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Haile Kassa Hailu souhaite que les réfugiés soient plus entendus

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Haile Kassa Hailu souhaite que les réfugiés soient plus entendus

3 May 2021 Egalement disponible ici :
Haile Kassa Hailu travaille depuis le 1er avril pour le bureau du HCR pour la Suisse et le Liechtenstein en tant que «Refugee Outreach Coordinator». © UNHCR/D. Etter
Que fait un "Refugee Outreach Coordinator”?

Mon travail consiste à établir des contacts avec les communautés de réfugiés en Suisse. Tout d'abord, je vais créer une carte des communautés. Je vais donc avoir un aperçu des structures existantes. Il existe presque partout des associations de réfugiés. Je veux savoir comment elles s'organisent et ce qui les occupe. L'objectif est de promouvoir la mise en réseau avec les autorités et les ONG pour que les réfugiés puissent s'impliquer plus efficacement. Des ateliers sont prévus, par exemple. Nous aimerions également mettre en place un groupe de dialogue: un groupe de réfugiés en mesure de conseiller et d'accompagner le HCR sur des projets sélectionnés.

Comment avez-vous réussi à trouver votre chemin en Suisse? Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Au début, c'était très difficile. Je n'avais pas encore de statut de résident, mais je ne voulais pas rester assis à attendre. Alors j'ai essayé de faire quelque chose. Finalement, j'ai réussi: j'ai pu étudier l'économie à l'Université de Berne. Mais ça a été un long chemin jusqu'à ce que cela fonctionne. Jusqu'à ce que je trouve un soutien pour les frais d'écolage et les frais de déplacement. Tout était compliqué. Je vivais dans un logement isolé sur une montagne. Pour arriver à l'heure aux cours, je devais marcher une heure parce que le premier bus partait trop tard le matin. Mais ça a marché! Ma devise est: "Ne jamais abandonner."

Vous avez également toujours soutenu d'autres réfugiés. Comment avez-vous fait cela?

Comme je parlais mieux l'anglais que beaucoup d'autres réfugiés, j'ai participé à l'interprétation dès le début. Plus tard, j'ai aidé d'autres personnes à traiter avec les autorités et à trouver un emploi. Il ne m'a pas non plus été facile de trouver un emploi après l'obtention de mon diplôme. Une rencontre fortuite a débouché sur un stage dans une petite ONG. Cela m'a donné de l'espoir. Plus tard, j'ai travaillé pour une organisation qui s'occupe de jeunes réfugiés et j'ai organisé des ateliers. J'ai également travaillé pour une association en tant que responsable de cours dans le cadre d'un programme d'intégration professionnelle des réfugiés. Sur une base volontaire, je participe à diverses initiatives visant à "autonomiser" (empower) les réfugiés. J'ai également lancé des projets qui contribuent à renforcer les communautés de réfugiés.

Quel est, selon vous, le plus grand défi à relever dans votre nouveau rôle au sein du HCR ?

Gérer les attentes. Surtout avec les attentes des réfugiés. Beaucoup d'entre eux sont frustrés. Bien sûr, au début, ils sont juste heureux d'être en sécurité. Mais ensuite, il s'agit de construire une nouvelle vie. Et là, ils se heurtent à de nombreux obstacles. Ils veulent alors des solutions, par exemple un emploi, et non de longs processus et des discussions. Je vais devoir faire face à cela.

Pourquoi pensez-vous qu'il est important d'impliquer davantage les réfugiés ?

Imaginez la Suisse comme une colocation: quelques personnes vivant ensemble, et l'une d'entre elles est un réfugié. Ils disposent d'un salon commun et d'une cuisine commune. Que se passe-t-il si les autres excluent le réfugié? Il ne se sent pas responsable de la colocation, ne contribue pas à ce que le réfrigérateur soit rempli ou que le salon soit rangé. Si je sens que je sens que je n'appartiens pas à cette nouvelle société, je ne vais pas y contribuer. Que nous le voulions ou non, nous vivons ici ensemble. Voyons cela comme une opportunité! La diversité est un atout.

Que recommanderiez-vous à d'autres organisations? Comment peuvent-ils mieux impliquer les réfugiés ?

Je leur recommande de revoir leur attitude et d'être ouverts. Dans l'esprit des gens, il y a cette image des réfugiés comme étant des personnes faibles, sans éducation et dans le besoin. Ce n'est pas le cas. Nous avons lutté, nous sommes forts. Nous avons quelque chose à dire. Quand il s'agit de nous, nous sommes les experts. Les organisations devraient nous parler davantage au lieu de se contenter de parler de nous.

Que recommanderiez-vous aux réfugiés ? Comment peuvent-ils être entendus en Suisse ?

Je recommande aux réfugiés de prendre l'initiative. Beaucoup sont en Suisse depuis des décennies et ne se sentent toujours pas chez eux. Je ne voulais pas que ça m'arrive. Les attentes sont souvent façonnées par la culture de chacun. Lorsque vous êtes un invité en Éthiopie, les gens vous disent immédiatement si vous êtes le bienvenu ou non. En Suisse, c'est différent. Ici, vous devez faire le premier pas et approcher les autres. Je devais d'abord apprendre ça. J'ai une vision positive des gens: je pars du principe que la plupart des gens sont gentils, partout dans le monde. Donc, que je sois à ma place ou non, cela dépend aussi de moi.