Mesures correctives et préventives prises par le HCR pour lutter contre la maltraitance et l'exploitation sexuelle des femmes et des enfants réfugiés
Mesures correctives et préventives prises par le HCR pour lutter contre la maltraitance et l'exploitation sexuelle des femmes et des enfants réfugiés
Octobre 2002
En coopération avec ses partenaires, le HCR a pris la série de mesures correctives et préventives décrites ci-après pour renforcer le rôle de protection qui est au coeur de sa mission et prémunir les femmes et les enfants contre toutes les formes de violences, notamment sexuelles.
La première section du présent exposé décrit les mesures spécifiques qui concernent l'Afrique de l'Ouest, où le HCR et Save the Children-UK ont enquêté sur des allégations d'exploitation sexuelle de jeunes réfugiés en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone. Le HCR a engagé cette démarche en 2001 pour recueillir des témoignages concrets sur la nature et l'ampleur du phénomène dans la région et pour s'enquérir des réponses apportées par les organismes des Nations Unies, les ONG, les communautés locales et les victimes elles-mêmes. Il s'est appuyé sur les résultats cette enquête pour renforcer ses programmes de protection des femmes et des enfants dans la région.
La deuxième section évoque les mesures prises à l'échelle du continent africain, et la troisième expose les mesures préventives et correctives qui seront appliquées dans le monde entier, car le risque n'est évidemment pas circonscrit à l'Afrique.
I. AFRIQUE DE L'OUEST
En novembre 2001, le HCR a reçu un rapport confidentiel qui l'a incité à prendre sans attendre une série de mesures préventives et correctives pour mieux protéger les femmes réfugiées et contrer énergiquement toute velléité d'exploitation sexuelle d'enfants réfugiés en Afrique de l'Ouest. Parallèlement, il a demandé au Bureau des services de contrôle interne de l'ONU à New York d'enquêter sur les allégations contenues dans le rapport.
Dès le début du mois de janvier 2002, des plans d'action étaient élaborés au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée. La première priorité était de protéger les victimes, de garantir le caractère confidentiel de leur témoignage, d'étoffer les effectifs de protection (notamment féminins) sur le terrain, d'accroître la sensibilisation par la formation et l'éducation, d'identifier les réfugiés les plus vulnérables, d'élargir et d'améliorer les programmes d'aide existants, dans les limites des ressources financières disponibles.
Le groupe de travail interagences pour la protection contre l'exploitation et les abus sexuels dans les situations de crise humanitaire - composé de représentants des organismes des Nations Unies et des ONG concernés - a été créé en avril 2002. En mars 2002, le Bureau Afrique du HCR avait déjà nommé un coordonnateur local pour toutes les questions relatives aux violences et à l'exploitation sexuelles. Une conseillère régionale spécialisée dans les problèmes concernant les femmes a été dépêchée peu après dans la région. La conseillère spéciale auprès du directeur du Bureau Afrique a été nommée en avril 2002. Elle devait s'assurer que les décisions étaient suivies d'effet et couvraient toutes les activités sur l'ensemble du continent africain, et servir de courroie de transmission entre les bureaux locaux, le siège, les partenaires opérationnels (ONG) et les membres du Comité exécutif à Genève, qui ont eux aussi participé activement à l'entreprise commune.
En juin 2002, le HCR a approuvé un appel aux donateurs pour une rallonge budgétaire d'un montant de 2,2 millions de dollars pour aider la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria à lutter plus efficacement contre l'exploitation sexuelle. Cet appel de fonds supplémentaire devrait permettre de financer le renforcement des programmes et des effectifs, en particulier pour les services communautaires, les projets éducatifs et les programmes d'emplois rémunérés qui élargissent la marge d'autonomie économique des femmes réfugiées. A la mi-septembre cependant, seuls les Etats-Unis avaient versé 1 million de dollars à ce budget.
A) Obligations et responsabilités du personnel humanitaire
Dès la fin de 2001, le personnel du HCR déployé en Guinée et en Sierra Leone s'est attelé à la définition des obligations et responsabilités contractuelles du travailleur humanitaire, qu'il soit employé par un organisme des Nations Unies ou par une ONG internationale ou locale. L'ensemble de normes qui en a résulté est venu compléter le nouveau Code de conduite du HCR.
