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Les familles déplacées au Myanmar se préparent à la mousson après le passage d'un cyclone

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Les familles déplacées au Myanmar se préparent à la mousson après le passage d'un cyclone

Dans l'État de Rakhine, durement touché, les fortes pluies vont aggraver la situation pour les centaines de milliers de personnes déplacées dont les habitations ont été endommagées par le cyclone Mocha.
31 Juillet 2023 Egalement disponible ici :
Une femme tient son petit enfant entouré des débris d'une violente tempête

Rohingya déplacée interne, Ma Phyu Ma, 37 ans, se tient au milieu des décombres dans son village après le passage du cyclone Mocha.

Chaque année, entre juin et octobre, les communautés de l'État de Rakhine au Myanmar se préparent aux pluies quotidiennes qui balaient la région pendant la mousson.

Chaque année, entre juin et octobre, les communautés de l'État de Rakhine au Myanmar se préparent aux pluies quotidiennes qui balaient la région pendant la mousson.

Cette année, la mousson posera des défis particuliers. En mai, le cyclone Mocha, la tempête la plus violente à avoir frappé le Myanmar depuis le cyclone Nargis en 2008, a touché terre sur la côte de l'État de Rakhine, provoquant des destructions massives.

Deux mois après son passage sur la partie ouest du Myanmar et le sud du Bangladesh, des scènes de désolation sont encore observables le long des routes qui partent de Sittwe, la capitale de l'État. Des bâtiments aux murs effondrés, aux toits envolés et aux fenêtres brisées, ainsi que des poteaux électriques tombés et d'autres dégâts parsèment le paysage.

L'État de Rakhine abrite plus de 228 000 personnes déplacées internes, contraintes de quitter leur foyer en raison de violences et de conflits intercommunautaires, dont 157 000 membres de l'ethnie Rohingya qui vivent dans des camps surpeuplés depuis 2012.

À Dar Paing, un camp accueillant plus de 12 000 Rohingyas déplacés internes, les décombres s'étendent à perte de vue et le sol reste gorgé d'eau. Le camp a été l'un des plus durement touchés par le cyclone, qui y a fait 10 morts.

Un jeune homme traverse à vélo une scène de destruction suite à un cyclone

Deux mois après le passage du cyclone Mocha, les dégâts causés au village de Dar Paing sont toujours visibles.

La ville de Sittwe, où se trouve Dar Paing, est située au confluent de trois rivières qui se jettent dans l'océan Indien : la Kaladan, la Lay Myo et la Mayu. La localité s'est trouvée sur la trajectoire directe du cyclone et les crues qui l'ont accompagnée ont provoqué des inondations à grande échelle dans les zones de faible altitude, faisant un nombre encore inconnu de victimes.

Les habitants de Dar Paing n'ont pas eu beaucoup de temps pour pleurer leurs victimes. Les pluies de mousson ayant déjà débuté, les habitants du camp tentent de reconstruire leurs habitations du mieux qu'ils peuvent avant que la saison des pluies n'atteigne son niveau maximal. Jusqu'à présent, seule une partie des habitations endommagées ou détruites a été réparée, et des milliers de personnes sont toujours exposées aux intempéries.  

« Notre communauté est confrontée à de nombreux défis. Beaucoup de gens ont besoin qu'on les aide à réparer leurs toits. Les pluies sont arrivées et je crains que la situation ne devienne intenable », indique Amraan, un bénévole du camp. 

La mousson vient s'ajouter aux difficultés auxquelles font face ces communautés qui vivent déjà dans une situation très précaire. Les Rohingyas sont victimes de graves discriminations au Myanmar, ce qui les empêche de jouir de leurs droits fondamentaux. Nombre d'entre eux vivent dans une extrême pauvreté en raison des restrictions à leur liberté de mouvement qui limitent leurs possibilités de se procurer un revenu ou d'accéder aux services de base tels que l'éducation et les soins de santé. 

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et ses partenaires locaux redoublent d'efforts pour venir en aide aux communautés déplacées et non déplacées en intensifiant leur assistance dans les zones où les autorités ont accordé un accès, même limité, à l'aide humanitaire.

Des travaux sont en cours dans les camps et villages de déplacés pour distribuer rapidement des bâches et reconstruire les abris communaux. À ce jour, plus de 100 000 personnes ont bénéficié d'une aide sous forme d'abris et d'articles ménagers essentiels.

