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« Je peux chercher un emploi et éduquer mes enfants »

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« Je peux chercher un emploi et éduquer mes enfants »

Le HCR aide des milliers de Mozambicains déplacés à obtenir des documents d'identité, ce qui leur facilite l'accès aux emplois du marché formel et aux services essentiels.
22 Octobre 2021 Egalement disponible ici :
Des conseillers juridiques recueillent des renseignements auprès des personnes déplacées pour leur faire délivrer de nouvelles cartes d'identité à Cabo Delgado, Mozambique.

Après presque un an passé loin de sa famille à gagner sa vie tant bien que mal à Pemba, la capitale de la province mozambicaine de Cabo Delgado, Nana Ali peut enfin entrevoir le bout du tunnel. Elle a reçu de nouveaux documents d'identité qui faciliteront sa recherche d'emploi et lui permettront de se procurer des revenus dont elle a tant besoin.


En mars de l'année dernière, cette mère de 22 ans a fui Mocimboa da Praia, dans la région de Cabo Delgado, après l'invasion de la ville par des groupes armés. Quand la fusillade a éclaté aux environs de minuit, elle a pris la fuite avec les siens et s'est temporairement réfugiée chez un voisin.

« Nous n'avions pas assez d'argent pour payer le transport de toute la famille, c'est pourquoi seulement l'un d'entre nous a pu partir », explique Nana. 

Le trajet de sa ville côtière à Montepuez, à 250 kilomètres à l'intérieur des terres, coûte 500 meticals (environ huit dollars). Nana et son mari ont décidé qu'elle partirait la première et que le reste de la famille la rejoindrait par la suite.

Après quelques semaines à Montepuez, Nana s'est retrouvée à court d'argent, mais un camionneur a accepté de la conduire jusqu'à Pemba, une ville portuaire dynamique où elle espérait trouver du travail et faire quelques économies pour les envoyer à sa famille.

Elle a vite réalisé que les choses ne seraient pas faciles car ses papiers d'identité avaient expiré depuis longtemps, ce qui la mettait dans une situation difficile. Des documents d'identité valides sont en effet exigés pour être employé légalement au Mozambique.

« La beauté de ce projet est qu'il favorise un climat plus sûr pour tous. »

Incapable de travailler et de subvenir aux besoins de sa famille, Nana a dû se battre pour survivre dans la ville.

Tout comme Nana, Nambit, 21 ans, a également fui son village proche de Mocimboa da Praia en juillet de l'année dernière ; elle s’est d'abord arrêtée neuf mois à Palma avant de fuir de nouveau après l'attaque de la ville en mars dernier.

« Je ne sais pas où est mon mari. Nous avons été séparés dans le chaos », dit-elle.

Elle est finalement arrivée à Pemba où elle vit avec sa fille de cinq ans qui n'a pas d’acte de naissance.

La situation de ces deux femmes est courante chez les déplacés internes dont beaucoup n'ont pas de documents d'état civil, que la validité de leurs papiers ait expirée ou qu’ils aient été perdus dans leur fuite, si tant est qu’ils n’en aient jamais eus. Ces personnes se heurtent ainsi à nombre de difficultés faute de pouvoir se déplacer librement et n’ont qu’un accès limité aux aides et services essentiels tels que les soins de santé et l'emploi. Elles sont également confrontées aux risques de harcèlement, d'arrestation et de détention arbitraire.

Depuis le début du conflit en octobre 2017, environ 745 000 personnes ont été déplacées, les combats les plus récents de mars et avril ayant contraint 100 000 personnes – dont beaucoup étaient déjà déplacées – à fuir Mocimboa da Praia et Palma.

L'absence de papiers d'identité exacerbe les conditions de vie déjà difficiles des déplacés internes vulnérables. Toutefois, un projet conjoint du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et de l'Université catholique du Mozambique (UCM) aide les déplacés internes pour les aider à obtenir de nouveaux documents d'identité.

Margarida Loureiro, responsable du bureau du HCR à Pemba, souligne l'importance des documents d'état civil dans de telles situations de conflit.

« La beauté de ce projet réside dans le fait que les communautés déplacées et les communautés d'accueil sont assistées en matière d'état civil, ce qui favorise un environnement plus sûr pour tous », indique-t-elle.

Comme l’explique Samuel Chakwera, représentant du HCR au Mozambique, outre les dernières années de combat, les habitants de la province de Cabo Delgado subissent depuis longtemps un sous-développement chronique ainsi que des cyclones et d’autres difficultés.

« L’obtention des documents d’état civil permet aux déplacés et aux résidents locaux d’être acteurs de la reconstruction de leur existence », ajoute-t-il.

Un projet conduit à Mahate, un quartier de Pemba, offre des conseils juridiques aux déplacés internes et à leurs hôtes et facilite l’accès à l’enregistrement des naissances et aux documents d’état civil. Il sera bientôt étendu aux quartiers voisins de Metuge et Montepuez.

« Je peux faire venir ma famille ici pour que nous soyons à nouveau réunis. »

Il permet en outre à des étudiants en droit de mettre leurs compétences en pratique. Maria Abilio et Jesuino Sumaila, tous deux en quatrième année de droit à l’UCM, ont rejoint le projet en tant que conseillers juridiques.

« C’est bon d’aider les autres. C’est comme aider ma famille », dit Jesuino, 22 ans, ajoutant que la plupart des bénéficiaires sont originaires de Mocimboa da Praia qui est située non loin de Mueda, sa propre ville natale.

Maria ajoute que le projet permet aussi de soulager les épreuves des déplacés internes en leur donnant espoir. 

« C’est vraiment bouleversant d’entendre ces gens parler des abus et des violations dont ils ont été victimes. Nous avons la responsabilité commune de leur fournir des opportunités pour les aider à redémarrer », ajoute-t-elle.

Les centres d’aide juridique sont ouverts trois fois par semaine et reçoivent en moyenne 80 à 100 personnes par jour. Depuis décembre dernier, ils ont apporté leur aide à près de 13 000 déplacés internes, principalement des femmes et des enfants.

Nambit a entamé le processus qui lui permettra d’obtenir une nouvelle carte d’identité et un acte de naissance pour sa fille. Avec ces documents, elle pourra chercher un emploi et ainsi répondre aux besoins de sa petite famille.

Nana est quant à elle impatiente de retrouver les siens dès qu’elle aura obtenu ses nouveaux papiers.

« Maintenant, je peux chercher un emploi et éduquer mes enfants », confie-t-elle. « Et plus important encore, Je peux faire venir ma famille ici pour que nous soyons à nouveau réunis. »