B) Coordination renforcée entre les organisations humanitaires
La lutte contre l'exploitation et les abus sexuels nécessite des efforts concertés, d'où la création dans les dix derniers mois de groupes, comités et équipes de travail interagences dans les régions, au siège du HCR et dans le système des Nations Unies. L'objectif commun est de coordonner les différents plans d'action et de s'entendre sur les meilleures pratiques.
Les équipes de travail interagences sont à pied d'oeuvre dans les trois pays (Sierra Leone, Guinée, Libéria). Elles se réunissent régulièrement pour vérifier la mise en oeuvre des plans d'action communs et le respect des obligations et responsabilités de chacun.
Le Comité sierra-léonais de coordination et de lutte contre l'exploitation et les abus sexuels a inventorié les ressources disponibles en matière de formation et de programmes de lutte contre l'exploitation sexuelle dans le contexte humanitaire.
C) Sensibilisation et éducation des réfugiés
Dans le cadre de ses mesures préventives, le HCR s'est attaché à mettre sur pied des programmes de sensibilisation et d'éducation des réfugiés. Des campagnes, assorties de distributions de dépliants, affiches et questionnaires, ont informé les réfugiés de leurs droits et surtout des aides auxquelles ils peuvent prétendre. D'autres campagnes de communication indiquent aux réfugiés ce qu'ils doivent faire si on tente de monnayer d'une manière ou d'une autre l'assistance qui leur est due.
La fête de jumelage de la localité guinéenne de Kissidougou a été l'occasion de rencontres et de débats entre les réfugiés et les communautés locales. Il y a été question de l'exploitation sexuelle, des violences familiales, des toxicomanies, des droits des enfants et de la scolarisation des filles. Concerts, danse, représentations théâtrales et réunions-débats étaient également au programme.
Toujours en Guinée, le HCR encourage les membres des associations masculines de Kissidougou et de Nzérékoré à s'impliquer davantage dans la protection des femmes et des enfants.
Un séminaire d'une journée a réuni des étudiants guinéens et des jeunes réfugiés à Kissidougou sur le thème du rôle de la jeunesse dans la prévention de la violence.
Des vidéos sur les droits de l'enfant, réalisées au Nigéria et au Ghana, ont été projetées dans les camps, et des groupes de rap ont donné des concerts pour refuser la violence.
Les missions de consultation dépêchées dans les camps guinéens ont étudié avec les représentants des réfugiés les mesures qui pouvaient être prises dans les communautés elles-mêmes pour combattre la violence.
L'opération « jeunes mères à l'école » lancée à Kissidougou a permis à des adolescentes qui avaient arrêté leur scolarité pour cause de grossesse de reprendre leurs études. Les enfants peuvent aller à la garderie pendant les heures de cours et les jeunes femmes ont droit à des bourses.
Les jeunes réfugiées inscrites à l'école technique générale de Kissidougou peuvent obtenir gratuitement des uniformes scolaires.
244 assistantes scolaires ont été nommées dans les écoles des camps de Kissidougou, et 196 dans les camps de Nzérékoré. Ces jeunes femmes ont été recrutées et formées pour promouvoir l'éducation des filles, prévenir toute forme d'abus et servir de modèles à leurs cadettes.
Plus de 900 élèves sont inscrites aux cours de santé procréative et d'alphabétisation proposés dans les camps de Kissidougou.
Toujours à Kissidougou, les ONG organisent des ateliers sur les droits de la personne, et plus précisément des femmes.
Les Guinéens et les réfugiés chargés de la sécurité dans les camps, ainsi que le personnel masculin des ONG, ont suivi des cours de sensibilisation aux violences dont sont victimes les femmes.
D) Recrutement et formation
Pour relever le défi majeur que représentait la mise en place immédiate de mesures correctives en Afrique de l'Ouest, le HCR a sensiblement renforcé sa présence sur le terrain au cours du premier semestre 2001. Fin septembre, les 11 employés des services de protection et d'aide communautaire prévus avaient été déployés dans la région. Les quelque quarante agents dépêchés en urgence en Sierra Leone pour les besoins du programme de rapatriement/réintégration et pour gérer les flux migratoires provoqués par les récents événements du Libéria ont été sensibilisés au problème de l'exploitation et des abus sexuels. De nouveaux postes d'administrateurs chargés de la protection et des services communautaires ont été créés dans les trois pays.
