Tchad/Soudan : Mouvements de population vers l'un et l'autre des deux pays, chacun en proie à des troubles
Tchad/Soudan : Mouvements de population vers l'un et l'autre des deux pays, chacun en proie à des troubles
Nous constatons maintenant des mouvements de population dans les deux directions le long de la frontière Tchad-Soudan en proie à des troubles, conséquence de la dégradation des conditions de sécurité que connaît la région. Si plus de 200 000 réfugiés soudanais du Darfour sont arrivés pour chercher la sécurité dans l'est du Tchad depuis trois ans, nous pouvons maintenant remarquer que quelques Tchadiens fuient eux dans la direction opposée au Darfour.
Dans l'ouest du Darfour, par exemple, 8 000 à 10 000 personnes, incluant un nombre indéterminé de Tchadiens, se sont regroupés autour des villages de Galu et Azaza, à environ 35 kilomètres au nord-ouest de El Geneina, la principale ville de la région. Ils ont établi cinq camps de fortune autour de Galu et Azaza. Une première évaluation effectuée par l'UNHCR et ses partenaires indique que des sites spontanés ont apparu depuis deux mois après l'attaque sanglante dans la ville frontière d'Adré en décembre dernier.
L'UNHCR et les autorités soudanaises sont actuellement en train de déterminer le statut des personnes regroupées dans les cinq camps, pour la plupart des femmes et des enfants. Dimanche, une mission d'évaluation menée par l'UNHCR et ses partenaires, avec un représentant du gouvernement soudanais, a confirmé que des Tchadiens sont bien présents parmi le groupe à Galu et Azaza. Mais il y a aussi beaucoup de ressortissants soudanais parni eux, peut-être attirés vers ces sites dans l'espoir de recevoir une assistance internationale.
Tous les Tchadiens parmi ce groupe dépendent de la compétence de l'UNHCR et seront considérés comme demandeurs d'asile durant la procédure de détermination de leur statut. Lors des entretiens avec les employés de l'UNHCR, les Tchadiens ont évoqué une attaque rebelle sur la ville d'Adré le 18 décembre ayant entraîné leur fuite vers la frontière avec le Darfour. Plus de 100 personnes auraient été tuées à Adré pendant les combats entre les forces rebelles et les troupes du gouvernement tchadien. Plusieurs attaques ultérieures se seraient aussi déroulées dans les villages au nord d'Adré, forçant encore d'autres personnes à fuir. Quelques-uns des Tchadiens auraient fui directement vers la région de Galu, où quelques-uns se sont réfugiés chez des proches, alors que d'autres sont partis au hasard vers les zones frontières pour quelques temps avant d'entendre parler des sites spontanés et de marcher alors vers les sites de Galu et Azaza. Un petit nombre de nouveaux arrivants arriverait encore chaque jour dans ces sites.
L'UNHCR et ses partenaires fournissent une assistance à ce groupe, avec notamment la distribution de bâches en plastique. Des ONG ont creusé trois puits près des camps pour assurer une distribution d'eau potable. Des réservoirs d'eau et des pompes ont aussi été installés. Une ONG médicale a aussi conduit une campagne de vaccination.
La confirmation que les Tchadiens ont traversé la frontière vers le Darfour constitue un nouveau développement inquiétant et un signe de la détérioration de la situation de sécurité le long de la frontière. Le Haut Commissaire António Guterres a plusieurs fois exprimé sa profonde inquiétude sur le risque d'une déstabilisation à venir dans la région.
Il y a actuellement 1,8 millions de déplacés internes au Darfour et 200 000 réfugiés originaires du Darfour dans 12 camps de l'est du Tchad.
En même temps, le Haut Commissaire assistant Judy Cheng-Hopkins a commencé hier une mission d'une semaine vers le Tchad avec une visite du camp de réfugiés d'Ouré Cassoni, le plus grand dans l'est du Tchad accueillant quelque 29 600 réfugiés soudanais.
Elle a rencontré des représentants de réfugiés et les a assurés que le monde ne les a pas oubliés.
Les réfugiés ont rapporté à Madame Cheng-Hopkins qu'ils souhaitent rentrer chez eux, mais seulement lorsque la paix sera revenue au Darfour. Ils ont souligné la nécessité d'accroître le rôle d'une mission internationale pour la paix au Darfour. Les représentants ont aussi demandé l'accès à l'éducation secondaire pour leurs enfants.
Madame Cheng-Hopkins va visiter deux autres camps de réfugiés dans l'est aujourd'hui, Farchana et Gaga. Ensuite elle rejoindra la région du sud du Tchad, proche de la frontière avec la République centrafricaine, qu'un nouveau flux de réfugiés centrafricains vient de traverser vers le Tchad.