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Les déplacements forcés ont atteint un niveau record en 2020, malgré une diminution des voies d'accès vers la sécurité.

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Les déplacements forcés ont atteint un niveau record en 2020, malgré une diminution des voies d'accès vers la sécurité.

Le nombre de personnes contraintes de fuir leur foyer a atteint un nouveau sommet l'année dernière. Le Covid-19 n'a pas empêché les conflits mais a rendu plus difficile la quête de refuge.

18 Juin 2021 Egalement disponible ici :
Shaker Ali est assis devant ce qui était autrefois un marché à Aden, au Yémen.

GENÈVE – Le nombre de personnes déracinées à cause des conflits, de la violence et d’autres abus a augmenté pour la neuvième année consécutive en 2020 pour atteindre 82,4 millions, bien que la pandémie de Covid-19 ait rendu plus difficile, pour les personnes déracinées, de trouver refuge à l’étranger, selon le dernier rapport Tendances mondiales publié ce jour par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Ce chiffre représente une personne sur 95 dans le monde, soit une augmentation de 4% par rapport à l’année précédente. Si le nombre de réfugiés dans le monde a continué de croître, cette augmentation s’explique avant tout par le nombre croissant de personnes forcées de fuir à l’intérieur même de leur propre pays (« déplacés internes »).

« Derrière chaque chiffre se trouvent une personne forcée de fuir son foyer et un récit de déplacement, de dépossession et de souffrance », a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi. « Ces personnes méritent notre attention et notre soutien, pas seulement sous forme d’aide humanitaire mais pour trouver des solutions à leur détresse. »

La pandémie de Covid-19 - dont le bilan à ce jour s’élève à plus de 3,8 millions de morts et qui continue de faire rage dans plusieurs de régions du monde - s’est avérée particulièrement dévastatrice pour les personnes vivant dans des communautés marginalisées, notamment les réfugiés, les déplacés internes et les apatrides, qui n’ont pas de nationalité.

La crise sanitaire a détruit des emplois et épuisé les économies des réfugiés, provoqué parfois la famine et forcé de nombreux enfants réfugiés à abandonner l’école, peut-être de façon permanente. Beaucoup de familles ont indiqué avoir envoyé leurs enfants au travail plutôt qu’à l’école pour réussir à joindre les deux bouts. Des jeunes filles réfugiées ont été exposées à des mariages précoces forcés et à un risque accru de violences sexuelles et sexistes.

La pandémie et les confinements qui en ont découlé se sont avérés particulièrement déstabilisateurs pour les réfugiés confrontés à des problèmes de santé mentale, et tentant de reconstruire une communauté et des réseaux de soutien loin de chez eux.

La psychologue vénézuélienne Loredana Hernádez Giraud, qui vit à Lima, au Pérou, est bénévole dans un centre d’assistance téléphonique gérée par Union Venezolana. Cette ONG vient en aide aux réfugiés et migrants vénézuéliens.

« Beaucoup de gens ont perdu leur travail et s’inquiètent constamment d’être expulsés… ou de manquer de nourriture, et ne savent pas quoi faire avec leurs enfants qui sont tout le temps enfermés », a-t-elle indiqué au HCR au printemps dernier.

« Nous voyons tous les types de cas, mais le cas le plus courant est la crise d’angoisse à cause du confinement. »

En raison des restrictions liées à la pandémie, couplées à la montée de la xénophobie, beaucoup de personnes déracinées se retrouvent avec des options limitées.

De nombreux pays, comme l’Ouganda, ont eu recours à des examens médicaux, des quarantaines temporaires, des entretiens à distance et d’autres dispositifs pour protéger la santé publique tout en continuant à ouvrir leurs portes aux réfugiés. Toutefois, au pic de la pandémie l’année dernière, plus de 160 pays avaient fermé leurs frontières et 99 d’entre eux n’avaient fait aucune exception pour les personnes en quête d’une protection internationale.

Les pays ont également réduit le nombre de places de réinstallation en 2020. Au tout début de la pandémie, le HCR et l’Organisation internationale pour les migrations ont suspendu leurs départs dans le cadre de la réinstallation en raison des restrictions aux frontières. Mais une fois qu’ils ont repris, seuls 34 400 réfugiés ont été réinstallés, soit le chiffre le plus bas en deux décennies.

Bien que de nombreux réfugiés aspirent à rentrer dans leur pays, la réinstallation offre une planche de salut à ceux qui ne le peuvent pas.

