Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Le point sur la situation humanitaire en Afghanistan n° 65

Le point sur la situation humanitaire en Afghanistan n° 65

10 septembre 2002

Le 10 septembre 2002

En bref :

  • Rapatriement le plus important depuis 1972

  • Aide du HCR dans les zones rurales

  • Déplacés internes afghans

  • Préparer l'hiver

  • Assurer la transition de l'aide d'urgence à la reconstruction

  • Retours du Pakistan et impact sur le tissu urbain pakistanais

Rapatriement le plus important depuis 1972

Depuis la fin de l'hiver, plus de 1,6 million de réfugiés sont rentrés du Pakistan, d'Iran et des républiques d'Asie centrale avec l'aide du HCR. Quelque 200 000 autres sont rentrés par leurs propres moyens. Le gouvernement afghan et le HCR prévoient à présent que les retours pourraient atteindre les 2 millions de personnes cette année.

Ce mouvement de retour volontaire constitue la plus importante opération de rapatriement effectuée par le HCR depuis 1972, lorsque plus de 9,8 millions de Bangladais sont retournés au Bangladesh depuis l'Est du Pakistan.

Les déplacés internes ont aussi été nombreux à regagner leur région d'origine. Les agences humanitaires ont aidé environ 230 000 déplacés à retourner chez eux, et 200 000 autres sont rentrés par leurs propres moyens.

Des milliers de réfugiés afghans continuent de rentrer chaque jour mais le rythme des retours diminue rapidement, au fur et à mesure que les températures nocturnes deviennent plus rigoureuses. Les Afghans qui se trouvent à la frontière pakistanaise ont indiqué au HCR que certaines familles hésitaient maintenant à rentrer en raison de l'approche de l'hiver. Quelque 196 000 réfugiés sont rentrés chez eux courant août, le maximum de retours ayant été enregistré en mai, avec plus de 412 000 personnes. Le nombre de rapatriés du Pakistan, en particulier, a fortement baissé en août.

Retour avec assistance du HCRPays d'asile
Mars :
Avril :
Mai :
Juin :
Juillet :
Août :
121 000
279 000
412 000
292 000
303 000
196 000
Pakistan
Iran
Asie centrale
1 465 000
185 000
10 000

En Iran par contre, l'augmentation du nombre de rapatriés a coïncidé avec un effort visible de la part du gouvernement iranien pour encourager les Afghans à rentrer. Le nombre de réfugiés quittant l'Iran a plus que doublé au cours du mois d'août, atteignant plus de 62 000 personnes, contre 26 000 en juillet. En outre, quelque 58 000 autres Afghans sont rentrés chez eux spontanément. Le total des retours aidés par le HCR et spontanés s'élève ainsi à 243 000 pour l'Iran, depuis avril.

Les retours en masse ont fait suite à la chute du régime taliban à la fin novembre 2001 et la mise en place du gouvernement intérimaire afghan, en vertu de l'accord de Bonn, deux événements qui ont encouragé des millions d'Afghans exilés ou déplacés à rentrer chez eux.

Le HCR a rapidement réagi à cette nouvelle situation, déménageant dès janvier dernier d'Islamabad pour réintégrer son siège opérationnel à Kaboul, redéployant et renforçant ses effectifs sur le terrain.

En mars, le HCR et le Ministère afghan chargé du rapatriement lançaient un programme conjoint d'aide au rapatriement volontaire. Le Ministère et le HCR avaient initialement prévu d'aider 1,2 million de réfugiés et personne déplacées à rentrer chez eux cette année, estimation jugée à l'époque trop optimiste par beaucoup. Mais les Afghans eux-mêmes ont maintenant montré que leur confiance dans les changements en cours dépassait les prévisions.

Malgré le vif désir des Afghans de regagner leur pays, le HCR estime que la situation sécuritaire et les conditions de vie ne sont pas encore pleinement satisfaisantes au point d'encourager, à ce stade, le retour de tous les réfugiés.

