Aide d'urgence en République Démocratique du Congo

La crise humanitaire en République Démocratique du Congo : contexte et impact

• Les causes de la crise en République Démocratique du Congo

La République Démocratique du Congo (RDC) fait face à l’une des crises humanitaires les plus complexes et prolongées au monde. Bien que la guerre civile ait officiellement pris fin en 2003, la paix reste précaire. Le pays continue d’être le théâtre de flambées de violence sporadiques, nourries par l’instabilité politique, les tensions ethniques, la présence de groupes armés et la lutte pour le contrôle des ressources naturelles.

Ces crises s’accompagnent de graves violations des droits humains : mutilations physiques, exécutions, violences sexuelles, arrestations arbitraires et détentions dans des conditions inhumaines. Les enfants sont particulièrement exposés au travail forcé, à l’exploitation sexuelle et aux mariages précoces ou forcés, révélant une urgence de protection généralisée.

• L’impact sur les civils : réfugiés et personnes déplacées

Des années de conflit et d’instabilité ont contraint des millions de personnes à fuir leur foyer. En février 2023, la RDC accueillait environ 522 000 réfugiés et demandeurs d’asile, dont 74 % vivent en dehors des camps ou des colonies officielles. À l’intérieur du pays, plus de 6,2 millions de personnes sont déplacées — un chiffre qui place la RDC au premier rang mondial des pays comptant le plus grand nombre de déplacés internes.

Les récentes vagues de violence ont encore aggravé la situation. En janvier 2023, plus de 200 civils ont été tués dans la province de l’Ituri par des groupes armés non étatiques. Ces attaques ont également détruit 2 000 habitations, fermé ou démoli 80 écoles et déplacé près de 52 000 personnes — dans une province qui comptait déjà 1,5 million de personnes déplacées.

Dans le Nord-Kivu voisin, une recrudescence des violences à partir de mars 2022 a entraîné le déplacement de plus de 521 000 personnes. Environ 120 000 d’entre elles se sont réfugiées dans la périphérie de la ville de Goma, dans des conditions de détresse extrême. Au total, 2,2 millions de personnes sont déplacées dans cette seule province.

Les enfants paient un lourd tribut. Ils représentent plus de 55 % des populations déplacées et sont exposés à des risques accrus d’abus, d’exploitation et d’exclusion scolaire. De nombreuses écoles ont été attaquées, fermées ou abandonnées en raison des déplacements forcés. Par ailleurs, des dizaines de centres de santé ont été détruits ou pillés, réduisant encore l’accès aux soins pour les populations vulnérables.

La crise dépasse les frontières du pays : plus d’un million de réfugiés et demandeurs d’asile à travers l’Afrique sont originaires de la RDC.

• Les efforts internationaux pour apporter de l’aide

Malgré l’ampleur de l’urgence, les perspectives humanitaires pour la RDC restent sombres. Selon le Rapport sur les besoins humanitaires de 2022, aucune amélioration notable n’est attendue pour 2023 ou 2024. Face à cette réalité, les acteurs humanitaires concentrent leurs efforts dans les provinces les plus vulnérables : Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Tanganyika.

Cependant, l’insécurité généralisée entrave fortement l’accès à l’aide humanitaire et complique les interventions sur le terrain. Le HCR travaille en étroite collaboration avec les autorités locales et ses partenaires pour fournir une assistance vitale aux personnes déplacées, réfugiées, rapatriées et aux communautés hôtes.

Dans le cadre de son mandat, le HCR codirige les groupes sectoriels « Protection », « Abris » et « Coordination et gestion des camps (CCCM) » au sein du Plan de Réponse Humanitaire et du Modèle de coordination des réfugiés en RDC.

La réponse du HCR face à la crise : aide humanitaire et soutien aux réfugiés

• Distribution d’aide humanitaire : nourriture, logement et soins de santé

Malgré les immenses défis logistiques et sécuritaires, le HCR poursuit ses actions sur le terrain en RDC pour venir en aide aux populations touchées. Toutefois, le manque de financement limite gravement notre capacité à répondre à l’ensemble des besoins humanitaires.

De nombreuses familles manquent de nourriture, d’eau potable, d’abris, de services d’assainissement et de produits d’hygiène de base. Le HCR s’efforce de fournir des soins de santé, de l’eau et des installations sanitaires, là où les ressources le permettent. Mais l’insuffisance des fonds ne nous permet pas d’intervenir partout où cela serait nécessaire.

L’éducation reste également un enjeu critique. Le HCR finance actuellement les fournitures scolaires et les salaires des enseignants, mais ne peut, faute de moyens, développer ou rénover les infrastructures éducatives. Dans les provinces de l’Ituri et du Haut-Uele, plus de 80 % des enfants risquaient d’abandonner l’école durant l’année scolaire 2022–2023.

L’accès à un abri sûr constitue une forme essentielle de protection, notamment pour les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap. Pourtant, quatre déplacés internes sur cinq vivent encore dans des conditions précaires et dangereuses.

Afin d’améliorer la coordination et la communication entre les communautés, le HCR distribue également des cartes SIM et des talkies-walkies aux réfugiés, aux centres de santé et aux relais communautaires locaux.

• Programmes de protection et de réinsertion pour les réfugiés

Le HCR accorde une attention particulière à la protection des personnes les plus vulnérables. Les survivants de violences sexuelles reçoivent un accompagnement médical et psychologique adapté. Nous mettons également en place des mesures de prévention pour éviter de nouvelles violences, notamment à l’encontre des femmes et des enfants.

Pour les personnes déplacées à l’intérieur du pays, le HCR soutient des solutions d’intégration locale afin qu’elles puissent reconstruire leur vie dans un nouvel environnement. Là où les conditions de retour sont réunies, nous accompagnons les familles avec une aide financière et matérielle pour réparer leur logement, acheter des biens essentiels et relancer leur activité agricole.

Les réfugiés ayant fui vers la RDC depuis les pays voisins bénéficient également d’un soutien à travers notre réseau de partenaires. Grâce à une aide adaptée, ils peuvent retrouver leur autonomie et se projeter vers un avenir plus stable.