Un atelier régional sur la protection des réfugiés et la lutte contre les violences infligées aux femmes a été organisé à Abidjan (9-11 avril 2002) à l'intention du personnel du HCR, soit 28 administrateurs chargés de la protection, des services communautaires et des programmes en Côte d'Ivoire, en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone. Plusieurs participent au projet de renforcement des capacités de secours lancé par le Comité international de sauvetage. L'atelier avait essentiellement pour objet de renforcer les capacités des bureaux de la région en matière de protection, d'action préventive et de lutte contre l'exploitation, les violences et les abus sexuels infligés aux femmes, mais aussi aux enfants.
En mai 2002, un atelier de deux jours a réuni à Freetown 28 administrateurs régionaux des services communautaires, de la protection, de l'action locale, des programmes et de la promotion de la femme. Il a été l'occasion de tester le manuel de formation établi à partir des données communiquées par les ONG, qui sera désormais largement utilisé sur le terrain pour sensibiliser le personnel au problème des chantages et abus sexuels. L'atelier a montré que le HCR entendait coordonner ses efforts dans les trois pays, prenait très au sérieux les cas d'exploitation et d'abus sexuels et était résolu à tout mettre en oeuvre pour combattre ces scandaleuses dérives.
Fin octobre 2002, tout l'effectif humanitaire déployé en Sierra Leone, des cadres supérieurs jusqu'aux chauffeurs, aura été sensibilisé à la question des violences et des abus en tous genres et aura pris connaissance du code de conduite et des normes de responsabilités et d'obligations édictés par le HCR.
Un atelier de formation de quatre jours a été offert aux ONG du secteur de la santé présentes en Sierra Leone.
Des cours d'initiation au droit ont débuté en Sierra Leone et en Guinée. Ils aideront les réfugiés et les organisations gouvernementales et non gouvernementales à défendre plus efficacement les droits des femmes et des enfants dans les pays d'accueil.
E) Contrôles et rapports obligatoires
Les ONG ont ouvert à Freetown un bureau d'accueil qui reçoit les femmes rapatriées victimes de violences sexuelles au Libéria. Celles qui nécessitent une attention particulière - femmes enceintes, malades, traumatisées, handicapées - sont aiguillées sur des structures médicales spécialisées, les autres sur les centres de soins les plus proches de leur domicile.
Quatre comités d'action contre les violences et les abus sexuels ont été mis sur pied en Sierra Leone dans les zones de rapatriement des réfugiés.
Un séminaire de trois jours sur la prévention des abus sexuels a été organisé à Kissidougou à l'intention des ONG. Il sera également donné dans tous les camps de réfugiés de la région.
F) Mieux protéger les victimes et les populations vulnérables dans le cadre des programmes existants
Il est primordial de tuer dans l'oeuf tout nouveau risque d'exploitation et de violence sexuelles en améliorant le statut et le pouvoir des femmes et des enfants, d'où l'action engagée par le HCR pour promouvoir l'accès des femmes aux ressources matérielles, à la propriété, aux prestations et aides sociales, aux processus de décision. Les programmes d'assistance permettent de réduire substantiellement la vulnérabilité des femmes et des enfants réfugiés.
Le HCR propose des cours d'apprentissage et d'alphabétisation d'une durée de six mois aux réfugiées des camps de Kissidougou et Nzérékoré qui souhaitent par exemple devenir teinturières, brodeuses ou savonnières pour pouvoir gagner leur vie une fois rentrées chez elles.
Il existe maintenant dans les camps de réfugiés de la région des centres d'accueil où les jeunes mères peuvent se rencontrer et obtenir une aide légale et sociale. Le centre d'accueil du camp guinéen de Dabola a bénéficié d'un don de seize machines à coudre.