Afin de superviser son programme d'assistance et de protection en Afghanistan, le HCR a actuellement 30 bureaux dans l'ensemble du pays, avec des bureaux principaux situés à Kaboul, Mazar-e-Charif, Hérat, Kandahar et Djalalabad. L'agence emploie 630 personnes sur le terrain, dont 540 locaux.

Le HCR a besoin de 271 millions de dollars pour son opération en Afghanistan et dans les sept pays d'asile voisins. A la fin du mois de juillet, l'agence avait déjà dépensé 163 millions de dollars. Aujourd'hui, elle a reçu 91 pour cent du budget demandé, soit plus de 246 millions de dollars. Mais avec des millions d'Afghans toujours loin de leurs foyers, l'opération de retour nécessitera encore un soutien prolongé de la part de la communauté internationale.

Le programme d'aide au rapatriement du HCR vise à faciliter le retour des réfugiés en leur distribuant des biens de secours afin qu'ils puissent commencer à reconstruire et vivre à nouveau dans leurs villages et leurs communautés, dévastés par des années de conflit et de sécheresse. Les dossiers des réfugiés candidats à l'aide au retour sont tout d'abord examinés et vérifiés par le HCR dans les centres de rapatriement volontaire en Iran et au Pakistan.

Un système a été établi pour identifier et rejeter les dossiers des familles qui ne visent qu'à tirer parti de l'aide sans avoir réellement l'intention de retourner chez elles ou qui tentent de se présenter plusieurs fois. Ainsi, plus de 68 000 familles ont été à ce jour refoulées, après que les entretiens ont permis de déterminer qu'elles n'avaient aucune intention de rentrer, mais seulement d'obtenir le matériel d'assistance du HCR et la nourriture du Programme alimentaire mondial fournis aux rapatriés de bonne foi.

Le HCR fournit aux rapatriés, à leur arrivée en Afghanistan, une allocation de transport qui varie entre 5 et 30 dollars par personne, selon la distance à parcourir. Dans le cadre de leur programme conjoint d'aide au rapatriement, le Ministère afghan chargé des questions de rapatriement et le HCR ont ouvert 10 centres de trésorerie et 22 centres de distribution de biens de secours à travers l'Afghanistan. Les familles reçoivent un minimum de 50 kg de farine de blé du Programme alimentaire mondial et un kit domestique, composé de bâches en plastique, de savon et d'articles d'hygiène, donné par le HCR. La distribution de couvertures et de jerricanes a été interrompue à la mi-août pour pouvoir mieux répartir les stocks entre toutes les familles qui rentrent en plus grand nombre que prévu.

L'exode des réfugiés afghans a commencé en 1979. Beaucoup de familles ont fui à plusieurs reprises durant les 23 années de conflit. Le nombre de réfugiés avait atteint son maximum en 1990 avec 6,2 millions d'Afghans hors de leur pays. Le HCR n'a jamais cessé de fournir une assistance aux Afghans prenant le chemin du retour durant les périodes de troubles, mais le drame de l'Afghanistan avait peu à peu sombré dans l'oubli, jusqu'aux attentats du 11 septembre aux Etats-Unis et l'intervention américaine en Afghanistan.

Aide du HCR dans les zones rurales

Beaucoup d'Afghans qui retournent chez eux se retrouvent dans des villages dévastés par 23 ans de guerre et où les moyens de subsistance ont été réduits à néant par la longue sécheresse. Au début de l'opération d'aide au rapatriement, le HCR avait convenu avec le gouvernement d'aider en priorité les zones rurales.

Le HCR fournit également du matériel de construction d'abris pour aider les familles les plus vulnérables parmi celles qui rentrent. Des kits de construction, composés d'une porte et deux fenêtres, de poutres, de clous, d'un marteau et d'une pelle ainsi que de gonds de porte et d'une hache, sont en cours de distribution à plus de 41 000 familles représentant 400 000 personnes. Une vingtaine d'ONG travaillent avec le Ministère afghan chargé des questions de rapatriement et le HCR pour assurer la distribution de ces kits de construction d'abris dans les différentes provinces.

