Calais et Dunkerque : le HCR alerte sur les besoins de protection des réfugiés et migrants
Calais et Dunkerque : le HCR alerte sur les besoins de protection des réfugiés et migrants
Une nouvelle enquête du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, publiée ce jour, fait le point sur la situation des réfugiés et migrants à Calais et Dunkerque. Réalisée durant l’été 2025, elle révèle des besoins importants en matière de protection et d’accès aux services.
« En menant cette enquête pour la troisième année consécutive, nous cherchons à rendre visibles les réalités, les parcours et les vulnérabilités des réfugiés et des migrants présents sur le littoral. Ces données sont indispensables pour orienter l’action des acteurs concernés, renforcer la protection de celles et ceux qui en ont besoin et développer des alternatives aux traversées dangereuses », souligne Paolo Artini, Représentant du HCR en France
« Cette année, grâce à la collaboration des acteurs locaux, l’enquête a pu s’étendre à Dunkerque, dans le département du Nord, avec plus de nationalités représentées. La plupart des personnes interrogées viennent de pays en proie à des conflits ou ont fait face à des persécutions. Parmi elles, nous avons constaté une augmentation de personnes vulnérables, y compris des femmes et des enfants. Pour éviter de les exposer à une insécurité accrue, il est nécessaire de renforcer l’information ainsi que l’identification et la prise en charge précoces des vulnérabilités.
L'enquête a été menée à Calais et Dunkerque en partenariat avec plusieurs associations actives sur place : la Vie Active, Audasse, France Terre d'Asile, Croix Rouge Française, Médecins du Monde. Les entretiens, menés sur une base volontaire, de manière confidentielle et anonyme, ont permis de recueillir des informations sur 106 adultes et mineurs non accompagnés.
Selon l’enquête, une majorité des personnes interrogées indique avoir fui en raison de conflits armés ou de situations de violence généralisée (53%). Près de la moitié d’entre elles déclarent également avoir fui des persécutions d’ordre politique, ethnique ou religieux (47%). Ces motifs, souvent imbriqués, montrent qu’une part importante des répondants est susceptible de relever de la protection internationale. Sept personnes interrogées sur 10 étaient ainsi originaires du Soudan, d’Érythrée, d’Afghanistan, d’Éthiopie ou de Somalie. La route la plus fréquemment empruntée reste celle de la Méditerranée centrale, reconnue comme l’une des plus dangereuses au monde.
Dans la continuité des constats des années précédentes, l’enquête met en évidence un niveau d’information limité sur la procédure d’asile dans l’hexagone, ainsi qu’un accès restreint aux dispositifs d’accompagnement juridique et administratif. Plus de la moitié des personnes interrogées ont exprimé l’intention de se rendre au Royaume-Uni, notamment pour y chercher une protection internationale. Elles invoquent principalement la perception d’une meilleure prise en charge des procédures d’asile, mais aussi l’existence de perspectives d’emploi, la maîtrise de la langue et la présence de membres de leur famille.
Les équipes du HCR ont observé sur place une présence accrue de femmes seules, de femmes avec enfants et de familles, bien que très peu ont souhaité répondre à l’enquête. Ces groupes sont exposés à divers risques, notamment d’emprise des passeurs, d’exploitation, d’atteintes à la sécurité physique ou de difficultés d’accès aux soins de santé.
Le HCR recommande un accès renforcé à une information claire et adaptée sur la procédure d’asile, via des canaux de communication divers et des médiateurs interculturels. L’accompagnement juridique et administratif doit aussi être plus accessible, notamment pour les personnes pouvant relever du droit d’asile ou de la réunification familiale.
Alors qu’une proportion importante des personnes interrogées souhaite rejoindre le Royaume-Uni pour demander l’asile ou retrouver des membres de leur famille, il est nécessaire de développer des voies légales et sûres, reposant sur les procédures élargies et flexibles, pour prévenir les voyages dangereux.
Pour plus d’information :
Julia Gouyou-Beauchamps, [email protected] et Josselin Brémaud, [email protected]