Une école pour réfugiés afghans et communautés locales du Baloutchistan
Une école pour réfugiés afghans et communautés locales du Baloutchistan

QUETTA, Pakistan, 3 juin (HCR) - Assis sur une vieille chaise en bois, Muhammad Ashraf contemple avec satisfaction une école récemment remise à neuf et agrandie, qui ne comportait qu'une seule salle de classe pour élèves de primaire à l'époque où il la fonda en 1984.
« L'école illustrait parfaitement l'état de négligence qui régnait », fait remarquer Muhammad Ashraf qui, enseignant depuis plusieurs années, exerce désormais un rôle de direction à temps partiel pour les écoles publiques de Quetta. Les choses se sont améliorées lorsque le HCR est intervenu l'année dernière et a rénové le bâtiment dans le cadre d'un projet au profit des réfugiés afghans dans le besoin et de leurs communautés d'accueil.
L'école de garçons fondée par Muhammad Ashraf à Pashtoon Bagh, dans la banlieue de la ville de Quetta, au sud du Pakistan, compte désormais huit salles de classe et un grand terrain de jeu.
Il s'agit de l'une des 16 écoles publiques réhabilitées par le HCR, en collaboration avec Save the Children (Etats-Unis), dans la province pakistanaise du Baloutchistan dans le cadre de l'initiative des Nations Unies pour les Zones abritant des réfugiés et des communautés d'accueil (RAHA), qui vise à promouvoir la coexistence pacifique et les bonnes relations entre les deux communautés.
Toutes avaient besoin de réparations et manquaient de fournitures de base. En même temps que la rénovation des vieux bâtiments et la construction de nouveaux, les travaux effectués à Pashtoon Bagh ont permis l'installation d'infrastructures pour l'eau, l'assainissement, la santé et l'hygiène.
Toutes les écoles que le HCR a rénovées et modernisées sont situées dans des zones défavorisées où les réfugiés afghans vivent aux côtés de la population locale. « Nous ne refusons aucun enfant qui souhaite s'inscrire, qu'il soit pakistanais ou afghan », insiste Muhammad Ashraf.
L'éducateur expérimenté affirme que le niveau scolaire dans la région de Quetta a souffert en raison de la pénurie de salles de classe et d'enseignants. C'est la raison pour laquelle les projets éducatifs réalisés dans le cadre de l'initiative RAHA sont si importants.
Après des années de négligence, les choses s'améliorent vraiment dans l'école remise à neuf de Pashtoon Bagh. « Nos élèves ont eu une agréable surprise quand ils sont retournés à l'école après les longs congés d'hiver. Ils ont trouvé une école propre, magnifiquement repeinte et rénovée », déclare Saadullah, le directeur, aux visiteurs du HCR.
C'est ce que confirme Sardar Khan, un élève pakistanais de 14 ans, qui déclare qu'il « pensait s'être trompé d'endroit » quand il est retourné à l'école après les vacances.
Plus de la moitié des élèves de Pashtoon Bagh sont des réfugiés afghans, dont la plupart des familles vivent dans des quartiers défavorisés de Quetta et ne peuvent pas se permettre d'envoyer leurs fils dans des écoles privées. Leurs voisins pakistanais sont confrontés à des problèmes similaires. Bon nombre de leurs enfants ne terminent pas leur scolarité, abandonnant l'école pour aider leur famille en faisant des petits boulots dans des magasins, des garages et d'autres activités de ce type.
La situation est aggravée par le fait que de nombreuses écoles sont dans un état de délabrement. « Pour attirer les élèves et convaincre les parents d'envoyer leurs enfants à l'école, il est important de rendre ces endroits plus accueillants pour les élèves », déclare Fahim Anwar, enseignant à Pashtoon Bagh depuis 12 ans. Il affirme qu'un terrain de jeu agréable, de meilleurs équipements scolaires et des salles de classe joliment décorées et meublées peuvent tout changer.
Cela semble être confirmé par les chiffres. Fahim Anwar affirme que le nombre d'élèves à Pashtoon Bagh a augmenté et il prie les Nations Unies et les autres organisations de continuer à soutenir les écoles de Quetta, en sous-effectif et bondées, en construisant davantage de salles de classe et en distribuant des fournitures scolaires.
Le représentant du HCR à Islamabad, M. Mengesha Kebede, reconnaît que la communauté internationale doit continuer à soutenir des projets comme RAHA qui favorisent la coexistence entre les communautés afghane et pakistanaise.
« Le Pakistan constitue un exemple remarquable de coexistence humanitaire entre les réfugiés et leurs communautés d'accueil. Ce pays accueille la plus importante communauté réfugiée dans le monde depuis des dizaines d'années. Les réfugiés et les habitants partagent des ressources et des services qui nécessitent notre attention et celle de la communauté internationale afin d'assurer leur réhabilitation ou leur rénovation au bénéfice des deux communautés » a-t-il affirmé.
Le programme RAHA, d'une durée de cinq ans, a été lancé en 2009 avec le soutien du gouvernement pakistanais. A ce jour, quelque 74 écoles ont été réhabilitées dans ce cadre, y compris les 16 que le HCR et Save the Children ont terminées au Baloutchistan. L'initiative RAHA devrait bénéficier à 2,5 millions de réfugiés afghans et de Pakistanais. La plupart de ses programmes sont mis en oeuvre dans les provinces du Baloutchistan et de Khyber Pakhtonkwa.
Par Duniya Aslam Khan à Quetta, Pakistan