Nombre de kits de constructions d'abris à distribuer (par famille)
Centre :
Est :
Nord :
Ouest :
Sud :
13 500
9 300
7 300
5 200
1 100

L'eau étant un élément vital pour la réorganisation des communautés, le HCR sous-traite la construction ou l'approfondissement de près de 2 800 puits, de 270 latrines et la réparation de canalisations ou canaux d'irrigations.

La mise en place des projets d'abris et de distribution d'eau n'a pas été facile durant cette première année suivant la chute du régime taliban. Les agences humanitaires ont disposé de peu de temps pour rétablir leur présence, entre le moment où la situation a subitement changé en novembre et le retour massif des réfugiés afghans peu de temps après. Beaucoup d'organisations d'aide ne disposent pas des ressources nécessaires pour d'opérer dans des régions isolées, où les activités sont limitées par l'insécurité et la présence de nombreuses mines.

Déplacés internes afghans

Quelque 230 000 déplacés afghans sont rentrés chez eux depuis d'autres régions afghanes, avec l'aide du HCR, de l'Organisation internationale pour les migrations et d'agences partenaires. Plus de 200 000 autres sont rentrés par leurs propres moyens. Il y aurait environ encore 920 000 déplacés internes dans l'ensemble du pays.

Déplacés internes par région
Nord :
Sud :
Centre :
Est :
Ouest :
154 000
306 000
210 000
190 000
66 000
Estimation globale :926 000

La stratégie du HCR a consisté à mettre l'accent sur les régions de retour afin d'aider la réintégration à la fois des réfugiés et des déplacés.

Dans le nord du pays, où l'insécurité persiste en raison de tensions ethniques ou entre factions, la protection de certaines minorités demeure une source de préoccupation pour le HCR comme pour le gouvernement intérimaire. Dans certaines zones, beaucoup de Pachtouns, en particulier, ont été contraints de quitter leurs maisons. Près de la frontière sud avec le Pakistan, aux alentours de Spin Boldak et Chaman, il y a environ 60 000 déplacés afghans. Certains sont des Pachtouns qui ont fui le nord du pays mais il y a également des familles de nomades Kouchis qui ont perdu leurs troupeaux à cause du conflit et de la sécheresse et qui ont besoin d'aide.

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Ruud Lubbers, et le Ministre chargé des questions de rapatriement, M. Enayatullah Nazari, se sont entretenus avec des personnes déplacées à Spin Boldak fin août. Ils les ont assurées du fait que le gouvernement intérimaire fera son possible pour améliorer les conditions dans le nord, tout en soulignant que restaurer la sécurité et résorber les effets de la sécheresse prendra du temps. En un geste encourageant, les autorités du nord ainsi et le gouvernement central se sont mis d'accord pour mettre en place un mécanisme de consultation qui permettra, à terme, le retour des minorités.

Entre temps, à la demande des gouvernements afghan et pakistanais, le HCR a commencé le transfert des Afghans qui vivaient toujours dans un camp extrêmement précaire sur la frontière de Chaman, vers le site temporaire de Zhare Dasht, à l'ouest de Kandahar, où les familles déplacées peuvent recevoir une assistance adéquate. Plus de 900 familles ont déjà été volontairement transférées vers ce nouveau site.

Préparer l'hiver

La course contre la montre recommence pour assurer que les Afghans qui risquent d'être affectés par la rude saison hivernale reçoivent l'aide nécessaire. Selon le gouvernement afghan et les experts du HCR, près de 550 000 personnes pourraient être particulièrement exposées.

Ainsi, près de 290 000 rapatriés pourraient se retrouver en situation difficile, en particulier ceux qui seront rentrés tard dans l'année, lorsque l'accès et le transport vers les régions isolées s'avèreront problématiques. Selon les estimations des agences humanitaires, quelque 260 000 déplacés internes pourraient aussi affronter de graves problèmes dans les villages des hauts plateaux de la partie centrale de l'Afghanistan, totalement coupés du monde par les fortes chutes de neige.

