Binta & Georgine

PARRAINER POUR DONNER DES AILES

© UNHCR/Marion Evrard

Binta est une jeune réfugiée de Guinée, mère de famille et aide-soignante. À la suite de problèmes de dos, elle fait appel à DUO for a JOB pour repenser sa carrière. Elle rencontre Georgine, retraitée au grand cœur. Commence alors un mentorat sous le signe de la confiance et de l’amitié.

En savoir plus sur DUO for a JOB

DUO for a JOB offre un programme de mentorat pour les jeunes chercheurs d’emploi issus de l’immigration. L’association les met en relation avec des mentors bénévoles de plus de 50 ans afin de les épauler dans leur recherche d’emploi. Le but est de contribuer à garantir à tous les mêmes opportunités d’accès à l’emploi.

« Il y a une oreille qui est toujours là, attentive pour moi » confie Binta, 27 ans. Après avoir été forcée de fuir la Guinée, sa terre natale, son exil l’a conduite en Belgique, où elle vit depuis 10 ans. Des douleurs au dos l’ont empêchée de poursuivre son travail en tant qu’aide-soignante. Il y a un an et demi, Georgine, Bruxelloise de 65 ans, la prend sous son aile. La retraitée l’aide à reprendre confiance et à retrouver un emploi. Nous les rencontrons dans les bureaux de DUO for a JOB. Assises côte à côte, elles racontent, rieuses, leurs découvertes réciproques, et l’on devine déjà le lien de confiance qui les unit.

Comment avez-vous connu DUO for a JOB ?

Georgine : Lors d’une présentation par DUO for a JOB organisée dans le cadre d’une procédure de reclassement professionnel, j’ai découvert leur travail de mentorat intergénérationnel et interculturel, que j’ai trouvé passionnant. Je me suis engagée avec DUO for a JOB, car j’avais très envie d’être utile et de rester en contact avec le public que je fréquentais dans le cadre de mon travail. J’ai toujours trouvé ça très chouette, très enrichissant.

Binta : Je suis arrivée ici parce que j’ai malheureusement eu des problèmes de dos récemment, ce qui a fait que je ne pouvais plus travailler comme aide-soignante. Lors d’une recherche sur internet concernant des possibilité de réorientation professionnelle, je suis tombée sur DUO for a JOB. Dans la même période, j’avais également reçu un email d’Actiris contenant un lien vers le site de l’association. Je me suis alors décidée à découvrir quelle était cette organisation et ce qu’elle pourrait signifier pour moi.

Depuis combien de temps êtes-vous un duo ?

Georgine : On est un duo depuis le mois de juin (ndlr. 2019), cela devrait donc bientôt se terminer, mais on a de toute façon décidé de continuer à se voir !

Destin, jeune réfugié camerounais, est debout aux côtés de ses deux parrains, Pierre et Quentin. Ils sourient tous les trois.

© UNHCR/Marion Evrard

Que faites-vous ensemble en dehors de la recherche d’emploi ?

Binta : En général, on se voit ici dans les bureaux de DUO for JOB, mais parfois on fait des choses en dehors.

Georgine : Nous sommes allées manger ensemble, et nous découvrons de bonnes petites adresses. Parce que je suis végane, nous devons trouver des endroits qui proposent aussi bien des plats végétariens que des plats halals, ce qui est un peu un challenge à Bruxelles (rires)  !

« Plus qu’un mentor, elle est devenue pour moi une personne de confiance »

Binta : Georgine est aussi venue chez moi et c’est prévu que j’aille lui rendre visite. Chacune de nous apporte quelque chose de positif dans notre mentorat. En tout cas, de mon côté le mentorat m’apporte beaucoup parce que Georgine a su me mettre à l’aise, elle m’a permis de m’ouvrir à elle, de lui expliquer mes problèmes, même si ce n’est pas en lien avec notre mentorat. Des problèmes familiaux, sociaux, … Elle est plus qu’un mentor, elle est vraiment devenue pour moi une personne de confiance.

Comment se déroule la recherche d’emploi ?

Georgine : Ce qu’on fait surtout, ce sont des recherches de formation. Ce n’était pas toujours facile mais après 6 mois on a fini par trouver, n’est-ce pas Binta !

Binta : (rires) Oui, depuis la semaine passée ! On a trouvé une formation en bureautique à Bruxelles. Je voulais travailler comme secrétaire médicale. J’ai déjà suivi une formation auparavant, via des cours par correspondance, afin de pouvoir travailler comme secrétaire médicale. Malheureusement, j’ai appris que le diplôme ne pourrait pas être valorisé, car il s’agissait d’une école privée qui n’était pas reconnue par la Fédération Wallonie-Bruxelles. En me renseignant avec Georgine, on a appris que, pour appuyer ce diplôme, il fallait que je fasse une formation en bureautique. J’ai commencé aujourd’hui et cela se termine en juin.