Un premier exercice pilote interagences de « contrôle après distribution » a eu lieu dans un camp sierra-léonais en juillet. Il s'agissait de déterminer comment le système de distribution alimentaire pouvait être recentré sur les femmes. La formule est désormais appliquée dans l'ensemble du pays.
La Guinée et le Libéria ont entrepris de leur côté d'améliorer leur système d'aide humanitaire en renforçant la présence et le rôle du personnel féminin dans les centres de distribution.
A Nzérékoré, les humanitaires des ONG et une équipe bénévole de réfugiés ont amélioré le dispositif de conseil et d'assistance aux victimes de violences sexuelles.
II. DANS L'ENSEMBLE DE L'AFRIQUE
En mars 2002, le HCR a demandé à tous ses bureaux en Afrique de s'assurer que leurs opérations respectaient strictement ses directives en matière de protection et de prestation d'aide, et étaient suffisamment contrôlées pour réduire au maximum les risques d'abus sexuels ou tout autre manquement à l'éthique professionnelle. Il leur a aussi demandé de signaler immédiatement au directeur du Bureau Afrique et à l'Inspecteur général du HCR toute exaction ou conduite fautive. Il existait déjà plusieurs directives en la matière, mais c'est l'exécution qui posait problème. Les bureaux nationaux et régionaux ont réagi en faisant une évaluation détaillée de leurs programmes et en prenant si nécessaire des mesures préventives et correctives appropriées. Début septembre, une deuxième directive a été envoyée à tous les bureaux en Afrique, cette fois pour leur demander d'établir leur propre programme d'action sur la base du plan d'action interinstitutions et de définir leurs priorités immédiates.
Sans être exhaustive, la liste d'initiatives qui suit donne une idée de l'envergure des mesures prises dans le cadre des principaux programmes du HCR en Afrique en 2002.
A) Coordination plus étroite avec les autres organismes, les autorités locales, les groupes de réfugiés et les gouvernements hôtes
Création, dans la plupart des capitales et des camps, d'équipes de travail et de groupes d'action chargés de renseigner les partenaires d'exécution, les autorités locales et les communautés de réfugiés sur les événements en Afrique de l'Ouest, de les sensibiliser aux problèmes et de les convaincre de la nécessité d'agir.
Renforcement de la composante « droits des femmes et des enfants » dans les programmes de formation du personnel chargé de la protection
Concertation plus étroite avec les gouvernements dans le but d'améliorer la législation et les procédures judiciaires en matière de violences et d'exploitation sexuelles.
B) Sensibilisation
Des campagnes d'information sur les droits et les devoirs du réfugié ont été lancées dans tous les pays africains où intervient le HCR. Les spectacles, concerts et réunions-débats ont été autant de vecteurs pour sensibiliser les réfugiés et les populations locales au problème des violences sexuelles infligées aux femmes.
Des réunions ont lieu régulièrement dans tous les camps et villages de réfugiés pour permettre aux intéressées de s'exprimer.
Les représentants des réfugiés, le personnel des ONG et les autorités locales bénéficient de séances de formation et d'information sur la santé procréative, le VIH/SIDA et la prévention des maladies sexuellement transmissibles, la violence familiale et, le cas échéant, les mutilations génitales féminines.
Dans de nombreux camps, les programmes scolaires incluent désormais des cours sur les questions liées à la sexualité et à la condition des femmes.
La question des abus sexuels a fait l'objet d'ateliers au Kenya et en Tanzanie, où les femmes et les enfants ont été informés de leurs droits. En conséquence, les jeunes réfugiées sont de plus en plus nombreuses à refuser le mariage précoce et à demander l'intervention du HCR, et le nombre de déclarations de viol, de violences familiales et de harcèlement sexuel a considérablement augmenté.
C) Amélioration des modalités de déclaration et d'aide aux victimes
Des mesures complémentaires ont été prises pour encourager les réfugiées à dénoncer les abus dont elles sont ou ont été victimes. Les plaignantes ont accès au personnel féminin chargé de la protection et aux autres femmes occupant des postes de responsabilités. Leurs déclarations restent confidentielles.
De nombreuses associations de femmes et d'enfants réfugiés ont été créées ou renforcées avec l'appui du HCR. Elles diffusent des informations, facilitent le dialogue constructif et apportent une aide confidentielle aux victimes de violences et de viols.
