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Un adolescent congolais trouve la vie difficile au Kenya, mais s'accroche à ses rêves

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Un adolescent congolais trouve la vie difficile au Kenya, mais s'accroche à ses rêves

John a fui la guerre qui sévit à l'est du Congo, demandé asile au Kenya et trouvé un endroit pour vivre. Mais la vie est dure dans les grandes villes.
15 Avril 2010 Egalement disponible ici :
Des civils congolais sur la route après l'attaque de leurs maisons à l'est du pays. Les violences continuent à entraîner le déplacement de nombreux habitants, dont certains, comme John, fuient à l'étranger.

NAIROBI, Kenya, le 15 avril (HCR) - John*, un réfugié congolais âgé de quinze ans, ne demande pas grand-chose. Même s'il pense encore beaucoup à ses frères et soeurs portés disparus et à ses parents tués l'année dernière dans la province très instable du Nord-Kivu, tout ce que demande cet adolescent, c'est un matelas pour dormir et la possibilité d'apprendre l'anglais.

Si ce mineur non accompagné est confronté à de nombreux défis, il a au moins trouvé un toit grâce à une rencontre fortuite avec une autre réfugiée de République Démocratique du Congo (RDC) pleine de compassion. Jeanette vient de la même tribu que lui et vit avec les six autres membres de sa famille dans le bidonville de Soweto à Nairobi.

Avec l'aide du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), John a également fait une demande d'asile au Kenya. Il compte parmi les 50 000 réfugiés et demandeurs d'asile enregistrés à Nairobi, dont 951 mineurs non accompagnés, qui ont fui les conflits armés du Nord-Kivu. On estime qu'un très grand nombre de réfugiés ne s'est pas signalé auprès des autorités.

« La vie est dure au Kenya. Ici, je n'ai pas de travail, je ne vais pas à l'école, et je n'ai aucun d'ami », soupire John, qui est confronté aux mêmes problèmes que les millions d'autres réfugiés vivant dans un environnement urbain. Plus de la moitié des 10,5 millions de réfugiés relevant de la compétence du HCR vivent en ville, et parmi eux, on compte de plus en plus de femmes, d'enfants et de personnes âgées ayant des besoins particuliers.

L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés a réagi à cette évolution en adoptant une nouvelle politique qui insiste sur l'obligation du HCR et des Etats hôtes de protéger les réfugiés urbains et de respecter leur statut. Parallèlement, un rapport récemment publié par le Comité International de Secours et l'Overseas Development Institute, un groupe de réflexion britannique, s'intéresse spécifiquement aux obstacles que le HCR et ses partenaires doivent surmonter pour venir en aide aux réfugiés urbains de Nairobi.

Au Nord-Kivu, la famille de John gagnait sa vie en gardant des troupeaux de bétail, mais il raconte : « Nous devions sans cesse nous déplacer à cause de la guerre, et je n'ai pu aller à l'école que pendant un an ». En juin de l'année dernière, des combattants armés ont attaqué son village près de la ville de Betembo et John a dû fuir. « J'ai deux petites soeurs et deux frères, mais je ne sais pas s'ils ont survécu », dit-il. « Je sais seulement que ma mère et mon père sont morts ».

Livré à lui-même, le garçon a dû apprendre à se débrouiller seul. Craignant qu'il soit trop dangereux pour John de rester caché au Nord-Kivu, un autre gardien de troupeaux qui connaissait sa famille l'a aidé à traverser la frontière ougandaise, d'où il a ensuite rejoint Nairobi à l'arrière d'un camion.

Dans les grandes villes comme Nairobi, certains réfugiés ont du mal à entrer en contact avec le HCR pour bénéficier de l'assistance dont ils ont besoin, mais John a eu de la chance. Quelques jours après son arrivée dans la capitale kenyane, il a rencontré Jeanette sur un marché du centre-ville. « Quand je l'ai entendue parler ma langue, je suis allé la voir », se rappelle John. Elle lui a proposé de venir vivre dans la maison spartiate d'une seule pièce qu'elle partageait déjà avec six membres de sa famille.

John est conscient de la chance qu'il a eue, mais se rend compte que les choses pourraient changer. « Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir rester ici », dit-il. « Il n'y a pas assez de place pour moi, ni assez d'argent pour tous nous nourrir ».

La pièce où vivent, mangent et dorment ces huit personnes fait environ 10 mètres carrés. Une ampoule pend au plafond mais ne s'allume pas car la facture d'électricité n'a pas été payée. Il y a aussi un matelas derrière un rideau, un petit banc et un réchaud à gaz dans un coin. « Je passe la plupart de mes journées à tout faire pour aider Jeanette, en allant chercher de l'eau et en m'occupant des plus petits », explique John.

Bien que peiné par sa situation, John ne veut pas séjourner dans un camp, où il pourrait pourtant bénéficier d'une assistance complète avec un accès à l'éducation, aux soins et à la nourriture. « J'ai peur que les gens qui ont tué mes parents se cachent dans les camps pour me tuer moi aussi », dit-il. « Au moins, je me sens en sécurité ici à Nairobi ; il n'y a pas beaucoup de Congolais. Tant que je peux rester là, ça ira ».

Cependant, John et d'autres réfugiés dans le même cas ont vraiment besoin d'aide et la nouvelle politique du HCR tente de résoudre leurs problèmes. Pour l'agence et ses partenaires, il est plus compliqué de fournir des services et de répondre aux besoins des réfugiés en ville que dans les camps.

John, lui, ne renonce pas à ses rêves : « Un matelas pour dormir ! Et je veux étudier l'anglais. Acheter une petite voiture, peut-être, et devenir chauffeur. C'est mon rêve ».

Il n'a aucune envie de revenir au Nord-Kivu, où les violences ont contraint plus d'un million de personnes à quitter leur maison ces dernières années, la plupart se réfugiant dans d'autres régions de la province, notamment sur les sites gérés par le HCR.

* Prénom modifié pour des raisons de sécurité.

Par Dina Skatvedt Rygg à Nairobi, Kenya