Colombie : meurtres d'indigènes

L'UNHCR en Colombie réclame une enquête approfondie suite au meurtre de cinq indigènes Awá mercredi - Journée internationale des populations autochtones - à la tombée de la nuit, dans le village d'Altaquer, au sud-est du département de Nariño. Nous avions lancé une mise en garde le jour même, avertissant que le conflit en Colombie entraînait de terribles conséquences pour les peuples autochtones du pays.

Les cinq personnes assassinées - trois hommes et deux femmes - avaient été enregistrées comme des individus déplacés de force. Ils appartenaient à un groupe de 1 700 Awá contraints d'abandonner leur territoire le mois passé en raison du conflit entre l'armée et un groupe armé irrégulier. L'une des victimes était un ancien gouverneur et chef du peuple Awá. L'une des deux femmes tuées était enseignante. Elle laisse derrière elle quatre enfants, désormais orphelins.

D'après des témoins de la scène, neuf hommes armés ont commencé une fouille maison par maison peu avant la nuit. Ils ont emmené les cinq Awá et les ont abattus. Ces hommes se sont aussi rendus dans la maison de la cheffe du peuple Awá. Elle se trouvait à Bogota avec son mari et leur fille de quatre ans, où ils participaient aux festivités organisées à l'occasion de la Journée internationale des populations autochtones par l'UNHCR et d'autres agences humanitaires.

L'UNHCR est attristé par ces meurtres et particulièrement choqué par le fait qu'ils se soient produits lors de la Journée internationale des populations autochtones, alors même que nous tentions d'attirer l'attention sur les sort des peuples indigènes en Colombie. Nous lançons un appel au Gouvernement colombien, pour qu'il respecte son devoir de protéger l'ensemble de ses concitoyens. Nous sommes particulièrement préoccupés par la mort tragique de ces cinq personnes, qui avaient été enregistrées comme étant des déplacés et avaient manifestement besoin d'être protégées par leur gouvernement.

Altaquer est l'un des deux villages - l'autre étant Ricaurte - du département de Nariño qui fournissent un « hébergement » à plus de 1 700 indigènes Awá forcés de quitter leur territoire le mois passé. Ils sont 455 Awá déplacés à Altaquer et 1 270 à Ricaurte. Un membre de l'équipe de l'UNHCR se trouve actuellement à Altaquer pour soutenir la communauté déplacée suite à ces meurtres.

Le jour où ces meurtres ont été commis, l'UNHCR avait appelé tous les groupes armés de Colombie pour qu'ils laissent la population autochtone en dehors du conflit armé. Ces derniers assassinats ajoutent encore à l'urgence de cet appel. Les personnes autochtones, qui vivent dans les zones isolées du pays où le conflit est le pire, sont depuis les dernières années de plus en plus souvent victimes de la violence. Pour aggraver encore cet état de fait, lorsqu'ils sont forcés de se déplacer, ils sont souvent suspectés de collaborer avec les groupes armés auxquels ils tentent justement d'échapper. Plus que jamais, l'UNHCR demande qu'un terme soit mis à ces persécutions à l'encontre de gens innocents, persécutions qui menacent la survie de communautés entières.