Tchad/Darfour : Transfert des réfugiés vers des camps plus en sécurité au Tchad
Tchad/Darfour : Transfert des réfugiés vers des camps plus en sécurité au Tchad
La tension reste élevée le long de la frontière entre le Tchad et le Soudan, une région en proie à des troubles. Des personnes fuient dans les deux directions. Un second transfert, qui était prévu aujourd'hui pour transporter les personnes récemment arrivées, originaires du Darfour, vers la zone de Birak, dans l'est du Tchad, a été retardé à cause d'un regain de violence survenant du côté soudanais de la frontière. De nouveaux déplacements sont à prévoir.
Hier (jeudi), l'UNHCR a commencé à transférer un premier groupe de 117 réfugiés soudanais vulnérables de la zone frontalière de Birak vers le camp de Kounoungou, à quelque 70 kilomètres plus à l'intérieur du pays, près de la ville de Guéréda. Ces réfugiés (34 familles) avaient fui les combats ayant commencé au début du mois dans la région de l'ouest du Darfour déchirée par le conflit. Ils ont été transportés avec leurs possessions à bord de quatre camions.
Ce premier groupe fait partie de plus de 13 000 réfugiés récemment arrivés de l'ouest du Darfour, qui ont fui au cours des quatre dernières semaines après des attaques aériennes et terrestres menées contre des villages et des camps accueillant des personnes déplacées internes de l'autre côté de la frontière au Soudan. Les réfugiés, qui vivaient en plein air depuis leur arrivée au Tchad dès le 9 février, ont exprimé leur soulagement d'être transférés vers un environnement plus sûr. Plus de 70 pour cent des nouveaux arrivants sont des femmes et des enfants.
Nous prévoyons de continuer le transfert aujourd'hui (vendredi), qui sera suivi lundi par d'autres. Mais il a été fait état de nouveaux combats de l'autre côté de la frontière près de Djebel Moun hier après-midi. Le transfert est donc temporairement suspendu. Nos équipes se préparent maintenant à de nouvelles arrivées et reprendront le transfert dès que la situation sécuritaire le permettra.
A leur arrivée au camp de Kounoungou, l'un des deux camps gérés par l'UNHCR près de Guéréda, les réfugiés nouvellement arrivés suivent une visite médicale, reçoivent leur première ration alimentaire d'un mois de la part du Programme alimentaire mondial ainsi qu'un kit d'articles de secours. Tous seront temporairement hébergés dans des tentes, puis ils recevront un carré de terrain où ils pourront construire leur maison.
Le transfert représente un défi logistique, car les nouveaux réfugiés sont dispersés dans 11 villages situés le long de 40 kilomètres à la frontière entre le Tchad et le Soudan, dans une région reculée. Ceux qui sont transférés le sont seulement sur une base volontaire et la plupart ont indiqué qu'ils veulent s'éloigner de la région frontalière.
Pendant ce temps, les deux camps de réfugiés situés dans la région de Guéréda, Kounoungou et Mile, se préparent à héberger les nouveaux arrivants, avec une extension des capacités d'accueil actuellement en cours. La semaine prochaine, nous disposerons d'au moins 12 camions pour assurer le transport des réfugiés de la frontière vers les camps.
L'UNHCR et ses partenaires gèrent 12 camps de réfugiés dans l'est du Tchad, qui accueillent 240 000 réfugiés originaires de la région du Darfour déchirée par le conflit. 50 000 autres réfugiés, des Centrafricains, vivent dans trois camps au sud du Tchad.
A l'intérieur même de l'Ouest-Darfour, l'activité militaire dans la partie nord de l'Etat, située de l'autre côté de la frontière en face de Birak au Tchad, continue de provoquer des déplacements internes forcés. Dans la ville de Sileah, la crainte de nouvelles attaques a une nouvelle fois entraîné des centaines de civils hors de chez eux, selon des employés de l'UNHCR qui étaient sur place hier (jeudi), dans le cadre d'une mission humanitaire d'évaluation conjointe. Suite à ce nouveau déplacement, la localité de Sileah s'est pratiquement vidée. Seules 150 à 200 personnes âgées s'y trouvent encore. La plupart des 20 000 habitants de la ville ont fui en février. Quelque 1 500 personnes y étaient rentrées il y a une semaine, mais la plupart d'entre elles ont fui à nouveau, en raison de la crainte d'un regain des combats, ont déclaré hier des habitants restés sur place.
Le mois dernier, la majorité de la population de Sileah aurait fui vers la zone de Djebel Moun à laquelle les travailleurs humanitaires n'ont pas eu accès depuis un mois, malgré la présence d'environ 20 000 civils qui pourraient avoir un important besoin d'aide. Quelque 13 000 d'entre eux pourraient être originaires de Sileah, selon des estimations des Nations Unies.
La situation humanitaire est encore compliquée par l'arrivée signalée d'un nombre inconnu de Tchadiens dans le sud de la région de l'Ouest-Darfour, près des frontières avec le Tchad, le Soudan et la République centrafricaine. Les premières informations font état d'une insécurité générale, suite au retrait de l'armée tchadienne dans la région. Ces Tchadiens sont originaires de la région de Tissi et arrivent dans la région d'Um Dukhum située au sud de l'Ouest-Darfour. Environ 200 familles tchadiennes sont arrivées à Um Dukhum la semaine dernière. L'UNHCR et ses partenaires procèdent actuellement à la vérification de ces chiffres. Un plus petit groupe de Tchadiens, originaires de Tissi, a également été enregistré dans la zone de Mukjar, plus à l'intérieur du Soudan, dans l'ouest du Darfour. L'UNHCR s'est entretenu avec 11 d'entre eux à Mukjar. Ils ont déclaré qu'il leur avait été indiqué soit de retourner au Tchad soit de continuer leur chemin au Soudan vers la sécurité.
L'ouest du Darfour accueille déjà près de 50 000 réfugiés tchadiens.