Lorsque les fonds le permettent, les femmes et les enfants victimes de violences ou particulièrement vulnérables reçoivent des aides supplémentaires (nourriture, hébergement, vêtements).
D) Démarginaliser les femmes et les enfants
La plupart des pays africains ont lancé ou préparent des programmes pour mieux associer les réfugiées à la vie quotidienne des camps d'hébergement. Ces initiatives s'inscrivent dans le droit fil des cinq engagements du Haut Commissaire envers les réfugiées.
Lorsque les moyens financiers le permettent, les programmes de micro-crédit sont élargis de manière à inclure les réfugiés vulnérables. Les aides vont notamment à des projets créateurs d'emploi - qu'il s'agisse de la réhabilitation de l'environnement ou de fabrication de serviettes hygiéniques à Djibouti et dans des zones de rapatriement en Erythrée. Au Gabon, notre bureau a procuré 20 machines à coudre pour les femmes réfugiées, et au Kenya des bourses d'études ont été accordées aux jeunes filles réfugiées.
Du personnel féminin supplémentaire, dont des réfugiées, a été recruté dans des postes d'auxiliaires de protection, d'agents de distribution alimentaire, de gardes de sécurité et de conseillères psychosociales. Le HCR a également demandé que les forces de sécurité fournies par les gouvernements comptent un nombre raisonnable de femmes.
Dans certaines opérations, on commence à enregistrer comme chefs de famille non plus les hommes mais plutôt leurs femmes, qui figurent ainsi comme premières bénéficiaires sur les cartes de rations alimentaires.
Des mesures incitatives sont prises pour encourager la scolarisation des petites filles. A Djibouti, par exemple, le PAM distribue de l'huile végétale aux écolières dans les classes du quatrième au septième niveau.
E) Amélioration des normes d'assistance et des distributions alimentaires
Tous les pays ont établi la liste des personnes les plus vulnérables (jeunes mères, femmes chargées de famille, enfants isolés) et mettent en place des mesures de prévention et d'assistance spécifique pour ces groupes.
Dans la plupart des camps, il existe maintenant un système de distributions de serviettes hygiéniques - l'une des cinq priorités du Haut Commissaire pour les femmes réfugiées.
Dans le cadre d'un projet commun HCR-PAM, certains pays africains ont déjà commencé à appliquer le principe « de la nourriture pour les femmes, distribuée par des femmes ».
Plusieurs pays africains ont demandé la présence renforcée du personnel féminin du HCR et des ONG pendant les distributions alimentaires. D'autres ont institué divers mécanismes de surveillance des distributions.
Les nouvelles normes en matière d'hébergement et d'hygiène, affinées pour tenir compte des besoins spécifiques des femmes, s'appliquent progressivement à chaque nouvel afflux de réfugiés. Dans la République démocratique du Congo et la République du Congo, les jeunes filles réfugiées sont logées à part. Au Nigéria, on est en train de repenser entièrement l'aménagement des camps afin de donner plus d'espace aux familles.
F) Mesures judiciaires
Des avocats ont été recrutés pour suivre chaque dossier transmis aux tribunaux. Les centres d'aide légale ont été ouverts dans les camps de réfugiés à l'intention des femmes (Kenya, Tanzanie).
Des tribunaux de campagne supervisés par des magistrats nationaux ont été établis dans les camps pour juger les affaires de viol (Kenya).
G) Formation
Deux ateliers régionaux du HCR consacrés aux violences sexuelles ont eu lieu à Lusaka et Pretoria du 17 au 19 septembre 2002. Ils ont permis de mieux s'entendre sur des notions et questions fondamentales telles que le statut et les droits de la femme et de l'enfant, les violences, les abus et l'exploitation sexuelle des femmes et des enfants. Ils ont réuni des représentants du HCR, des partenaires opérationnels (ONG), des organisations gouvernementales et non gouvernementales et d'autres organismes des Nations Unies venus de différents pays - Angola, Zambie, Zimbabwe, Malawi, Namibie, Afrique du Sud, Botswana, Swaziland et Mozambique.
