui-ci en janvier 2021”, explique-t-il. Si trouver un local était une étape importante, Bashir avait également besoin d’un capital de départ pour faire de son rêve une réalité.

"Il faut être patient et continuer à rêver."

Bashir, créateur afghan, réfugié en France.

 

Dans leur pays d’accueil, les personnes réfugiées rencontrent non seulement des difficultés pour saisir toutes les exigences et les procédures des prestataires de services financiers, le tout dans une nouvelle langue, mais doivent aussi faire face à la réticence des banques. Ces dernières n’ont en effet pas l’habitude d’étendre leurs services à des groupes vulnérables, comme les réfugiés, par crainte de rencontrer des difficultés en matière de remboursements.

L’institution de microfinance ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Économique) a tendu la main à Bachir, sous la forme d’un prêt lui permettant de lancer son entreprise. L’association accompagne des entrepreneurs qui veulent monter leur propre entreprise mais n’ont pas accès au système bancaire traditionnel. 

L’ADIE octroie des prêts et propose des services d’accompagnement comme des formations, du mentorat ou une assistance technique, pour conseiller les entrepreneurs et les aider à réaliser leurs rêves.

“Soutenir les réfugiés, c’est dans l’ADN de l’ADIE”, explique Adrien Gizon, Directeur d’ADIE International. “La fondatrice était elle-même une réfugiée qui a fui la Pologne durant la Seconde Guerre mondiale, quand elle avait 12 ans.” La moitié des personnes soutenues par l’ADIE vivent sous le seuil de pauvreté, et près d’un quart sont nées en dehors de l’Union Européenne. 

Afin d’atteindre davantage de personnes réfugiées, l’ADIE met à disposition des brochures d’informations sur ses services dans de nombreuses langues, et développe des partenariats avec des associations qui travaillent spécifiquement avec un public réfugié. Actuellement, l’ADIE soutient près de 250 réfugiés par an, mais les besoins sont bien plus importants. 

“Soutenir les réfugiés, c’est dans l’ADN de l’ADIE”

Adrien Gizon, Directeur d’ADIE International.

 

Le travail mené par l’ADIE montre qu’il n’est pas nécessaire de créer des produits financiers spécifiquement pour les personnes réfugiées. Il convient plutôt de se rapprocher des communautés de réfugiés pour identifier leurs besoins, tout en dépassant les préjugés : les réfugiés peuvent réussir et rembourser leurs prêts, comme n’importe quel autre entrepreneur. 

“Les réfugiés sont pleins de ressources, qu’ils apportent avec eux dans leur pays d’accueil, ils sont un atout et non un problème”, conclut Adrien Gizon. 

Cette forme d’inclusion financière aide non seulement les réfugiés, mais elle leur permet aussi de contribuer de façon positive à l’économie locale. 

Pour Bashir, vivre dans un nouveau pays signifie aussi se familiariser avec de nouveaux styles et tendances. Il apprécie le goût des Français pour les créations “simples et chics.” Son atelier est déjà un succès, mais il continue de rêver : “Je suis sûr qu’un jour que je ferai un défilé de mode et que j’aurai ma propre marque !”, déclare-t-il. 

Il tient aussi à adresser un message aux réfugiés qui viennent d’arriver et qui, comme lui, font face aux défis que sont le déracinement et l’abandon d’une carrière ou d’une entreprise : “Il faut être patient et continuer à rêver.”