Aide d'urgence en République Démocratique du Congo

La crise humanitaire en République Démocratique du Congo : contexte et impact

• Les causes de la crise en République Démocratique du Congo

La République Démocratique du Congo (RDC) est confrontée à l’une des crises humanitaires les plus complexes et prolongées au monde. Bien que la guerre civile ait officiellement pris fin en 2003, le pays reste profondément instable. Groupes armés, tensions ethniques, luttes pour les ressources naturelles et conflits persistants ont transformé l’est du pays en zone de crise permanente.

Depuis mars 2022, des vagues successives de violence ont provoqué le déplacement de 4,6 millions de personnes rien qu’au Nord et Sud-Kivu, sur fond d’explosion des atteintes aux droits humains. Les civils sont victimes de mutilations, d’exécutions, de violences sexuelles, et d’arrestations arbitraires dans des conditions inhumaines. Les enfants sont particulièrement exposés : travail forcé, exploitation sexuelle et mariages précoces sont monnaie courante.

• L’impact sur les civils : réfugiés et personnes déplacée

En février 2023, la RDC comptait 522 000 réfugiés et demandeurs d’asile, dont 74 % vivent hors des camps. Le pays reste en tête du classement mondial des déplacés internes, avec 6,2 millions de personnes déplacées, un chiffre qui ne cesse d’augmenter.

La situation a encore empiré fin 2024, avec l’intensification des combats autour de Goma, la capitale du Nord-Kivu. En un mois seulement, un demi-million de personnes ont été déplacées. Des sites de déplacement déjà existants ont été frappés par des bombardements, causant la mort de dizaines de civils, dont des enfants. De nombreuses personnes ont dû fuir à nouveau, sans abri, sans nourriture ni services de base.

Les risques de déplacements futurs sont très élevés, en raison de l’insécurité chronique et de l’instabilité régionale persistante. Les besoins en protection explosent, car les violences cycliques empêchent les populations déplacées de retourner chez elles, tandis que les conditions dans les sites de fortune se détériorent rapidement.

À cela s’ajoutent de nouveaux facteurs de risque majeurs : une épidémie de mpox en 2024, et une hausse alarmante des violences basées sur le genre (VBG). Dans le seul Nord-Kivu, les cas déclarés de VBG sont passés de 20 771 début 2023 à 27 328 en 2024, dont 63 % de viols.

En parallèle, plus d’un million de réfugiés africains sont originaires de la RDC, et 27 millions de personnes à travers le pays auront besoin d’une aide humanitaire en 2025. Sans solution politique au conflit à l’Est, la situation humanitaire ne fera que s’aggraver.

La réponse du HCR face à la crise : aide humanitaire et soutien aux réfugiés

• Distribution d’aide humanitaire : nourriture, logement et soins de santé

Le HCR et ses partenaires poursuivent la livraison d’une aide vitale aux populations déplacées dans les zones où la sécurité le permet. Toutefois, l’accès humanitaire reste extrêmement limité dans l’est de la RDC, entravant les opérations sur le terrain.

Face à un financement alarmant, des choix difficiles doivent être faits pour prioriser les personnes les plus vulnérables. En 2024, le plan d’aide du HCR pour répondre aux besoins des déplacés internes et des réfugiés en RDC, d’un montant de 311 millions de dollars, n’a été financé qu’à 44 %. Pour 2025, un budget de 226 millions est requis, mais à fin janvier, seulement 10 % des fonds nécessaires avaient été reçus.

Dans ce contexte critique, le HCR concentre ses ressources sur :

• La fourniture d’abris d’urgence (abris en bâches, couvertures, ustensiles de cuisine).

• La distribution de kits d’hygiène menstruelle pour les femmes et filles, qui représentent la majorité des personnes déplacées.

• Le soutien à l’accès à l’eau potable, aux installations sanitaires et aux soins de santé essentiels.

Le HCR continue également de financer les fournitures scolaires et les salaires des enseignants, bien que l’amélioration des infrastructures éducatives reste impossible à cause du manque de fonds. Dans des régions comme l’Ituri et le Haut-Uele, plus de 80 % des enfants risquaient d’abandonner l’école dès 2022–2023.

L’hébergement reste un enjeu crucial : quatre déplacés sur cinq ne bénéficient d’aucun soutien adéquat et vivent dans des conditions dangereuses.

• Programmes de protection et de réinsertion pour les réfugiés

Le HCR dirige également la réponse dans les domaines de la protection, de l’hébergement, et de la coordination et gestion des camps (CCCM), en collaboration étroite avec les agences de l’ONU et les partenaires locaux.

Une attention particulière est portée aux services de protection pour les groupes vulnérables :

• Soutien psychosocial spécialisé pour les personnes traumatisées.

• Aide médicale et psychologique pour les victimes de violences sexuelles, dont les cas sont en forte hausse (par exemple, au Nord-Kivu, 63 % des incidents rapportés en 2024 sont des viols).

• Protection renforcée pour les femmes, enfants, personnes âgées et personnes handicapées.

Le HCR œuvre également à la réinsertion des personnes déplacées, via des transferts monétaires leur permettant de reconstruire leur vie : achat de matériel agricole, produits de première nécessité ou réhabilitation de leur logement.

Enfin, des outils de communication comme des cartes SIM et des talkies-walkies sont distribués dans les communautés pour renforcer les échanges entre les déplacés, les services de santé et les points de liaison.