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Le HCR préoccupé par les attaques de milices janjawid dans l'est du Tchad

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Le HCR préoccupé par les attaques de milices janjawid dans l'est du Tchad

Le HCR craint que la poursuite des attaques perpétrées par les milices janjawid dans l'est du Tchad n'aboutisse à de nouveaux déplacements internes de Tchadiens. L'agence s'inquiète aussi de l'insécurité persistante qui pourrait menacer les 213 000 réfugiés soudanais du Darfour abrités dans des camps frontaliers.
6 Juin 2006 Egalement disponible ici :
Des femmes déplacées dans le village de Gouroukoun, à l'est du Tchad. L'UNHCR craint que les attaques de milices janjawid ne poussent davantage de Tchadiens à fuir leurs maisons à l'est du pays et qu'elles ne menacent la sécurité des camps frontaliers abritant des réfugiés soudanais originaires du Darfour.

GOZ BEIDA, Est du Tchad, 6 juin (UNHCR) - L'UNHCR est extrêmement préoccupé par la poursuite des attaques perpétrées par les milices janjawid dans l'est du Tchad et le risque potentiel de nouveaux déplacements internes de Tchadiens. L'insécurité persistante représente aussi une menace pour les 213 000 réfugiés soudanais du Darfour qui se trouvent dans la douzaine de camps administrés par l'UNHCR dans cette région isolée située le long de la frontière avec le Soudan.

Samedi, des miliciens armés ont volé 350 têtes de bétail dans un village à 20 kilomètres à l'ouest de Koukou Angarana, dans la région de Goz Beida à l'est du Tchad. Aucun décès n'a été signalé, mais il s'agit du dernier exemple en date de l'escalade de la violence qui provoque de plus en plus de déplacements et parfois des morts.

Les attaques janjawid contre les Tchadiens semblent devenir plus systématiques et meurtrières depuis les trois derniers mois et il n'y a aucun signe laissant présager de la fin de cet engrenage. Mardi, l'UNHCR a réitéré son appel pour agir afin de mettre un terme aux violences.

« Nous pressons les autorités du Tchad et du Soudan de renforcer la sécurité dans les régions frontalières afin d'éviter de nouvelles attaques et de nouveaux déplacements. Nous réclamons un plus grand engagement international pour régler la question très grave de l'instabilité et de l'insécurité croissantes », a indiqué Ron Redmond, le porte-parole en chef de l'UNHCR lors d'une conférence de presse à Genève.

Environ 50 000 personnes sont déplacées dans l'est du Tchad. Elles ont fui leurs maisons ces derniers mois suite à une douzaine d'attaques menées par les milices janjawid. Dans certains cas, les personnes fuient de peur des risques d'attaques et beaucoup ont été déplacées à plusieurs reprises.

« Nous avons besoin de moyens pour aider les déplacés au Tchad », explique la déléguée de l'UNHCR au Tchad, Ana Liria-Franch, en réclamant une plus grande mobilisation de la communauté internationale. Elle souligne que l'UNHCR tente de fournir une assistance de base et une protection aux déplacés et précise que la plupart ont tout perdu.

Une importante attaque près de Modeyna les 3 et 4 mars derniers a provoqué le déplacement de milliers de villageois vers Koloye, à 15 kilomètres de distance. Des dizaines d'habitants auraient été tués pendant cette attaque. Les miliciens ont ensuite attaqué Koloye et les déplacés de Modeyna ont dû fuir à nouveau, cette fois vers Gouroukoun, un village près de Goz Beida.

Le 13 avril, des centaines de Janjawid ont attaqué le village de Djawara, massacrant plus de 100 hommes et volant des centaines de têtes de bétail. Djawara, à 60 kilomètres de la frontière soudanaise, et d'autres villages alentour sont maintenant désertés. La plupart des habitants ont fui vers le nord-est vers Dogdore pour rejoindre d'autres personnes récemment déplacées. Dogdore accueille maintenant environ 9 000 déplacés tchadiens.

Les équipes de l'UNHCR se sont entretenues avec de nombreux déplacés dans des installations spontanées. Ils disent que les attaques sont perpétrées par les milices janjawid venues du Soudan. « Ils portaient des vêtements militaires soudanais », a indiqué un homme au sujet des assaillants de Djawara.

Les déplacés ont aussi indiqué qu'à plusieurs occasions, ils ont reconnu des Tchadiens d'autres tribus prenant part aux attaques avec les milices janjawid soudanaises. Ils affirment que ces Tchadiens ont conclu des accords avec les milices pour éviter les attaques sur leur propre propriété et leur bétail.

Le 1er mai, un groupe de 150 janjawid a attaqué des gardiens de troupeaux près de Koukou, volant 2 000 têtes de bétail et tuant cinq personnes. Depuis début avril, des attaques répétées près de la frontière, particulièrement sur le village de Singitao, ont causé de nouveaux déplacements. Les agences des Nations Unies et les ONG ont pu transférer quelque 1 300 personnes déplacées vers le village de Habile, près de Koukou.

L'arrivée d'un nouveau groupe de déplacées dans les villages et les villes tchadiens sollicite fortement les ressources déjà limitées, notamment l'eau. La ville de Goz Beida, qui compte habituellement 6 000 habitants, accueille 14 000 réfugiés soudanais dans le camp de Djabal et doit maintenant compter avec 11 000 personnes supplémentaires, des déplacés tchadiens originaires du village voisin de Gouroukoun.

L'UNHCR a transféré 2 000 personnes de Gouroukoun vers d'autres villages pour alléger la pression exercée sur les ressources mais cela n'a pas été facile. « Ces personnes ont déjà été déplacées plusieurs fois ces derniers mois à cause des attaques janjawid et, de manière fort compréhensible, il leur a été difficile de songer à déménager de nouveau », a indiqué Bernard Lambrette, le coordinateur de l'UNHCR pour les déplacés internes dans l'est du Tchad. « Nous avons effectué plusieurs campagnes de sensibilisation à Gouroukoun auprès des femmes et des chefs tribaux et nous avons aussi organisé des visites vers les nouveaux villages pour leur montrer les avantages de ce transfert. »

Ces transferts s'inscrivent dans le cadre d'une approche groupée inter-agence relative aux questions des déplacés dans l'est du Tchad. L'UNHCR est responsable de la protection et de l'hébergement ; l'UNICEF de la santé et de l'eau ; et le PAM pour la sécurité alimentaire. Quelques ONG travaillent également avec nous.

Au total, 213 000 réfugiés soudanais se trouvent actuellement dans l'est du Tchad ainsi que 50 000 personnes déplacées. Il y a également quelque 47 000 réfugiés originaires de la République centrafricaine dans le sud du Tchad.

Par Hélène Caux à Goz Beida et Djawara, Est du Chad