Des héros de l'action humanitaire honorés par la distinction Nansen pour les réfugiés du HCR
Des héros de l'action humanitaire honorés par la distinction Nansen pour les réfugiés du HCR
Les lauréats régionaux pour l’année 2025 de la distinction Nansen pour les réfugiés décerné par le HCR.
Un homme d'affaires mexicain qui aide les réfugiés à reconstruire leur vie grâce au travail, une militante irakienne qui soutient des femmes victimes de conflits dans la région du Kurdistan irakien, un réfugié afghan qui offre une éducation abordable et de qualité aux réfugiés et aux communautés qui les accueillent au Tadjikistan, et une ONG ukrainienne qui fournit une aide vitale en première ligne du conflit sont récompensés par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Ces quatre héros sont les lauréats régionaux de la distinction Nansen pour les réfugiés du HCR qui récompense des individus, des groupes et des organisations qui se distinguent par leur contribution exceptionnelle à la protection et à l'aide aux personnes déracinées et apatrides à travers le monde.
La remise des prix se déroulera lors d'une cérémonie à Genève le 16 décembre, en présence du lauréat mondial de cette année, Martin Azia Sodea, chef du village de Gado-Badzéré, dans l’est du Cameroun, qui a accueilli et intégré des dizaines de milliers de réfugiés provenant de la République centrafricaine.
Les lauréats régionaux de la distinction Nansen pour les réfugiés du HCR cette année sont :
Pablo Moreno Cadena – Amériques
Cadre supérieur chez MABE, fabricant mexicain d'appareils électroménagers, Pablo Moreno Cadena a piloté les efforts déployés par l'entreprise pour employer des réfugiés provenant du Honduras, du Salvador et du Guatemala, offrant ainsi une chance de rebondir à des centaines de personnes fuyant la violence et l'instabilité.
Les efforts d'inclusion de l'entreprise vont au-delà de la simple création d'emplois. Sous la direction de ce leader visionnaire, les réfugiés sont pleinement intégrés au sein de la solide communauté professionnelle de MABE et bénéficient d'opportunités d'évolution professionnelle et d'un accès à la protection sociale pour eux-mêmes et pour leurs familles.
Selon Pablo Moreno, le succès du programme tient au fait que les réfugiés se révèlent être des atouts plutôt que des fardeaux, enrichissant l'entreprise et les communautés qui les accueillent. Cela est confirmé par le fait que l'initiative a inspiré plus de 600 autres entreprises au Mexique à adopter des pratiques d'embauche inclusives similaires.
Pablo Moreno Cadena entre les piles d'appareils électroménagers emballés dans l'usine de production MABE à Saltillo, au Mexique.
Marcos Aguilar (à gauche), employé de MABE et réfugié hondurien, salue Pablo lors d'une visite à l'usine de l'entreprise à Saltillo, au Mexique.
Pablo Moreno Cadena salue un collègue de MABE au siège de l'entreprise à Mexico.
« Nous sommes conscients du fait que les réfugiés qui rejoignent la famille MABE l'apprécient énormément, car ils ont enfin une seconde chance dans la vie », a déclaré Pablo Moreno. « Mais honnêtement, je peux vous dire que notre communauté a davantage appris d'eux qu'ils n'ont appris de nous. Cela nous enseigne à tous une grande leçon sur ce qu'est le courage... faire face à des circonstances telles que celles qu'ils ont vécues et ne pas perdre la foi. »
« Mais le plus important, c'est tout simplement que tout le monde y gagne. »
Taban Shoresh – Moyen-Orient et Afrique du Nord
Taban Shoresh, travailleuse humanitaire, militante des droits des femmes et survivante du génocide originaire de la région du Kurdistan irakien, s'est inspirée de sa propre expérience pour fonder The Lotus Flower, une organisation dirigée par des femmes qui soutient les femmes et les filles irakiennes affectées par le conflit et le déplacement.
Passant de deux employés en 2016 à une équipe de 150 personnes aujourd'hui, The Lotus Flower a aidé plus de 100 000 personnes, dont la plupart sont des survivantes de viols, de tortures, de traite et d'esclavage, en leur offrant des opportunités en matière d'éducation, de sport, de développement de compétences et de moyens de subsistance.
Taban Shoresh décrit le travail de l’organisation comme source d'espoir, de force et de résilience pour les femmes et des filles assistées, leur permettant ainsi de participer pleinement et d'être des agents du changement au sein de leurs propres communautés. C'est cette approche valorisante qui leur vaut aujourd'hui cette distinction régionale.
Des filles participent au projet « The Skating Sisters », mené par l'organisation The Lotus Flower dans le camp de Rwanga qui accueille des personnes déplacées dans la région du Kurdistan irakien.
Taban Shoresh, fondatrice de The Lotus Flower, organisation dirigée par des femmes qui vient en aide aux victimes de conflits en Irak.
(De gauche à droite) Mariam, Nafiya et Hamrin produisent de la confiture dans le camp de Domiz qui accueille des réfugiés syriens dans la région du Kurdistan irakien.
« Pour quiconque est confronté à l'adversité, en particulier à travers les conflits et les déplacements, la résilience et la force nécessaires pour surmonter de telles épreuves vous donnent les outils nécessaires pour apporter beaucoup au monde », soutient Taban Shoresh.