En prévision de l'hiver, le HCR est en train de constituer des stocks de matériel de secours. 4 500 tentes, 15 400 réchauds, 116 000 couvertures et 34 000 bâches en plastique ont été mis de côté. D'autres articles ont été commandés, ainsi que 7 000 tonnes de charbon. D'autres agences humanitaires se préparent à distribuer des vivres et dégager les routes pour venir en aide aux populations vulnérables, ainsi que le prévoit le Plan d'action du gouvernement afghan pour la saison hivernale.

Assurer la transition de l'aide d'urgence à la reconstruction

Fin août, lorsque le Haut Commissaire Ruud Lubbers s'est entretenu avec le Président Karzaï, ils ont tous deux reconnu la nécessité de renforcer le lien entre les activités d'aide humanitaire et les projets de réhabilitation et reconstruction à long terme. Le HCR et les autres agences humanitaires aident les rapatriés au cours du stade initial de leur réintégration, mais il faut établir un pont entre ces activités et l'aide à la reconstruction. Au-delà du besoin immédiat d'eau et d'abris, les rapatriés ont besoin d'écoles, d'installations médicales, de systèmes d'irrigation et de nouveaux emplois pour leur permettre de refaire leur vie dans leur pays.

Outre sa collaboration avec le Ministère du rapatriement, le HCR a initié des pourparlers avec le Ministère de l'urbanisme et le Ministère de la reconstruction et du développement rural. Il est urgent que le gouvernement présente une stratégie pour la réintégration des rapatriés qui établisse un lien étroit entre l'aide humanitaire et l'aide au développement. Les besoins des rapatriés doivent impérativement figurer dans les plans de reconstruction de l'Afghanistan.

Retours du Pakistan et impact sur le tissu urbain pakistanais

Selon les estimations du HCR, il y avait 2 millions de réfugiés afghans au Pakistan. Toutefois, suite au retour de plus de 1,4 million d'Afghans chez eux - soit plus de trois fois et demies les prévisions initiales - le Pakistan estime qu'il y a encore 1,8 million d'Afghans sur son territoire. Ce chiffre, bien que considérable, représente déjà une nette diminution par rapport aux 3,4 millions d'Afghans qui se trouvaient au Pakistan, toujours selon les estimations gouvernementales, avant le début des opérations de retour assisté en mars.

L'impact de ce rapatriement massif est visible dans la capitale Islamabad, où l'on estimait que se trouvaient 150 000 Afghans auparavant. Un recensement du gouvernement pakistanais au mois d'août a conclu que seuls 29 128 Afghans résidaient encore à Islamabad, soit 20% du total initial. D'autres villes ont également vu leur population d'Afghans réduire fortement, comme à Peshawar.

La majorité des 1,4 million d'Afghans qui ont bénéficié de l'aide au retour du HCR étaient des Pachtouns, suivis des Tadjiks, des Hazaras, des Ouzbeks et des Turkmènes - un échantillon représentatif de la population afghane. Kaboul demeure la première destination.

Parmi les rapatriés, 74% vivaient dans les zones urbaines au Pakistan; bien moins nombreux à rentrer ont été les Afghans qui se trouvaient dans les anciens camps ou les nouveaux sites installés près des frontières.

Au début de l'opération de retour assisté, les Afghans habitant en dehors des camps représentaient la moitié de la population réfugiée au Pakistan. Aujourd'hui, selon les estimations du HCR, les Afghans qui résident dans les zones urbaines représentent seulement 27% du nombre total des réfugiés au Pakistan - 63% se trouvant dans les anciens camps de réfugiés, et les 10% restants dans les nouveaux camps établis le long de la frontière, où les réfugiés bénéficient d'une assistance plus importante du HCR.