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“Le potentiel est grand, mais les défis aussi”

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“Le potentiel est grand, mais les défis aussi”

26 May 2023 Egalement disponible ici :
Trois communautés de réfugiés se sont présentées.

“En 2020, le bureau du HCR pour la Suisse et le Liechtenstein a décidé de faire de la promotion de la participation des réfugiés un nouvel objectif clé de sa stratégie”, explique Haile Kassa Hailu, Refugee Outreach Coordinateur au sein du bureau du HCR pour la Suisse et le Liechtenstein. En cette soirée de février, il fait face à Anja Klug, directrice du bureau, dans une salle de réunion de l'hôtel Kreuz à Berne. Tous deux viennent de débuter la présentation du premier rapport sur les communautés de réfugiés en Suisse et au Liechtenstein. Celui-ci comprend des données et des analyses de 38 organisations créées et dirigées par des personnes réfugiées. Mais il y en aurait plus d'une centaine au total, comme l'explique Haile Kassa Hailu au préalable.  

Un grand potentiel et de nombreux défis  

La conversation se tourne rapidement vers les conclusions et les recommandations du rapport. Haile Kassa Hailu explique que de nombreuses communautés de réfugiés sont nées de regroupements au sein des diasporas concernées. Il poursuit en expliquant que ces associations sont majoritairement composées d'hommes, bien que certaines organisations à succès soient dirigées par des femmes. “Il semble toutefois difficile de convaincre les jeunes de s’engager auprès des communautés de réfugiés”, ajoute-t-il.  

Bien que pour beaucoup la promotion de l’intégration soit la priorité, de nombreuses associations et communautés proposent également des activités qui ne mettent pas seulement l’accent sur l’intégration. Par exemple, les organisations de réfugiés veillent aussi à ce que les personnes réfugiées et leurs enfants ne perdent pas le lien avec leur culture et leur langue. Le potentiel est grand, dit Haile Kassa Hailu, mais les défis le sont malheureusement aussi.  

Trop peu de ressources financières et un manque de reconnaissance  

Les limites de ces offres sont surtout le manque de ressources financières et le manque de réseau, comme le décrit encore Haile Kassa Hailu. Il est donc important que les organisations de réfugiés soient plus largement reconnues. “Cela permettra aussi d’améliorer l’échange et la communication avec les organisations, ajoute Anja Klug. Sachant qu’il est important d’avoir un véritable échange et de ne pas contacter les associations de manière ponctuelle.” Une communication régulière avec les organisations de réfugiés permet également de les impliquer davantage dans les processus de planification, de coordination et de décision.  

Alors qu’Anja Klug quitte la scène, trois autres personnes montent sur scène. Haile Kassa Hailu est désormais entouré de trois représentantes et représentants de communautés de réfugiés. Dans la deuxième partie de l’événement, Maryam Sediqi (Afghan Women Association Switzerland), Qatro Shire Mohamed (Somali Swiss Development Organization) et Amine Diare Conde (Essen für alle) parlent du travail dans leurs associations. Alors qu’AWAS s’engage exclusivement pour les femmes afghanes, l’organisation Essen für alle s’adresse à toutes les personnes touchées par la pauvreté. La Somali Swiss Development Organization souhaite offrir un peu d'aide aux personnes originaires de Somalie qui se trouvent dans des situations d’urgence. Vous trouverez plus d’informations sur les organisations dans les portraits ci-dessous. 

Davantage d’échanges avec les autorités  

Dans la troisième partie de l’évènement, Franziska Teuscher de la Ville de Berne et Adrian Gerber du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) présentent le point de vue des autorités. Il apparaît rapidement qu’il existe des questions non résolues entre les autorités et les communautés de réfugiés.  

Anja Klug ouvre la discussion du panel en indiquant que “le travail à long terme avec les communautés de réfugiés est important”.  