En septembre, un collectif d'ONG a convoqué une conférence régionale à Nairobi sur la protection de l'enfant dans les situations d'urgence. Une séance d'une journée a été consacrée à l'exploitation sexuelle. Les administrateurs du HCR chargés de la protection et des services communautaires y ont activement participé.
Un administrateur du HCR chargé de la protection de l'enfance basé à Nairobi a effectué des missions en Tanzanie et en Ouganda (mai et juillet), afin notamment de déterminer la prévalence des actes de violence et d'exploitation sexuelle dans ces deux pays et de proposer des mesures correctives.
III. ACTIONS DANS LE MONDE
Le Groupe de travail du Comité permanent interagences de l'ONU pour la protection contre l'exploitation et les violences sexuelles dans les crises humanitaires a été créé en avril 2002 pour enquêter sur les violences et d'exploitation sexuelle à grande échelle dont auraient été victimes les réfugiés en Afrique de l'Ouest. Sa mission était la suivante :
- analyser les comportements et la conduite du personnel humanitaire ;
- étudier les dispositifs et moyens communs de protection contre l'exploitation et les abus sexuels ;
- examiner les mécanismes d'aide
- informer les donateurs et la société civile des actions engagées pour appliquer la politique de « tolérance zéro ».
Le HCR a activement participé aux travaux de ce groupe de travail et a présidé son sous-comité de la protection. En juillet, le groupe de travail a adopté un plan d'action interagences, approuvé par les chefs de secrétariat de tous les organismes des Nations Unies concernés, et qui couvre la prévention, la gestion des mesures correctives et les questions concernant la mise en oeuvre.
A) Suivi du plan d'action
Le HCR tient absolument à mettre pleinement en oeuvre le plan d'action. Il a pris à cet effet un certain nombre de mesures précises afin de mieux contrer les sévices, les abus, l'exploitation et les violences sexuelles, y compris dans le contexte des crises humanitaires.
Code de conduite du HCR. Le HCR a élaboré son propre code de conduite, qui régit strictement les comportements et la conduite de son personnel international et local, encourage chacun à se montrer à la hauteur des idéaux portés par les Nations Unies, explique les normes de conduite qui doivent être respectées par tous aux termes de la Charte des Nations Unies et du règlement du personnel. Le nouveau Code de conduite a été paraphé par le Haut Commissaire, le Président du Conseil du personnel du HCR et les membres du Comité supérieur de gestion du HCR le 4 septembre 2002. Il est maintenant envoyé à tous les membres du personnel dans le monde entier, et chacun devra signer son exemplaire. De nouvelles clauses concernant la conduite des ONG partenaires seront incluses d'ici janvier 2003 dans tous les accords d'exécution conclus avec les ONG.
Les nouvelles directives révisées pour la prévention et l'abolition des sévices et violences sexuelles à l'encontre des réfugiés, rapatriés et déplacés, en particulier les femmes ont été mises au banc d'essai dans une vingtaine de pays avant d'être rédigées dans leur version définitive, et elles seront diffusées d'ici la fin de 2002. Le chef d'équipe pour les directives a piloté les tests expérimentaux, qui ont eu lieu à Abidjan pour l'Afrique de l'Ouest, en Guinée, en Thaïlande et en Indonésie. L'exercice s'est accompagné de séances de formation, de discussions avec les réfugiés, et de séances d'assistance pour l'élaboration des plans d'action.
Mécanismes de responsabilité devant les bénéficiaires. Un atelier de formation sur la gestion de la protection a eu lieu à Abidjan, et des ateliers régionaux sont prévus à Damas et à Lusaka. Ils traiteront des responsabilités en matière de gestion de la protection, notamment contre les violences, les abus et l'exploitation sexuels qui visent les femmes et plus particulièrement les enfants.
Si certaines des mesures susmentionnées peuvent être mises en oeuvre à peu de frais, d'autres nécessitent des financements et des effectifs supplémentaires. Le HCR examine aussi ses normes d'assistance dans le monde et un questionnaire sera envoyé à tous les bureaux d'ici la fin octobre 2002 pour déterminer les priorités.
