Commentaire : Accord pilote entre le Royaume-Uni et la France

Le HCR salue le projet pilote annoncé aujourd’hui entre le Royaume-Uni et la France, qui vise à répondre aux mouvements irréguliers de réfugiés et de migrants à travers la Manche, comme une initiative importante. S’il est mis en œuvre de manière appropriée, il pourrait permettre d’adopter une approche mieux maîtrisée et concertée, en offrant des alternatives aux traversées dangereuses, tout en préservant l’accès à l’asile.

Alors que le nombre de réfugiés contraints de fuir leur foyer ne cesse d’augmenter à l’échelle mondiale, une coopération de principe entre États est plus essentielle que jamais pour garantir leur protection. Dans le même temps, il est crucial de relever les défis complexes posés par les flux mixtes de migrants et de réfugiés et de veiller à ce que les dispositifs aux frontières soient à la fois efficaces et respectueux des droits.

Bien que tous les détails ne soient pas encore disponibles, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, comprend que selon la proposition, un certain nombre de personnes arrivant de manière irrégulière au Royaume-Uni en traversant la Manche seraient reconduites en France, où elles auraient la possibilité de demander l’asile. Des transferts volontaires et légaux d’un nombre équivalent de personnes depuis la France vers le Royaume-Uni seraient également facilités, permettant aux personnes concernées de déposer une demande d’asile au Royaume-Uni.

Les détails opérationnels précis du dispositif n’ont pas encore été communiqués, et ceux-ci seront déterminants pour évaluer la mise en œuvre concrète de l’accord. Toutefois, s’il est appliqué conformément au droit international, aux normes et aux garanties en vigueur, ce projet pilote pourrait offrir un accès à la protection aux demandeurs d’asile et réfugiés des deux côtés de la Manche. Le Royaume-Uni et la France feraient ainsi preuve d’une responsabilité partagée et d’un engagement commun à soutenir les personnes fuyant la guerre, la violence et les persécutions.

Ces dernières années, le nombre de personnes tentant la traversée dangereuse de la Manche a augmenté de manière continue, mettant de nombreuses vies en péril. L’année 2024 a été l’année la plus meurtrière jamais enregistrée, avec au moins 86 décès recensés, liés à des tentatives de traversées ou des traversées effectives. Hommes, femmes et enfants continuent de risquer leur vie aux mains des passeurs et des trafiquants. Près de 21 117 personnes avaient déjà effectué la traversée au 06 juillet de cette année, et au moins 14 personnes ont tragiquement perdu la vie en mer.

Le HCR rappelle que les réfugiés fuyant les conflits, l’instabilité et les persécutions représentent une part importante des personnes qui se rendent au Royaume-Uni à bord de petites embarcations - les cinq principales nationalités arrivées au cours des douze derniers mois étant l’Afghanistan, la Syrie, l’Érythrée, l’Iran et le Soudan (selon les données du ministère de l’Intérieur britannique). Le projet pilote proposé intervient principalement à la dernière étape de leur parcours.

Le HCR encourage ses partenaires à adopter une approche globale des migrations mixtes et appelle les États à collaborer avec les pays de premier accueil ainsi qu’avec ceux situés le long des routes empruntées par les réfugiés, afin de s’assurer que les personnes puissent trouver une protection et reconstruire leur vie, sans être contraints de poursuivre leur trajet au péril de leur vie. Il s’agit aussi, pour certaines d’entre elles, de pouvoir accéder à une protection au Royaume-Uni, en France ou ailleurs, par le biais de voies sûres et légales.

Il est également essentiel de s’attaquer aux facteurs qui poussent les personnes à fuir leur pays d’origine. Les coupes dans l’aide internationale, qui commencent déjà à produire des effets dévastateurs, risquent d’alimenter encore davantage l’instabilité et le désespoir ; une approche centrée sur la seule route de la Manche pourrait occulter les causes réelles de ces traversées périlleuses.

Le HCR souligne depuis longtemps l’importance d’une coopération régionale pour gérer efficacement les flux mixtes de réfugiés et migrants, permettre une bonne gestion des frontières et garantir l’accès à la protection internationale. Nous espérons que ce dispositif pilote pourra, avec le temps, ouvrir la voie à une coopération plus large entre le Royaume-Uni, l’Union européenne et d’autres États membres, dans le respect du droit international et dans un esprit de partage des responsabilités.

À Genève (bureau régional) : Eleni Biza, [email protected], +41 7 83 37 80 82.

En France : Hélène Caux, [email protected] and Josselin Brémaud, [email protected], +33 6 95 39 15 18.

Au Royaume-Uni : Maeve Patterson, [email protected], Tel: +44 (0) 7880 230985