Cette philosophie est reprise par Nathifa, formatrice au sein de l'organisation The Lotus Flower dans la région du Kurdistan irakien. « Ce que nous avons vécu n'a pas été facile », rappelle-t-elle. « Mais ces épreuves nous ont incitées à nous relever, à être fortes et à nous aider nous-mêmes ainsi que les autres. »
Negara Nazari – Asie
Arrivée au Tadjikistan en 2012 après avoir fui l'Afghanistan, Negara Nazari a obtenu un diplôme en économie grâce à une bourse DAFI pour réfugiés accordée par le HCR. Plutôt que de se lancer dans une carrière dans le secteur privé, elle a choisi de s'investir dans la création d'un centre destiné aux jeunes réfugiés afghans qui n'ont pas accès à l'éducation.
Comptant seulement 20 élèves à ses débuts en 2020, l'Ariana Learning Center (ALC) accueille aujourd'hui plus de 1 200 jeunes apprenants inscrits sur la base du principe « payez ce que vous pouvez » et s'est développé pour inclure des enfants tadjiks locaux ainsi que des Afghans.
Outre des cours de langues, de technologie, de mathématiques et d'arts, l'ALC propose des services de conseil psychologique et des programmes de leadership et de gestion destinés aux femmes réfugiées afghanes. Il dispose également d'une école maternelle pouvant accueillir 220 jeunes enfants.
Des réfugiés afghans et des élèves tadjiks assistent à un cours au centre d'apprentissage Ariane à Vahdat.
Negara et son mari Wakil marchent ensemble à Vahdat, au Tadjikistan, où ils ont cofondé le centre d'apprentissage Ariana.
« Le centre est géré par une femme afghane compétente. Cela démontre à quel point les femmes peuvent jouer un rôle important dans l'éducation et au sein de notre communauté », explique Fatima, une étudiante afghane.
Nazari affirme que l'impact de l'ALC confirme qu'elle a fait le bon choix de carrière. « Aujourd'hui, je me rends compte que le véritable succès ne se mesure pas à ce que nous avons accompli pour nous-mêmes, mais au nombre de vies que nous avons touchées. »
Proliska – Europe
Proliska est une ONG ukrainienne fondée en 2006 qui est devenue pleinement opérationnelle après le début du conflit armé en 2014. Elle a continué à intervenir dans certaines des zones les plus dangereuses et isolées du pays après l'invasion à grande échelle menée par la Russie en 2022.
Son personnel dévoué travaille sans relâche pour fournir une aide vitale et une protection à des millions de personnes victimes de la guerre. Ils sont souvent parmi les premiers à intervenir après les attaques aériennes, veillant à ce que les plus vulnérables – notamment les personnes âgées, les personnes en situation de handicap et les familles disposant de peu de ressources – ne soient pas oubliées.
Outre l'évacuation d'habitants des zones de combat et l'aide apportée aux personnes nouvellement déplacées dans les centres de transit et les sites collectifs, Proliska fournit également de la nourriture, de l'eau, des soins médicaux et d'autres formes d'aide essentielles à ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas fuir les zones touchées par les combats.
Lyzatska Mariia, 72 ans, évacuée de Kostiantynivka, est aidée par Oksana Taranenko (à droite), assistante sociale travaillant pour Proliska, au centre de transit de Pavlohrad, dans l'est de l'Ukraine.
Le chef de Proliska, Yevhen Kaplin (à droite), et le coordinateur régional de Dnipro, Oleksii Prima (à gauche), planifient un itinéraire d'évacuation dans l'oblast de Dnipropetrovsk, dans l'est de l'Ukraine.
Un membre du personnel de Proliska pose des isolants sur les fenêtres d'une pièce abritant des personnes déplacées sur un site collectif à Dnipro, dans l'est de l'Ukraine.
Ce qui distingue véritablement Proliska, c'est le courage, la compassion et l'engagement profonds de son personnel, dont le travail inlassable pour aider leurs compatriotes dans le besoin – souvent au péril de leur vie – est récompensé par cette distinction.
« Proliska est toujours la première sur place lorsqu'il faut apporter de l'aide », explique Yevhen Kaplin, directeur de Proliska. « Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de notre personnel sont soit des personnes déplacées, soit des personnes provenant des zones de front où nous travaillons. Ce qui les motive, c'est le souhait, si quelque chose leur arrivait, d'être aidés aussi rapidement qu'ils le font en tant que membres de notre équipe. »
La distinction Nansen pour les réfugiés du HCR a été créé en 1954 en l'honneur de Fridtjof Nansen, humanitaire, scientifique, explorateur et diplomate norvégien, premier Haut Commissaire pour les réfugiés. Cette prestigieuse distinction est décernée chaque année à des personnes, des groupes ou des organisations en reconnaissance de leur dévouement exceptionnel en faveur des réfugiés, des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays et des apatrides. La première lauréate de la distinction Nansen fut Eleanor Roosevelt. Cependant, cette distinction récompense souvent le travail de personnalités moins connues, des héros méconnus dont l'action apporte de l'espoir à ceux qui ont fui leur foyer.
Autres articles et reportages