« Je serai le premier de ma famille à intégrer la faculté de médecine. Je suis un Américain de la première génération. »

L’ancien réfugié Abdallah Al-Obaidi avait à peine six ans quand une bombe a explosé dans son école en Irak. Il a fui en Jordanie avec sa famille où ils ont vécu pendant huit ans sans nationalité. En 2013, ils ont été réinstallés aux États-Unis. Abdallah a appris l’anglais en étudiant le dictionnaire, il est devenu délégué de sa classe au lycée puis il a intégré l’Université Emory à Atlanta, en Géorgie. Il rejoindra bientôt l’Université Tufts de médecine à Boston. Il reconnait que le parrainage lui a permis d’en arriver là, alors que le système éducatif peut être difficile pour les nouveaux arrivants.

« J’ai eu de la chance. J’ai trouvé une personne qui m’a parrainé et qui m’a pris sous son aile. Elle m’a présenté un programme appelé YPI (« Initiative pour les jeunes médecins »). Ce programme défend la diversité et l’enseignement de la médecine, en particulier pour les communautés défavorisées », a expliqué Abdallah lors d’une table ronde qui s’est tenue cette semaine en amont de la Journée mondiale du réfugié en présence du Haut Commissaire Filippo Grandi et de la Représentante permanente des Etats-Unis auprès des Nations Unies Linda Thomas-Greenfield. « Je serai le premier de ma famille à intégrer la faculté de médecine. Je suis un Américain de la première génération. »

La Journée mondiale du réfugié, qui a lieu tous les ans le 20 juin, rend hommage au courage et aux contributions des réfugiés du monde entier ainsi qu’à ceux qui accueillent les personnes déracinées au sein de leurs pays et leurs communautés.

Malgré les nombreux défis auxquels elles sont confrontées, les personnes déracinées et les apatrides dans le monde ont continué de s’impliquer dans leurs communautés. Beaucoup ont travaillé comme médecins et infirmiers pour lutter contre la propagation du coronavirus. Des hommes d’affaires réfugiés somaliens en Afrique du Sud se sont regroupés pour distribuer de la nourriture et des articles de première nécessité à des personnes en difficulté financière à cause des confinements. Au Kenya, une réfugiée ougandaise a donné des cours de yoga en ligne à des réfugiés et à des travailleurs humanitaires.

L’année dernière, les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays représentaient plus de la moitié du nombre de personnes déracinées, soit 48 millions. Ce nombre est plus élevé que jamais, avec une augmentation de 2,3 millions par rapport à l’année précédente. Les crises en Éthiopie, au Soudan, au Mozambique, au Yémen, en Afghanistan et en Colombie sont à l’origine de cette augmentation, ainsi que l’escalade de la violence dans les pays de la région du Sahel en Afrique, notamment au Niger, au Burkina Faso et au Mali.

« Derrière chaque statistique, il y a un être humain. »

Au Yémen, plus de 150 000 personnes ont fui leur foyer en 2020, portant le nombre total de déplacés internes à 4 millions, alors que la poursuite des combats contribuait à créer ce que les Nations Unies ont qualifié de « pire crise humanitaire » au monde. Environ 233 000 personnes ont perdu la vie depuis l’éclatement du conflit il y a six ans, en raison de la violence ou de causes indirectes comme la faim et l’absence de services de santé.

De nombreuses personnes déplacées internes vivent toujours dans des conditions effroyables.

« Nous avions une vie agréable mais nous ne nous sentions pas en sécurité. Nous avons fui le conflit. Aujourd’hui, nous nous sentons en sécurité, mais nous luttons pour survivre », a déclaré Samirah, une mère de quatre jeunes enfants, à un partenaire du HCR. Samirah a fui les combats dans le gouvernorat d'Al Hudaydah au Yémen l'année dernière.

Plus des deux tiers de tous les réfugiés sont originaires de seulement cinq pays : Syrie (6,7 millions), Venezuela (4 millions), Afghanistan (2,6 millions), Soudan du Sud (2,2 millions) et Myanmar (1,1 million). La plupart ont trouvé refuge dans les pays voisins. Ainsi, les pays à revenu faible et intermédiaire ont continué d’accueillir la majorité des réfugiés, soit 86%.

Pour la septième année consécutive, la Turquie accueillait le plus grand nombre de personnes déracinées au monde (3,7 millions), suivie par la Colombie (1,7 million, dont les Vénézuéliens déplacés à l’étranger), le Pakistan (1,4 million), l’Ouganda (1,4 million) et l’Allemagne (1,2 million).

Ecrit par Sarah Schafer