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De jeunes volontaires rohingyas luttent contre les violences basées sur le genre dans les camps surpeuplés au Bangladesh

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De jeunes volontaires rohingyas luttent contre les violences basées sur le genre dans les camps surpeuplés au Bangladesh

Un projet soutenu par le HCR donne aux jeunes Rohingyas, hommes et femmes, les moyens de changer le comportement de leurs pairs.
9 Décembre 2022
UNHCR-backed programmes are empowering young Rohingya men and women to confront gender-based violence taking place in crowded Bangladesh camps.

Pour certains réfugiés rohingyas à Kutupalong - le plus grand camp de réfugiés au monde - la tombée de la nuit est synonyme de peur. C'est souvent le moment où les tensions de la journée se libèrent et où la violence entre hommes et femmes atteint son paroxysme. Les simples bâches et les murs en bambou des abris permettent à tout le voisinage d'entendre ce qui se passe.


La violence basée sur le genre est un problème récurrent ici depuis que la population a connu une forte augmentation il y a cinq ans avec l'arrivée de centaines de milliers de Rohingyas fuyant la violence au Myanmar. Quelque 650 000 réfugiés s'entassent désormais dans une zone de 13 kilomètres carrés. Avec peu de possibilités de gagner leur vie, une instruction limitée, un espace vital insuffisant et un manque d'exemples à suivre, les hommes déversent trop souvent leurs frustrations sur les femmes. Cette violence s'accompagne d'autres pratiques néfastes comme la traite des êtres humains, le mariage des enfants et les dangereux périples vers d'autres pays, autant de problèmes que le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, tente de résoudre.

Une initiative en particulier est porteuse d'espoir. Formés et mobilisés par le HCR et ses partenaires, de jeunes réfugiés se réunissent en plusieurs groupes, masculins, féminins et mixtes, pour attirer l'attention sur ces pratiques néfastes. Les différents projets - SASA, Girls Shine et Male Role Models - offrent aux jeunes volontaires un but, une source d'épanouissement et une petite rémunération. Et ils obtiennent des résultats.

« Avant, les gens ne comprenaient pas l'impact de cette violence sur leurs familles. »

Les volontaires partagent des informations avec les membres de leur communauté dans les mosquées, les stands de thé, les centres communautaires et en faisant du porte-à-porte. Parfois, ils soumettent des cas à la médiation des chefs religieux ou des chefs de camp. Les volontaires ont également plaidé pour la création d'un comité chargé d'assurer la liaison avec les autorités du camp, afin de contribuer à réduire la prévalence des mariages précoces.

Lors d'une récente session de sensibilisation, Jaber, 22 ans, un membre de l'initiative SASA, a expliqué comment il avait appris à utiliser son « pouvoir » à des fins positives. « Quand je suis arrivé ici, je ne faisais rien, je ne faisais que traîner », a-t-il dit. Grâce au projet, il a appris ce que sont l'abus de pouvoir et la violence domestique. « J'avais l'habitude de battre mes jeunes frères et sœurs. J'ai compris que c'était mal et j'utilise maintenant mon potentiel pour venir en aide à la communauté. »

Beauty, 25 ans, une femme membre du programme, décrit les changements survenus chez son mari. « Avant, mon mari ne travaillait jamais. Il jouait et était violent. Depuis que j'ai rejoint le projet SASA, j'ai pu lui apprendre certaines choses. Aujourd'hui, il a changé.  Si je suis malade, il fait la cuisine pour moi, ou si les enfants sont malades, il les emmène à la clinique.  Avant, les gens ne comprenaient pas l'impact de cette violence sur leurs familles. Mais grâce à notre programme, les gens comprennent mieux et font évoluer leur comportement. »

Les volontaires masculins identifient les auteurs de violences grâce à leurs réseaux ou à des témoignages de première main, et les approchent en privé, gagnant leur confiance, que ce soit autour d'un thé ou d'une noix de bétel, pour leur expliquer à quel point leur comportement est nuisible. « Pour nous, il s'agit d'instaurer une confiance avec ces hommes, de les informer », a déclaré Mohammed, un membre du groupe Male Role Models. « Au début, la polygamie était en hausse, tout comme le mariage précoce et les cas de violence entre partenaires intimes. Nous avons essayé d'en expliquer les conséquences. Ainsi, nous pouvons faire quelque chose de constructif pour notre communauté. »

Plusieurs hommes ont décrit comment, depuis qu'ils ont rejoint le programme, ils ont également commencé à apporter de l'aide dans leur ménage, en coupant les légumes ou en allant chercher de l'eau, par exemple. L'un d'entre eux a déclaré qu'il avait accepté que sa femme devienne enseignante bénévole, ce qu'il n'aurait jamais envisagé auparavant. « Nous avons un long chemin à parcourir », a-t-il dit. « Nous avons besoin de plus de soutien, de formations pour davantage de formateurs. »

Au cours des cinq dernières années, le HCR a établi 47 centres de services pour les victimes de violence basée sur le genre dans les 17 camps de Cox's Bazar, proposant une gestion des cas individuels, un soutien psychosocial et un système de renvoi vers d'autres services. Plus de 1000 volontaires communautaires travaillent à la prévention et à la lutte contre la violence basée sur le genre. Des locaux sécurisés pour les femmes et les jeunes filles offrent un refuge confidentiel, tandis que des centres de participation communautaire permettent aux hommes de se ressourcer et de s'informer sur ces questions. Des activités similaires sont en cours sur l'île de Bhasan Char, qui accueille environ 27 000 Rohingyas. 

Alors que la campagne des 16 jours d'activisme contre la violence basée sur le genre touche à sa fin, le HCR poursuit son appel à un soutien accru pour ces programmes. L'opération du HCR au Bangladesh est confrontée à un manque de financement. Elle n'a reçu que 42% de ses besoins de financement pour 2022, soit 285,1 millions de dollars, et ces programmes pourraient en pâtir.

Beauty, qui est membre de l'initiative SASA, a déclaré que le projet avait permis de modifier considérablement les comportements et a demandé qu'il soit poursuivi « pour le bien-être futur de la communauté ». 

Ayant changé ses habitudes, Jaber se tourne vers l'avenir. « Quand je me marierai, je veux avoir une relation saine avec mes proches, et ne jamais abuser de mon pouvoir sur ma femme. Je me comporterai de manière positive », a-t-il déclaré.

« Il est important de respecter les femmes et de bien les traiter. »