Le nombre de réfugiés du Darfour transférés dans de nouveaux camps dépasse les 100 000 personnes
Le nombre de réfugiés du Darfour transférés dans de nouveaux camps dépasse les 100 000 personnes
Le 16 juin 2004
GENEVE - Ce sont désormais plus de 100 000 réfugiés soudanais du Darfour qui ont dû être transférés dans de nouveaux camps situés plus à l'intérieur du Tchad au cours d'une vaste opération destinée à les éloigner de la dangereuse zone frontalière, a aujourd'hui annoncé le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
Cette opération, particulièrement difficile, déployée sur un ruban de terre désertique long de 600 km, à la frontière entre le Tchad et le Soudan, a débuté en janvier dernier. Elle a permis jusqu'à ce jour la construction de huit nouveaux camps pouvant accueillir les réfugiés. Mardi, la population totale des camps avait atteint les 101, 218 personnes.
La plupart des réfugiés ont été transportés par camion mais plusieurs milliers d'autres ont également fait le voyage par leurs propres moyens, avec leurs troupeaux et quelques biens personnels.
Les réfugiés ont commencé à arriver dans l'est du Tchad mi-2003, fuyant les bombardements aériens de leurs villages dans l'ouest du Soudan, au Darfour, et les attaques violentes des miliciens. Ils se sont retrouvés dans cette zone frontalière exposée à un soleil brûlant le jour et à des températures glaciales la nuit.
Entre 50 000 et 90 000 réfugiés du Darfour se trouveraient encore dans cette zone et des centaines d'autres continueraient d'affluer. Le HCR s'efforce à tout prix de les transférer dans les nouveaux camps avant l'arrivée des pluies qui ont déjà fait leur apparition dans certaines régions.
Ceux qui se trouvent à la frontière ont été continuellement attaqués par des miliciens venus du Soudan. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Ruud Lubbers, a souligné lors d'une conférence réunissant des donateurs à Genève, le risque d'incursions au Tchad ainsi que l'infiltration et la présence d'éléments armés parmi les réfugiés. Il a en outre précisé que cela pourrait donner lieu au recrutement forcé, à la diversion de l'assistance humanitaire et à des brutalités envers la population réfugiée.
« Les incursions armées des milices janjawid continuent de représenter une extrême menace pour la vie des réfugiés », a-t-il souligné.
Un appel supplémentaire d'un montant de 55,8 millions de dollars a été lancé par le HCR cette semaine pour venir au secours des réfugiés du Darfour qui continuent d'affluer au Tchad et dont le nombre pourrait bien s'élever à 200 000 personnes d'ici la fin de l'année. Un précédent appel, lancé en février dernier, suite auquel le HCR avait reçu 18,4 millions de dollars, a dû être revu à la hausse en raison de l'arrivée incessante de réfugiés tentant d'échapper au conflit qui continue de mettre l'ouest du Soudan à feu et à sang.
Un pont aérien du HCR a déjà acheminé vers le Tchad des secours d'urgence et de l'équipement, moyen coûteux mais nécessaire étant donné le besoin de constituer des réserves avant l'arrivée des pluies qui risquent d'isoler certains camps. Les 39 vols qui ont été effectués jusqu'à présent - transportant des tentes, des couvertures, des bâches en plastique, des jerricans, des camions, des groupes électrogènes, et des entrepôts préfabriqués - permettront de couvrir les besoins de 150 000 réfugiés durant la saison des pluies, ainsi que de ceux qui arriveront ultérieurement.
Etant donné la grande écheresse du sol au Sahel, qui a entravé les opérations de forage, l'approvisionnement en eau est un problème majeur dans la région. Afin de faire face aux énormes besoins des habitants des camps, des camions-citernes transportent chaque jour de l'eau à destination de ces quatre nouveaux camps. La recherche pour l'emplacement de plusieurs autres sites se poursuit, car il faudra en préparer de nouveaux pour abriter les réfugiés qui se trouvent encore dans la zone frontalière.
M. Lubbers a lancé une mise en garde aux donateurs participant à la conférence du 3 juin dernier, insistant sur le fait que la région démunie de l'est du Tchad - malgré la générosité de sa population - était sévèrement affectée par l'afflux de réfugiés et nécessitait davantage d'aide internationale. « Le Tchad, déjà pauvre, ne peut continuer d'accueillir de plus en plus de personnes. Nous sommes confrontés à un véritable désastre » a-t-il ajouté.
En plus de la délégation du HCR à N'Djamena, la capitale du Tchad, l'agence pour les réfugiés a ouvert six bureaux dans l'est du pays dont le plus récent à Bahaï, au nord. Le HCR ainsi que d'autres agences humanitaires sont actuellement en train de distribuer du sorgho, de l'huile et des légumineux fournis par le Programme alimentaire mondial des Nations Unies.