B) Autres mesures d'ordre général
Le Haut Commissaire a promis aux femmes réfugiées que des stratégies spécifiques de lutte contre les violences et les abus sexuels seraient élaborées pour chaque pays. C'est dans cette perspective que le HCR a commencé à faire un bilan de ses réussites et de ses difficultés dans ce domaine.
Tous les directeurs de bureaux régionaux ont expressément demandé à leur personnel de terrain de tout mettre en oeuvre pour écarter toute possibilité d'exploitation sexuelle des réfugiés, ou de renforcer les mesures existantes.
Tous les bureaux régionaux ont désigné des responsables qui vérifient activement les mesures prises par les bureaux locaux.
Un aide-mémoire sur l'élaboration des stratégies de protection et sur les mesures de progrès a été envoyé aux bureaux locaux en juillet 2002. Il confirme que la protection et la sécurité des réfugiés en période de crise humanitaire et dans les camps passe par la prévention des violences et des abus sexuels de tous ordres, surtout ceux qui ciblent les femmes et les enfants. Il recommande une vigilance particulière lors de la détermination du statut de réfugié, des demandes de réinstallation, de la communication d'information sur les droits et prestations, et du traitement des dossiers individuels, qui peuvent être autant d'occasions de chantage sexuel.
Deux bureaux ont conduit des enquêtes internes sur des environnements « à haut risque » potentiellement propices à l'exploitation. Aucune anomalie n'a été relevée .
Les bureaux ont inscrit des activités spécifiques de prévention de l'exploitation sexuelle dans leurs plans d'opérations par pays de 2003. Ils ont décidé de garder en priorité le personnel de protection s'ils devaient procéder à des compressions d'effectifs.
Dans la mesure du possible, l'accueil des demandeurs d'asile à été confié à des femmes.
Les services de conseils aux réfugiés et demandeurs d'asile ont été étoffés. Certains bureaux mettent des téléphones à la disposition des réfugiés qui ont besoin d'assistance et de conseils téléphoniques.
De nombreux bureaux ont établi un système de plaintes et ont facilité l'accès des réfugiés au personnel international.
Certains bureaux locaux ont créé des comités composés de femmes, d'enfants, d'agents de protection et de représentants d'ONG pour régler les incidents impliquant des demandeurs d'asile ou des réfugiés, en particulier les affaires de violences familiales ou sexuelles.
Les mécanismes de contrôle du HCR ont été examinés et les visites dans les camps ont été globalement plus fréquentes.
L'information circule mieux. Des avis ont été placardés pour informer clairement les réfugiés de leurs droits et obligations et de ce qu'ils peuvent raisonnablement attendre en termes de protection et d'assistance.
La priorité des bureaux reste l'identification et l'enregistrement des enfants isolés, puis le regroupement familial ou à défaut le placement dans des foyers d'adoption.
Le HCR renforce son appui aux ONG nationales de femmes qui fournissent une aide sociale, économique et communautaire aux réfugiées et aux rapatriées, en particulier les plus démunies.
De nombreux bureaux locaux ont déjà organisé des sessions de formation, souvent conçues sur mesures, pour leur personnel et/ou ceux de leurs partenaires opérationnels : les gardes de sécurité, les réceptionnistes, mais aussi les policiers locaux affectés aux bureaux du HCR (et qui sont à ce titre en contact avec des demandeurs d'asile et des réfugiés) ont été informés des normes de conduite et des politiques en vigueur au HCR, et qu'ils sont tenus de respecter.
En mars-avril 2002, le conseiller principal régional pour les enfants réfugiés, qui est basé à Damas, s'est rendu au Yémen accompagné d'une consultante afin d'évaluer la situation des réfugiés somaliens et éthiopiens et d'éclaircir certains points concernant d'éventuels cas de maltraitance ou d'exploitation des femmes et des enfants. A la suite de cette mission, la HCR a pris immédiatement des mesures correctives dans ce pays.
Un haut fonctionnaire du siège relevant directement du Haut Commissaire assistant a été désigné pour coordonner de manière cohérente, efficace et performante les suites données aux recommandations contenues dans différentes évaluations : Politiques et directives du HCR concernant les femmes réfugiées et leur protection, Répondre aux besoins des enfants réfugiés en matière de droits et de protection, Le HCR et sa fonction de service communautaire.