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Le plan d'allocation de terres produit ses premiers résultats en Afghanistan

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Le plan d'allocation de terres produit ses premiers résultats en Afghanistan

Le Gouvernement afghan a lancé un projet pilote et distribué des terres au nord et à l'est du pays à des milliers de rapatriés qui n'en possédaient pas. Des fonds sont maintenant nécessaires pour bâtir des logements, des hôpitaux, des écoles, des réseaux de distribution d'eau et pour créer des emplois qui participent à la reconstruction de ces communes de rapatriés.
14 Septembre 2006 Egalement disponible ici :
Des jeunes rapatriés rentrés d'Iran aident leurs parents à construire leur maison sur une terre gouvernementale dans la commune d'Ettehad, dans la province de Baghlan.

PUL-I-KHUMRI, Afghanistan, 14 septembre (UNHCR) - Le Gouvernement afghan a lancé un projet pilote d'allocation de terres et a distribué des terrains à des milliers de rapatriés afghans rentrés dans le nord et l'est du pays.

Cette initiative constitue une avancée dans un pays tourmenté par d'innombrables conflits fonciers. Selon le recensement des Afghans organisé au Pakistan en 2005, 57 pour cent de ceux qui ne voulaient pas rentrer donnaient comme raison principale le manque de logement, alors que seulement 18 pour cent citaient leurs sources de revenus et la situation sécuritaire comme obstacles au rapatriement.

« Il n'est pas facile, surtout dans un pays qui sort de la guerre, de distribuer des terres à des gens qui n'en possèdent pas, en particulier à des rapatriés qui ont été absents du pays pendant longtemps », indique Ustad Akbar, Ministre afghan chargé des réfugiés et du rapatriement. « La sélection des terres a représenté un défi et je suis heureux de pouvoir annoncer que nous avons établi des communes dans 29 provinces. »

Selon le plan d'allocation des terres, formalisé en décembre 2005 par un décret présidentiel, pour pouvoir recevoir de la terre, un rapatrié ou une personne déplacée à l'intérieur de son propre pays, doit posséder une carte d'identité nationale de sa province d'origine, ainsi que des documents prouvant son retour en Afghanistan ou son déplacement interne.

En outre, le demandeur ne doit pas posséder de terre ou de maison à son nom, ni au nom de son épouse ou son enfant. La priorité est donnée aux familles dirigées par les femmes et aux rapatriés handicapés, ou ayant perdu leur conjoint.

Le choix est effectué par des commissions interministérielles à Kaboul et dans les provinces, qui décident également du prix de la terre. Plus de 300 000 lots de terre appartenant à l'Etat ont été identifiés à ce jour dans 29 provinces, et environ 18 000 ont été distribués. Toutefois, des revendications foncières de propriétaires terriens et un manque de coordination entre les ministères ont freiné l'exécution du plan dans certaines régions.

La commune d'Ettehad dans la province de Baghlan, au nord, a en revanche fait des progrès considérables. Trois mille lots de terre, mesurant chacun 600 mètres carrés, ont déjà été attribués et 2 700 familles sont en train d'y construire leurs maisons.

Une organisation humanitaire française aide à y construire 1 000 logements avec des fonds des Etats-Unis, tandis que l'UNHCR a fourni 50 kits abri pour les familles plus vulnérables. Plus de 40 puits sont en préparation. Quelque 500 familles ont emménagé, et encore 1 000 lots de terre seront distribués bientôt.

« Nous n'avons pas attendu l'argent du gouvernement pour commencer à travailler », a indiqué Imamuddin Khan, responsable du département des réfugiés et du rapatriement de Baghlan (DoRR). « Nous avons nous-mêmes financé les travaux et les rapatriés ont travaillé sur les chantiers. » Il a expliqué que chaque groupe de 1 000 terrains disposera de deux écoles, de deux cliniques, de quatre mosquées, ainsi que de marchés et de services gouvernementaux.

Naïm est rentré à Baghlan depuis l'Iran l'année dernière et a reçu une terre à Ettehad après un processus de sélection basé sur un quota de 80 pour cent de rapatriés, 15 pour cent de déplacés et cinq pour cent d'handicapés. Il a passé cinq mois à construire sa maison avec sa femme et leurs quatre enfants.

« Nous avons travaillé ensemble sur cette maison », a expliqué sa femme. « Bien sûr, je suis contente maintenant. Avant nous louions des maisons dans des pays étrangers. Les propriétaires battaient souvent mes enfants. Maintenant au moins nous sommes chez nous. »

Naïm a ajouté : « Je travaille maintenant à la construction de la maison des voisins. Je crois que je peux continuer à faire ce travail car il y a de la demande. »

Fier de l'avancée du projet à ce jour, Imamuddin Khan du DoRR a indiqué « qu'il devrait y avoir une réelle différence entre le projet d'hébergement et celui de l'habitat. Pour le moment, il n'y a toujours pas d'eau potable, pas d'écoles, pas de cliniques et peu d'emploi.... Nous avons besoin de projets générateurs de revenus comme le travail du métal, du bois et la construction. »

Dans la province de Nangarhar située à l'est de l'Afghanistan, la municipalité de Sheikh Mesri connaît des besoins similaires. Quelque 3 000 parcelles de terrain ont été allouées et plus de 600 familles se sont installées. L'International Medical Corps dispose d'une clinique mobile et l'UNHCR fournit des tentes pour une école ainsi que 50 unités d'hébergement pour les familles vulnérables. L'agence pour les réfugiés finance aussi six puits à l'usage du public.

Une entreprise privée vient de terminer la construction d'un réservoir d'eau et d'un système de canalisations qui vont faciliter la distribution et la conservation de l'eau. Mais les habitants de la ville pensent que ce n'est pas suffisant. « Il n'y a rien ici », a indiqué Aslamuddin, un natif de Nangarhar qui est revenu en août. « Il n'y a pas de vraies rues dans la ville. Parfois de petits taxis passent mais les prix ont doublé à cause de l'augmentation du prix de l'essence. »

Jacques Mouchet, délégué de l'UNHCR en Afghanistan, replace ces défis dans leur contexte : « Les questions comme le foncier, l'eau et les revenus sont des problèmes non seulement pour les rapatriés, mais aussi pour la majorité des Afghans. Seul un plan de développement national sur le long terme pourra résoudre ces questions. »

Sheikh Mesri et Ettehak font partie des cinq communes dans les provinces de Nangarhar, Baghlan, Ghazni, Loghar et Herat qui ont été choisies dans le cadre du projet pilote d'allocation de parcelles. Un groupe de travail, incluant des agences gouvernementales et l'UNHCR, a lancé un appel de fonds d'un montant de 25 millions de dollars pour développer cinq communes de rapatriés.

Le succès du projet sera un bon exemple pour d'autres provinces et encouragera les donateurs à considérer un financement bilatéral pour une extension au niveau national.

« Le projet d'allocation de terrain va certainement aider et encourager les Afghans qui ont des problèmes d'hébergement à rentrer dans leur pays. Je crois que le rapatriement des Afghans est directement lié au développement en Afghanistan. Plus nous lançons des projets ayant pour but le développement, comme celui concernant l'habitat, plus nous facilitons le rapatriement des Afghans », indique Ustad Akbar du MoRR.

Quelque 3,7 millions d'Afghans sont rentrés grâce à l'aide de l'UNHCR depuis 2002, la plupart depuis le Pakistan et l'Iran. Par ailleurs un million de personnes sont rentrées par leurs propres moyens.

Par Vivian Tan à Pul-i-Khumri, Afghanistan