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ONU : Le monde ne doit pas se détourner de la crise des Rohingyas

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ONU : Le monde ne doit pas se détourner de la crise des Rohingyas

Lors de leur visite dans des camps de réfugiés au Bangladesh à l'approche de la mousson, les chefs des agences des Nations Unies pour les réfugiés, la coordination des secours d'urgence et la migration appellent à un soutien durable pour les réfugiés et les communautés hôtes.
26 Avril 2019 Egalement disponible ici :
António Vitorino (assis à gauche), chef de l'OIM, Filippo Grandi (assis au milieu), chef du HCR et Mark Lowcock (assis à droite), chef d'OCHA, rencontrent le personnel du HCR sur le terrain dans l'installation de réfugiés de Kutapalong, au Bangladesh.

Cox's Bazar, Bangladesh - Le monde ne doit pas détourner son attention

C’était à la fois un appel et un avertissement lancé par trois hauts dirigeants de l'ONU en visite dans le camp de réfugiés de Kutupalong, le plus vaste au monde.

Plus de 630 000 réfugiés rohingyas ont rejoint cette installation après avoir fui les violences qui sévissaient contre eux au Myanmar en 2017. Environ 190 000 personnes vivent dans d’autres campements des environs, ainsi que 330 000 membres des communautés locales les plus touchées par cet afflux.

« Je lance un appel vibrant aux donateurs, à la lumière des difficultés que connaissent les gens ici et des risques potentiels posés par les cyclones et les moussons », a déclaré Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. « Nous avons besoin de ces ressources - pas dans trois mois, pas dans quatre mois, maintenant. »

Il était accompagné de Mark Lowcock, sous-secrétaire général des Nations Unies pour les affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence, et d'António Vitorino, directeur général de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), pour une visite de trois jours au Bangladesh.

Les trois hauts dirigeants de l'ONU ont appelé à poursuivre les efforts de solidarité envers les réfugiés et les populations locales qui les accueillent.

A Dhaka, le premier jour, ils ont rencontré la Première Ministre Sheikh Hasina qu’ils ont remerciée pour les efforts généreux déployés par le gouvernement au bénéfice des Rohingyas pendant plusieurs décennies, et en particulier depuis le début de la crise en 2017.

Les trois hauts dirigeants de l'ONU se sont ensuite rendus dans des camps. L'ONU, ont-ils déclaré, a répondu de manière unifiée à la crise des réfugiés rohingyas. Ils ont appelé à poursuivre les efforts de solidarité envers les réfugiés et les populations locales qui les accueillent. Le HCR, l'OIM et leurs partenaires apportent leur appui aux autorités pour gérer le complexe de 34 camps.

Les problèmes auxquels sont confrontés les réfugiés demeurent immenses. Selon les hauts dirigeants de l’ONU, plus de la moitié des 540 000 enfants réfugiés de moins de 12 ans n'ont pas scolarisés et les autres n'ont qu’un accès limité à l’éducation. Seul un petit nombre d'adolescents vont à l'école.

Mohammed Faisel, 23 ans, pose pour un portrait dans l'installation de réfugiés de Kutupalong au Bangladesh. En tant que réfugié rohingya du Myanmar, il dit profiter de chaque occasion pour parler avec les hommes de sa communauté de la nécessité de lutter contre la violence sexuelle et sexiste.

Les trois hauts dirigeants ont rencontré des hommes qui servent de modèles auprès de la communauté, ainsi que des femmes bénévoles. Les deux groupes se concentrent sur la sensibilisation et le soutien à la prévention et la lutte contre la violence sexuelle et sexiste. Ces groupes ont déclaré à la délégation de l’ONU qu'en l'absence de possibilités de travailler, d'apprendre et d'acquérir des compétences, l'oisiveté des réfugiés est décourageante et, avec le temps, profondément dommageable.

« Beaucoup d'entre nous ne sommes pas instruits », a déclaré Mohammed Faisal, 23 ans, un modèle masculin, en se référant à de nombreux réfugiés qu'il connaît. « Ils disent : ‘on est inutiles’. » Et, pour certains, la frustration les conduit à se sentir angoissés.

« Ce que l'ONU et d'autres institutions peuvent faire, a déclaré Mark Lowcock plus tard, c'est veiller à ce que tous les problèmes auxquels les femmes et les jeunes filles sont vulnérables soient abordés ici alors que les réfugiés se trouvent encore dans les camps. »

L'arrivée prochaine de la mousson et le besoin d'argent pour s’y préparer étaient une préoccupation majeure, mais les effets environnementaux de l'arrivée des réfugiés ont également été discutés. La construction des camps a entraîné une déforestation massive. Un important projet de reboisement a débuté.

Les hauts dirigeants de l'ONU ont souligné que le Plan d’aide conjoint pour 2019 a affecté une part importante pour l’aide à la population locale du Bangladesh et l’amélioration de l'environnement et de l'agriculture. Ils ont également appelé à davantage de soutien au développement pour les populations des communautés touchées dans le district de Cox's Bazar.

Les représentants de l’ONU ont vu des files d’attente comptant des centaines de Rohingyas pour l'enregistrement biométrique conjoint mené par le gouvernement et le HCR. Plus de 200 000 réfugiés ont déjà reçu une carte d'identité. Presque tous y voient un moyen d'ouvrir la porte pour un éventuel retour au Myanmar.

« Ce document me donne l'impression qu'il en sortira quelque chose de bon à l'avenir », a déclaré Alin Nisa. Elle a fui terrorisée avec ses quatre filles en août 2017. « Il nous aidera à rentrer dans notre pays, j'espère, ainsi qu’également au rétablissement de nos droits. »

« Avoir une identité est un droit fondamental de la personne », a déclaré Filippo Grandi après s’être entretenu avec des réfugiés lors du processus d'enregistrement. « Toute leur vie, beaucoup d'entre eux n'ont eu aucun document d'identité. C'est donc une étape essentielle vers une vie plus digne et plus sûre. »

« Ce document me donne l'impression qu'il en sortira quelque chose de bon à l'avenir. »

« Les réfugiés rohingyas sont pleinement conscients que s'ils retournent au Myanmar, ce retour doit s'accompagner de la reconnaissance de leurs droits fondamentaux en tant qu'êtres humains », a déclaré Antonio Vitorino. « Il est essentiel de trouver une solution qui respecte les intérêts des réfugiés à retourner au Myanmar pour reconstruire leur vie. »

La recherche d'une solution pour les réfugiés rohingyas sera toutefois difficile et il faudra faire preuve de patience. Plus tard, Filippo Grandi a déclaré aux journalistes que les efforts pour travailler avec le gouvernement du Myanmar sont lents. Un accord autorisant le HCR à se rendre dans un millier de villages rohingyas n'a permis d'en visiter qu'une centaine, bien qu'un nombre limité de projets à impact rapide ait maintenant démarré.

Filippo Grandi a dit espérer se rendre à nouveau au Myanmar en mai pour évaluer la situation à Rakhine, une région que les Rohingyas ont fui. Il a souligné que le Myanmar devait prendre des mesures clés et faire des avancées concrètes.

« Le Myanmar doit régler la question des droits des Rohingyas », a-t-il déclaré. « Cela inclut la liberté de circulation, l'accès aux emplois et aux services essentiels, ainsi qu’une voie vers la citoyenneté. »