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A ce jour, plus d'un demi-million d'Afghans se sont inscrits pour recevoir une carte d'enregistrement au Pakistan

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A ce jour, plus d'un demi-million d'Afghans se sont inscrits pour recevoir une carte d'enregistrement au Pakistan

Malgré d'importants défis, plus d'un demi-million d'Afghans vivant au Pakistan ont à ce jour été enregistrés dans le cadre du projet mené par le Gouvernement pour fournir une carte d'enregistrement à ceux qui sont arrivés au Pakistan après l'invasion soviétique de 1979.
29 Novembre 2006
Une famille afghane reçoit des cartes d'enregistrement à Islamabad.

ISLAMABAD, Pakistan, 29 novembre (UNHCR) - Plus d'un demi-million d'Afghans vivant au Pakistan ont été enregistrés dans le cadre du projet actuellement mené par le gouvernement ayant pour objectif de fournir des documents d'identité officiels aux ressortissants afghans arrivés au Pakistan après l'invasion soviétique de 1979.

Alors que le nombre de 507 000 enregistrés constitue un résultat impressionnant pour une opération de recensement dans un pays d'accueil, il ne représente qu'environ 20 pour cent de la population d'Afghans vivant au Pakistan, estimée aujourd'hui à 2,4 millions. Etant donné la dimension importante de ce projet et la complexité de la population concernée - un mélange de réfugiés, de demandeurs d'asile, de migrants économiques et de travailleurs saisonniers, ce projet a dû surmonter de nombreux défis avant d'arriver au chiffre actuel d'un demi-million.

Ce programme d'enregistrement fait suite à un recensement des Afghans au Pakistan, mené par le Gouvernement pakistanais en mars l'année dernière. Seuls les Afghans qui avaient été recensés à cette occasion peuvent prendre part à l'enregistrement, qui a commencé le 15 octobre et va continuer jusqu'à la fin de l'année. Cet enregistrement est mis en oeuvre par l'Autorité pakistanaise des bases de données et de l'enregistrement (National Database and Registration Authority, NADRA), avec le soutien du Commissariat pour les réfugiés afghans et de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Le premier obstacle consiste à identifier un endroit approprié pour accueillir un centre d'enregistrement. Il doit se trouver près de la population concernée et posséder l'infrastructure nécessaire pour mener cette opération incluant une technologie de pointe. « Dans certains endroits, il n'y a même pas d'électricité », précise Syed Akhtar Hussain Shah, responsable de la NADRA dans la province du Balouchistan. Les régions les plus isolées sont desservies par des camionnettes dotées de structures d'enregistrement.

Le contrôle des foules est un autre défi rencontré lors de cet exercice. Chaque jour, des dizaines de milliers de personnes arrivent en masse aux centres d'enregistrement. Elles sont dirigées vers des files d'attente distinctes, où l'on procède aux vérifications nécessaires et l'on attribue des dates pour qu'elles puissent venir retirer les cartes d'enregistrement.

Au centre très affairé d'Al-Asif à Karachi, plus de 1 000 personnes sont enregistrées chaque jour. Les employés de l'UNHCR prennent au sérieux la question du contrôle des foules. Des haut-parleurs sont utilisés pour maintenir l'ordre ; les enfants égarés hors des files sont immédiatement ramenés à leur place.

Quand les Afghans s'approchent du bureau de vérification pour retrouver leurs coordonnées dans la base de données, les noms deviennent immanquablement une source de problème. Après qu'on lui ait demandé le nom de sa femme, un Afghan de la province du Punjab a dit avec gêne : « Comment puis-je vous le dire en public ? », avant de le chuchoter à l'oreille de l'employé de l'UNHCR. Un autre homme l'a regardé ébahi, avant de dire à son fils : « Va demander à ta mère quel est son nom. »

Certains se montrent aussi très créatifs avec leurs noms, proposant une kyrielle de noms de famille, de prénoms et de surnoms dans l'espoir de trouver quelque chose dans la base de données. Quelques-uns expliquent qu'ils avaient pensé que le recensement servirait à les expulser de force et qu'ils avaient donné de faux noms dont ils ne se souviennent plus.

Les Afghans dont les noms ne figurent pas dans le système ne sont pas enregistrés. Certains viennent à plusieurs reprises pour tenter leur chance une nouvelle fois, alors que d'autres vont dans différents centres d'enregistrement aux alentours avec le même espoir. Les autorités ont mis fin aux trafics de vente illégale de formulaires et de cartes à ces personnes « refusées ».

« Ils gênent le bon fonctionnement du système et empêchent l'enregistrement des Afghans qui eux satisfont aux conditions requises », a noté Indrika Ratwatte, déléguée assistante de l'UNHCR au Pakistan. « Ceux qui n'ont pas participé au recensement seront pris en compte par le gouvernement ultérieurement. »

Les photos, aussi, ont généré quelques controverses. Dans un camp de la Province frontière du Nord-Ouest, des réfugiés âgés ont menacé de donner une contravention d'un montant de 5 000 roupies (83 dollars) et d'un buffle à chaque homme qui autoriserait sa femme à être photographiée. Cette question a été résolue après que les employés de l'UNHCR aient parlé avec les anciens et que la NADRA ait recruté des femmes photographes pour que la procédure se déroule dans le respect des coutumes. A ce jour, 73 pour cent des femmes enregistrées dans le pays ont été prises en photo.

« C'est un enregistrement à grande échelle », a indiqué Indira Ratwatte. « Cela implique non seulement un équipement de haute technologie, mais aussi du personnel, des moyens logistiques et une bonne gestion des sensibilités politiques. Nous devons répondre aux défis tout en maintenant la bonne marche du système. »

Les bénéfices de l'enregistrement dépassent largement ces défis, a-t-il ajouté. « En plus de protéger les droits des Afghans avec la carte d'enregistrement, nous récupérons aussi des informations clé sur la population afghane restant au Pakistan pour mieux comprendre sa situation ici et ce qui l'empêche de rentrer chez elles. En coopération avec les Gouvernements du Pakistan et de l'Afghanistan, nous espérons que cela nous aidera à planifier nos politiques pour gérer l'avenir des Afghans au Pakistan. »

Par Vivian Tan à Islamabad, Pakistan