Georgine : Une des raisons pour laquelle la recherche était parfois difficile, c’était que Bruxelles Formation et Actiris réservent en priorité les formations courtes aux personnes qui n’ont pas encore le Certificat d’Enseignement Secondaire Supérieur (ndlr. CESS), parce que ce sont elles qui ont le plus de difficultés à trouver un emploi.

« Georgine a été là pour me soutenir, y compris pendant les moments où je perdais confiance »

Binta : En effet, nous avons rencontré beaucoup de difficultés. Le fait que j’aie déjà mon CESS a été un frein, parce qu’ils me proposaient des études de longue durée. De plus, je ne pouvais pas m’engager à long terme en raison du soutien financier que je dois apporter à ma famille. Heureusement, Georgine a été là pour me soutenir, y compris pendant les moments où je perdais confiance, lors desquels elle m’a montré qu’elle croyait toujours en moi et en mes capacités.

Qu’avez-vous tiré de cette expérience ?

Georgine : Personnellement, ça a tout de suite « collé » avec Binta, dès notre première rencontre. Je la trouvais tellement souriante. Maintenant, nous nous laissons parfois aller à des petits mouvements d’humeur, mais c’est parce que nous nous connaissons bien. J’apprécie de plus en plus Binta, à mesure que j’apprends à la connaître.

Binta : (ndlr. elle sourit) Merci Georgine. Moi aussi, ça m’a énormément apporté. Je peux aborder beaucoup de sujets avec Georgine. Quand je viens vers elle avec une question, même si elle ne sait pas me répondre tout de suite, elle se donne la peine de faire des recherches. Ça me fait comprendre qu’elle s’intéresse à moi, qu’elle veut me voir évoluer et je la remercie énormément pour ça. Une des choses positives parmi les services offerts par DUO for a JOB est qu’une seule personne s’occupe d’une autre, ce qui rend le mentorat très individualisé, plus intime et adapté. Il est rassurant de savoir que cette personne est vraiment présente pour toi, que ce soit physiquement ou mentalement.

Avez-vous ressenti des frustrations dans le cadre de ce programme ?

Georgine : Ma grande frustration personnelle, c’est que je me débrouille très mal avec les nouveaux outils informatiques. Parfois, Binta me montre des astuces et me dit : « Mais non Georgine, ce n’est pas comme ça qu’on fait ! » C’est un échange. Nous les mentors, nous apprenons aussi beaucoup des personnes dont nous nous occupons.

« Nous les mentors, nous apprenons aussi beaucoup des personnes dont nous nous occupons. »

Binta : Moi, au début, j’avais surtout peur de reculer au moindre problème et de ne pas aller au bout de mon mentorat. Je n’avais pas assez confiance en moi et nous avons rencontré beaucoup d’obstacles. C’est grâce à Georgine que je me suis accrochée. Parfois, le simple fait de savoir qu’une personne croit en nous, cela nous permet d’aller au-delà de ce qu’on pensait pouvoir faire et de nous surpasser, parce qu’on n’a pas envie de la blesser ou de la décourager.

Georgine : Ce que j’aime beaucoup aussi chez Binta, c’est qu’elle est très courageuse. On a commencé le duo alors qu’elle travaillait encore. Elle avait un boulot fatiguant avec des horaires changeants et des enfants à la maison. Entamer un duo en simultané, j’ai trouvé ça génial !

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui hésite à rejoindre un tel programme ?

Georgine : De se lancer ! Aux gens qui seraient un peu réticents, je leur dis : « Allez-y, vous allez voir tout ce que vous allez découvrir ! ».

Binta : Ça nous apporte beaucoup plus que ce que l’on croit et ça nous permet de découvrir l’autre. En général, ce n’est pas que les gens ne t’aiment pas, c’est qu’ils ont peur de toi parce qu’ils ne te connaissent pas. Donc savoir comment, toi-même, tu peux aller vers les autres, t’ouvrir à eux, accepter de t’intégrer et te donner le temps de les connaître, te permet de mieux vivre.

Georgine : Oui, je pense qu’avoir des relations personnelles, c’est vraiment l’idéal pour lutter contre les préjugés. Pour moi, c’est le plus grand apport.

« Je pense qu’avoir des relations personnelles, c’est vraiment l’idéal pour lutter contre les préjugés. »

Binta : Et puis, ce mentorat permet de prendre le temps de savoir ce qu’on veut réellement. Dans quel domaine travailler, vers quelle formation se diriger. Ça permet d’aller vers quelque chose qui conviendra mieux.