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De la fuite au podium d'oratrice

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De la fuite au podium d'oratrice

16 July 2024 Also available in:
Maryam Sediqi (au milieu) avec les Refugee Speakers Ftwi Atobrhan (à g.) et Vlada Divayeva (à dr.) lors de l'événement de clôture du programme Refugee Speakers. ©UNHCR/Nino Janashvili

En 2005, à l'âge de douze ans, Maryam Sediqi est arrivée en Suisse avec sa famille après une longue fuite depuis l'Afghanistan. Un an plus tard, elle prononçait déjà son premier discours public à son école sur son expérience de la fuite. Depuis, elle a régulièrement pris la parole publiquement, notamment à l'occasion du 9e Symposium suisse sur l'asile. Maryam s'engage depuis des années en faveur des réfugié-e-s afghan-e-s et a fondé en 2021, avec deux autres femmes, l'association AWAS - Afghan Women Association Switzerland. De janvier à juin 2024, elle a travaillé comme Refugee Advisor au bureau du HCR pour la Suisse et le Liechtenstein et a dirigé le programme Refugee Speakers. Dans le cadre, elle a coaché quatre personnes réfugiées à la prise de parole en public. Dans une interview, elle nous donne un aperçu de son expérience.

 

Quelle était votre motivation pour diriger le programme Refugee Speakers et quels objectifs vous êtes-vous fixés au début du programme?

Ma principale motivation était de travailler avec le HCR. Je voulais avoir un aperçu de la façon dont cette organisation fonctionne. De plus, le programme me convenait parfaitement, car j'ai déjà acquis une expérience variée en tant qu'oratrice. Faire de ma passion mon métier et diriger ce programme était pour moi l'occasion idéale de m'épanouir personnellement tout en faisant la différence. Je souhaite notamment encourager les personnes issues de la fuite à s'exprimer en public et à faire entendre leur voix.

Pouvez-vous décrire quelques-uns des défis que les participant-e-s ont rencontré-e-s pendant les ateliers et comment ceux-ci ont été surmontés?

L'un des premiers défis a été le manque d'expérience de la prise de parole en public. Presque tou-te-s les participant-e-s n'avaient aucune expérience. Leur apprendre à se présenter sur scène, à parler d'un sujet et à répondre aux questions a été un défi. La rédaction des discours a également été un défi, car elle nécessite de la pratique et de l'expérience pour structurer les idées. Ce qui a le plus aidé les participant-e-s, c'est mon coaching individualisé continu pour s'entraîner à écrire et à présenter des discours. L'atelier avec le coach Oliver Schröder a également été très utile, car il a placé les participant-e-s devant la caméra pour s'entraîner et leur a enseigné les techniques nécessaires.

Quel aspect du programme Refugee Speakers a été particulièrement gratifiant pour vous personnellement et pourquoi?

Le programme a été pour moi une affaire de cœur et je me suis découvert une passion. En tant que cheffe de projet, j'avais déjà dirigé des collaborateurs-trices et dispensé des formations, ce qui m'a toujours convenu. Mais le programme Refugee Speakers n'a fait que renforcer mon intérêt. Ce qui m'a le plus comblé, c'est le retour positif des participant-e-s. Tou-te-s ont été surpris-es par leurs nouvelles compétences, ont beaucoup appris et sont désormais capables de parler en public et de faire du plaidoyer. Les discours des Refugee Speakers à l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés le 20 juin m'ont montré que tout le monde peut devenir un bon orateur avec un peu de pratique, de motivation et de volonté.

 

"Je souhaite en particulier encourager les personnes ayant vécu l'exil à se produire en public et à faire entendre leur voix".

 

Quels conseils donnerais-tu à d'autres organisations qui souhaiteraient lancer un programme similaire?

Le programme Refugee Speakers nécessite une relation étroite entre son ou sa responsable et ses participant-e-s. La confiance est essentielle à cet égard. C'est pourquoi le ou la responsable doit lui-même avoir une expérience de fuire pour mieux comprendre les participant-e-s. L'empathie est très importante.

Le programme ne doit pas commencer avec trop peu de participant-e-s. Je recommande de commencer avec au moins dix personnes, car il est toujours possible que tou-te-s ne parviennent pas à mener le programme jusqu'à son terme. L'expérience de la prise de parole en public est utile, mais la discipline, l'engagement et la motivation sont encore plus essentiels. Le calendrier doit en outre être établi avec soin et les coachs pour les ateliers doivent être désigné-e-s suffisamment tôt.

Quelles leçons personnelles avez-vous tirées de la gestion du programme Refugee Speakers? Comment s'est déroulé pour vous ce parcours, depuis votre premier discours sur votre propre expérience de fuite jusqu'à la direction du projet?

J'ai appris l'importance du storytelling: il ne s'agit pas seulement de raconter des histoires, mais de les utiliser comme un moyen de faire passer des messages efficaces. Le programme m'a également montré que j'aime soutenir les gens et les aider à réaliser leur plein potentiel.

C'était pour moi une impression de déjà-vu, car je me suis souvent souvenu de mes propres débuts. A l'époque, je n'avais pas de formations comme le programme Refugee Speakers. Je trouve que c'est une excellente opportunité d'apprendre à partir de zéro comment se tenir devant un public et faire passer un message important. Si quelqu'un m'avait dit il y a quelques années que je dirigerais ce programme, j'aurais pensé que c'était une blague. Je suis reconnaissant d'avoir eu cette chance.

J'ai beaucoup appris sur moi-même et j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec l'équipe. J'ai appris comment fonctionne la coopération interne au HCR et comment le travail est organisé en Suisse et au Liechtenstein. Je peux facilement m'imaginer diriger des projets similaires dans un avenir proche, qui contribueront à leur tour au changement.