Un avant-goût du retour pour des réfugiés burundais
Un avant-goût du retour pour des réfugiés burundais
BURUNDI, 14 mai 2004 (UNHCR) - « Il y a très longtemps que je n'avais pas vu le Burundi aussi tranquille et les gens aussi bien qu'aujourd'hui » a dit Léonard Nkezabahizi, un réfugié burundais, à sa famille et ses voisins rassemblés autour de lui.
Léonard a été l'un des dix réfugiés vivant dans des camps en Tanzanie qui a pu participer la semaine dernière à une visite « aller et voir » avec l'UNHCR dans sa région d'origine au Burundi avant de retourner ensuite dans son camp et de partager ses impressions et expériences avec les autres réfugiés.
Ce voyage devait aider les réfugiés à être le mieux informés possible afin qu'ils puissent en toute connaissance de cause prendre la décision de rentrer chez eux. Il s'agissait d'une première visite dans la province de Kirundo au Nord du Burundi, où plus de 12 000 réfugiés burundais sont déjà rentrés depuis 2002.
Cinq hommes et cinq femmes du camp de réfugiés de Lukole près de Ngara en Tanzanie ont donc visité leur commune d'origine de Buhinyuza et Busoni dans la province de Kirundo. Après s'être entretenus avec leurs familles, leurs voisins et les autorités administratives, ils se sont dits satisfaits par l'accueil chaleureux et heureux des améliorations de sécurité.
Ils ont visité le marché et la paroisse où ils ont rencontré beaucoup de personnes. Ils ont également vu les écoles et les dispensaires médicaux. Ils se sont aussi inquiétés des efforts encore à réaliser pour le logement individuel, les matériels scolaires pour les enfants rapatriés ou encore pour les soins de santé.
Ils ont été rassurés par les réponses fournies sur les problèmes de cartes d'identité, de protection et de sécurité. Ils ont aussi appris que les enfants rapatriés n'auraient pas à payer de frais de scolarité et que l'UNHCR les aiderait à construire leur maison individuelle en fournissant des tôles pour le toit et les éléments pour les portes et les fenêtres.
Le groupe de visiteurs a été particulièrement attentif à la disponibilité de terres pour les rapatriés. La plupart des réfugiés qui espèrent pouvoir rentrer chez eux dans les provinces du Nord du pays ont quitté le Burundi dans les années 90 et généralement n'ont pas rencontré de problèmes pour accéder à des terres lorsqu'ils sont rentrés. Toutefois, le problème des terres est plus difficile à résoudre pour les réfugiés qui ont quitté le Burundi dans les années 1970 et qui n'ont plus vécu sur le territoire burundais depuis plus de trois décennies.
« Le temps est venu pour les réfugiés burundais de rentrer chez eux » a dit Anne-Marie Ndimurwanko après une rencontre avec des rapatriés qui vendaient des haricots sur la place du marché.
Après leur retour dans le camp de Ngara, les dix représentants des réfugiés ont raconté leurs expériences à Radio Kwizera, une station de radio qui diffuse des programmes à destination des réfugiés en Tanzanie. Elle est dirigée par les Jésuites et emploie principalement des réfugiés.
La plupart des programmes de la radio parlent des conditions de vie des réfugiés dans les camps et de la situation sécuritaire et politique au Burundi. Beaucoup de réfugiés ont leur propre transistor et des groupes de réfugiés se forment pour écouter les informations et les autres programmes.
C'était le troisième voyage « aller et voir » au Burundi organisé depuis des camps de Tanzanie. Le premier groupe de réfugiés burundais venu du camp de Lukole a visité les provinces de Muyinga et Kirundo en mars dernier. Le second groupe s'est rendu dans la même zone ce mois-ci. Une quatrième visite est planifiée pour la province de Ruyigi dans l'Est du pays le dernier week-end du mois de mai.
Les visites furent l'une des recommandations de la dernière réunion tripartite à Arusha entre la Tanzanie, le Burundi et l'UNHCR. Quelque 40 000 réfugiés burundais sont rentrés chez eux depuis le début de l'année. Trois points de passage à la frontière entre le Burundi et la Tanzanie ont été ouverts les convois de retour organisés par l'UNHCR. Un quatrième point de passage pourrait être ouvert en juin.
Au total, 176 000 réfugiés rentrés au Burundi depuis 2002.