Tandis que Maryam Sediqi, qui participe à la discussion en tant que représentante des communautés de réfugiés, explique que le soutien financier des autorités et la collaboration avec celles-ci sont essentiels, Adrian Gerber rétorque que le SEM ne peut pas soutenir des projets à motivation politique et que les objectifs des projets doivent être clairement définis. Il recommande toutefois aux associations de se focaliser avant tout sur la collaboration avec les acteurs locaux et de ne faire appel qu’à un soutien ponctuel du SEM. L’échange s’est toutefois nettement amélioré l’année dernière, car la politique d’intégration a mis davantage l’accent sur la participation et l’échange, explique Adrian Gerber.  

Franziska Teuscher, de la Ville de Berne, tire un bilan positif de l’implication et de l’échange avec les communautés de réfugiés. La commission spécialisée dans les questions de migration et de racisme, à laquelle participent également des représentants d’organisations de réfugiés, a beaucoup contribué à améliorer les liens et le réseau entre différentes organisations. En ce qui concerne le soutien financier de projets dirigés par des organisations de réfugiés, elle se joint à Adrian Gerber pour souligner que la Ville de Berne ne peut elle aussi soutenir financièrement que des projets concrets avec des objectifs précis.

 


 

Association des femmes afghanes de Suisse  

“L’abréviation du nom de l’association est ‘AWAS’ peut se traduire par ‘la voix’”, commence Maryam Sediqi. La jeune femme aux longs cheveux noirs se tient avec assurance à côté de Haile Kassa Hailu et parle de son organisation de réfugiés qui s’engage en faveur des femmes afghanes. L’association soutient les femmes en Afghanistan avec des projets et l’intégration des Afghanes en Suisse. L’une des priorités d’AWAS est de favoriser l’entrée dans le monde du travail. Les problèmes auxquels AWAS est sont confronté en tant qu’association coïncident avec les défis identifiés par Haile Kassa Hailu lors de la rédaction du rapport. “Souvent, le soutien financier des autorités fait défaut”, relève Maryam Sediqi. Grâce à l’aide d’autres associations, la réalisation de plusieurs projets a malgré tout été possible.  

Somali Swiss Development Organization  

Rassembler les gens, tel est l’objectif de l’association dont Qatro Shire Mohamed fait partie. “Notre association est non confessionnelle et doit être une communauté de culture, d’intégration et de soutien”, explique Qatro Shire Mohamed. D’un point de vue géographique, l’association se concentre surtout sur les personnes vivant Liechtenstein et en Suisse orientale. Tout comme AWAS, la Somali Swiss Development Organization souhaite soutenir les femmes, mais aussi aider les Somaliens en général dans les situations d’urgence. Le soutien aux femmes se traduit notamment par le fait que l’association s’engage activement contre les mutilations génitales féminines. A la question de savoir ce qui a aidé l’association à continuer malgré les défis, elle répond calmement : “Être solidaires. Nous regardons ensemble. Nous résolvons les problèmes ensemble”. 

De la nourriture pour tous  

Amine Diare Conde est originaire de Guinée et est arrivé en Suisse en 2014. Au début, il avait peu d’argent à disposition. Il a pu l’investir dans des cours d’allemand, car de nombreuses organisations d’utilité publique comme les églises offrait des repas gratuits. Mais avec la pandémie du Covid-19, les choses ont changé – et c’est alors que lui est venue l’idée de fonder une association. “Personne ne doit mourir de faim en Suisse”, dit-il avec détermination. Contrairement à AWAS et la Somali Swiss Development Organization, l’association ne s’adresse pas uniquement aux personnes réfugiées, mais accueille également d’autres personnes touchées par la précarité en Suisse. La distribution hebdomadaire de repas, soutenue par des dons, permet de nourrir plus de 1500 personnes. L’association offre toutefois bien plus que cela, car elle favorise également l’intégration, l’apprentissage de la langue et les liens sociaux. “Cela permet aussi de diffuser rapidement des informations importantes”, poursuit-il. Ce qui le motive à continuer, ce sont les gens qui viennent tous les samedis. “Depuis que nous avons commencé, nous n'avons pas arrêté un samedi. Les gens viennent toujours.”