« Les besoins liés à la mousson de cette année sont immenses », explique Federico Sersale, chef du bureau du HCR à Sittwe. « Bien que nous ayons pu atteindre un grand nombre de personnes, il est nécessaire d'améliorer l'accès pour que nous puissions en atteindre davantage et les aider à se protéger des précipitations. »

Une femme est assise dans un abri de fortune en bambou

Abia Khartu assise dans un abri de fortune dans le village de Basara. Son logement a été détruit par le cyclone.

Tout au long de la côte de l'Etat de Rakhine, les récits de souffrance et de détresse ne manquent pas. Abia Khartu, 63 ans, une Rohingya du village de Basara, a perdu son logement et ses biens à cause du cyclone. « Après le passage du cyclone, j'étais en état de choc. Je ne pouvais même plus retrouver ma maison. Tout a été détruit », explique-t-elle. Elle vit désormais dans un abri de fortune recouvert d'une bâche fournie par le HCR.

Son espace de vie est sommaire et ne contient que quelques objets personnels, en plus d'un matelas de couchage, d'un seau, d'une couverture et de quelques ustensiles de cuisine. Ces articles ménagers de base sont distribués par le HCR et ses partenaires pour aider les populations à faire face à la perte de leurs effets personnels.

Des solutions durables sont nécessaires

Aucune des localités situées sur la trajectoire du cyclone n'a été épargnée. Dans le centre-ville de Sittwe, les résidents du monastère de Ngai Sa Rai s'inquiètent de l'état des abris et des infrastructures communales. « Le cyclone a détruit 10 des 12 latrines du monastère. Maintenant, il y a de longues files d'attente tous les matins et nous manquons également d'espaces de toilette pour les femmes », explique Ma Soe Yai, 31 ans.

Le monastère bouddhiste sert de refuge à 35 familles rakhines depuis qu'elles ont été déplacées par le conflit entre l'armée d'Arakan et les forces armées du Myanmar en 2020. Tous les abris communaux du site, qui peuvent accueillir chacun jusqu'à six familles, ont été plus ou moins gravement endommagés par le cyclone.

« Il m'est difficile de ne pas m'inquiéter. Mon toit fuit à chaque fois qu'il pleut. Si une autre tempête devait avoir lieu, mon abri pourrait s'effondrer. Je me trouve dans une situation très difficile », confie Ma Soe Yai.

Le HCR travaille en étroite collaboration avec des organisations partenaires pour assurer la distribution de bâches, la reconstruction des abris endommagés et la réparation des équipements collectifs. 

Non loin de là, dans le quartier de Set Yon Su, un site informel où vivent un petit nombre de déplacés de l'ethnie Rakhine, U Aye Dun, 65 ans, a récemment terminé la reconstruction de son abri qui s'est effondré pendant la tempête.

Recouvert d'une bâche blanche fournie par le HCR, il lui a fallu plus de deux semaines pour reconstruire son abri. « J'ai tout fait moi-même. J'ai des connaissances dans le travail du bambou, j'ai donc pu reconstruire mon abri sans embaucher de main d'œuvre supplémentaire. Sinon, cela aurait coûté très cher », explique-t-il.

Mais comme il est travailleur journalier, U Aye Dun n'a pas pu gagner d'argent pendant la reconstruction de son abri. De nombreuses autres personnes appartenant à cette communauté défavorisée sont confrontées à la nécessité de renoncer à leur salaire journalier pour pouvoir réparer leurs abris et rester au sec pendant la mousson. 

Alors que les prix des produits de base montent en flèche suite au passage du cyclone, la fourniture de bâches et d'articles ménagers de première nécessité a permis d'apporter un certain soutien aux familles les plus vulnérables.

Mais il reste encore beaucoup à faire. Les Nations Unies estiment qu'au moins 657 000 personnes dans l'ensemble de la province de Rakhine ont besoin d'une aide en matière d'hébergement, alors qu'elles étaient 390 000 avant le cyclone. Nombre d'entre elles se trouvent dans des endroits difficiles d'accès où la présence des organisations humanitaires est limitée.

« Notre priorité actuelle est de s'assurer que les gens ont un toit au-dessus de leur tête, mais il est également important de continuer à accompagner les communautés déplacées dans la recherche de solutions à plus long terme, y compris à travers l'accès aux droits et aux services de base, et l'aide au retour vers leurs lieux d'origine ou de préférence », conclut Federico Sersale, du HCR.