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Une nouvelle vague d'exode depuis Mogadiscio atteint une ville éloignée en Somalie

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Une nouvelle vague d'exode depuis Mogadiscio atteint une ville éloignée en Somalie

Depuis juin, près de 27 000 personnes ont fui la capitale somalienne, dont quelque 2 600 parmi elles sont arrivées à Galkayo, une ville située à 700 kilomètres de Mogadiscio, où de nombreuses autres personnes déplacées vivent déjà.
3 août 2007 Egalement disponible ici :
Une Somalienne, appartenant à la minorité bantoue, vient de recevoir une aide de l'UNHCR au sud de Galkayo, où beaucoup ont fui pour échapper à la violence à Mogadiscio.

GALKAYO, Somalie, 3 août (UNHCR) - Avec le regain de violence qui frappe Mogadiscio, des milliers de Somaliens ont été jetés hors de la capitale et sont de nouveau en fuite.

Depuis juin, près de 27 000 personnes ont fui la capitale. Environ deux tiers d'entre elles ont trouvé refuge dans les provinces voisines des Shabelles, mais 2 600 personnes ont fui vers le nord à Galkayo, une ville située à 700 kilomètres de la capitale dans la région de Puntland au nord-est du pays.

« Avant, la vie était supportable - quand les gens commençaient à échanger des tirs, vous pouviez toujours survivre en vous cachant derrière un mur ou en fuyant aussitôt après avoir entendu les coups de feu », explique Ali, qui s'est enfui de Mogadiscio il y a un mois. « Mais maintenant les explosions sont quotidiennes et vous pouvez être pulvérisé en un instant. »

Le jeune homme, qui est âgé de 25 ans et se dit attristé de ne plus pouvoir aller à l'université pour étudier l'anglais, a expliqué que les jeunes gens vivent dans la crainte d'arrestations arbitraires à Mogadiscio : « Chaque fois qu'il y a une explosion, les forces gouvernementales encerclent le quartier et arrêtent tous les jeunes hommes de mon âge, parfois même ils les tuent », a-t-il affirmé à l'agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Persuadé qu'il devait fuir, il est parti vers le nord, espérant atteindre le port éloigné de la ville de Bossasso et monter à bord d'un bateau de passeurs pour traverser la Mer Rouge vers les pays du Golfe. Mais la police du Puntland a refusé de le laisser voyager au-delà de Galkayo, où il survit avec l'argent envoyé par un proche.

Entre février et mai, plus de 400 000 civils ont fui les lourds combats qui ont opposé à Mogadiscio le Gouvernement fédéral de transition soutenu par l'Ethiopie à des insurgés. Environ 125 000 d'entre eux ont regagné la capitale mais le regain d'insécurité a poussé 6 000 personnes sur les routes en juin et 21 000 en juillet.

Le voyage de Mogadiscio à Galkayo est dangereux - les voyageurs doivent faire face à l'extorsion, au vol et parfois à pire.

Halima, une divorcée qui élève seule ses cinq enfants, a fui Mogadiscio avec eux il y a quelques semaines, lorsque la multiplication des explosions a rendu le travail impossible sur les marchés de la ville. Elle a été violée en chemin, et survit désormais à Galkayo en ramassant des déchets, gagnant ainsi les cinq dollars dont elle a besoin chaque mois pour louer une petite hutte de tôle rouillée, dans un campement pour personnes déplacées situé à la périphérie de la ville.

L'UNHCR a ouvert un bureau à Galkayo en janvier. L'agence est chargée de la coordination des efforts humanitaires sur le terrain. Près de 50 000 personnes déplacées ont fui vers Galkayo au cours des 16 dernières années, profitant de la stabilité relative de la ville malgré des combats entre clans.

« Galkayo est un lieu stratégique pour nos interventions parce que cette ville se situe à la frontière entre le sud-centre du pays et la région plus stable du Puntland, au nord-est », explique Guillermo Bettocchi, délégué de l'UNHCR pour la Somalie. Mais les déplacés font face à de nombreuses difficultés.

« Les nouveaux arrivants rejoignent des campements déjà surpeuplés par des déplacés internes, ce qui éprouve encore davantage les capacités de la population locale à faire face à l'arrivée de nouvelles personnes », ajoute-t-il. Les ressources en eau, en installations sanitaires, en éducation et en soins médicaux sont limitées.

La semaine dernière, l'UNHCR a distribué des articles non alimentaires tels que des couvertures, des ustensiles de cuisine et des jerricans au sud de Galkayo. L'aide a bénéficié à 780 familles de la minorité bantoue, qui sont particulièrement vulnérables car elles n'ont aucun clan pour les protéger.

Amina est elle aussi arrivée récemment. Elle explique que sa famille a fui Mogadiscio parce que son mari, tailleur, ne pouvait plus vendre ses produits et subvenir aux besoins de leurs jeunes enfants. « Nous avons pu partir mais certains de nos proches sont restés bloqués dans le quartier de Medina à Mogadiscio, car il est impossible de fuir sans risquer sa vie »

Amina et son mari ont construit un petit abri dans un campement à Galkayo, mais ils ne veulent pas y passer la nuit parce que des bandes armées rôdent dans le secteur. Ils dorment donc chez des proches qui sont installés dans la ville depuis quelques années.

« Ils sont eux-mêmes déplacés internes et ils avaient des difficultés à survivre au quotidien avant même que nous arrivions », rapporte-t-elle, ajoutant que ses enfants ne vont plus à l'école parce qu'elle ne peut pas payer les frais de scolarité.

Choukri, une jeune veuve, souligne que nombre de nouveaux arrivants sont des femmes et des enfants sans aucun homme pour assurer leur protection. Evoquant le danger que courent les déplacés internes dans les campements, elle explique qu'une nuit, des hommes armés ont essayé d'enlever sa soeur.

« J'ai quitté Mogadiscio il y a sept ans après avoir été blessée », a précisé Choukri à l'UNHCR, montrant des cicatrices sur sa jambe et expliquant qu'elle a toujours des balles dans le corps. « Les gens fuient à nouveau Mogadiscio et tout ce que nous avons à partager avec eux est notre pauvreté. »

Par Catherine Weibel à Galkayo, Somalie