Des lauréats de la distinction Nansen pour les réfugiés condamnent l'assassinat d'Annalena Tonelli

Le 14 octobre 2003

GENEVE - Plusieurs lauréats proéminents de la distinction Nansen pour les réfugiés, décernée chaque année par le HCR, ont demandé aux membres de la communauté internationale, notamment aux dirigeants politiques, de déployer plus d'efforts pour assurer la protection du personnel humanitaire.

Leur appel, lancé aujourd'hui mardi dans une lettre ouverte envoyée aux journaux du monde entier, survient neuf jours après le meurtre de Madame Tonelli, lauréate de la distinction Nansen 2003 - abattue par un tireur anonyme devant l'hôpital pour tuberculeux qu'elle dirigeait à Borama, dans le Somaliland, au nord-est de la Somalie.

Les auteurs de cette lettre ont écrit ce qui suit :

« Le dimanche 5 octobre 2003, Madame Annalena Tonelli, de nationalité italienne, a été tuée de sang froid par un tireur anonyme, devant l'hôpital de bienfaisance qu'elle dirigeait à Boroma, dans le Somaliland, au nord-est de la Somalie. Cet acte insensé a brutalement mis fin à la vie d'une femme remarquable qui s'est consacrée - sans faillir ni faiblir - pendant plus de trente ans aux plus démunis dans l'une des régions les plus dangereuses au monde.

« Annalena Tonelli a été assassinée quelque mois après avoir reçu la distinction Nansen 2003 pour les réfugiés, un prix qui porte le nom de l'explorateur norvégien, ardent défenseur de la cause des réfugiés, Fridtjof Nansen, décerné par le HCR à un individu ou à une organisation en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle en faveur des déracinés.

« Nous, soussignés, lauréats de la distinction Nansen, nous nous sentons particulièrement liés à Annalena Tonelli. Pour cette raison, nous avons décidé d'unir nos voix en signant cette lettre.

« Le meurtre ou tout autre forme de violence perpétrée à l'encontre des humanitaires sont des actes de cruauté et de lâcheté inqualifiables. L'assassinat de Madame Tonelli illustre de manière on ne peut plus flagrante la gratuité et l'absurdité de tels agissements. Sa disparition est un coup porté à l'ensemble des efforts déployés par la communauté humanitaire internationale, non seulement au Somaliland et ailleurs en Afrique, mais aussi dans le reste du monde.

« Il est de notre devoir de demander, une fois de plus, aux politiciens, aux décideurs, aux soldats et à tout un chacun, de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger ceux et celles qui viennent en aide aux démunis. Nous réitérons par ailleurs l'appel lancé aux Etats afin que les crimes commis contre le personnel humanitaire - souvent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité - soient jugés et punis.

« Le manque de respect pour la vie de tout être humain, et celle des humanitaires en particulier, aboutit inévitablement à une diminution du nombre de personnes prêtes à s'engager dans des régions synonymes de tous les dangers. Et la liste des « missions impossibles » dont le succès potentiel ne fait pas le poids face aux risques à encourir par le personnel humanitaire, ne cesse de s'allonger.

« Nous sommes loin de croire que la tâche humanitaire peut-être menée sans danger. Mais la part de risque doit demeurer raisonnable. Sinon, un jour il n'y aura plus d'humanitaires sur terre et ceux à qui ils se dédient se retrouveront seuls face à leur désespoir, plus que jamais démunis. »

Les signataires :

M. Arne F, Rinnan, capitaine du MV « Tampa » et Wilhelmsen Lines de Norvège (2002)
Maestro Luciano Pavarotti (Italie, 2001)
M. Miguel Angel Estrella (Argentine, 2000)
Les Volontaires des Nations Unies (2000)
Handicap International (1996)
Médecins sans Frontières (1993)
Dr. Richard von Weizsäcker, ancien Président de la République Fédérale d'Allemagne (1992)
Le Major-Général Paul A.Cullen (Australie, 1981)
La Société du Croissant-Rouge malaisien (1977)
Mme Svana Fridriksdottir (Islande, 1972)
Le Conseil international des agences bénévoles (1963)
La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (1957)
M. Valéry Giscard d'Estaing, ancien Président de la République française (1979)