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Netflix fait découvrir au monde l'incroyable épopée de Yusra Mardini

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Netflix fait découvrir au monde l'incroyable épopée de Yusra Mardini

L'ambassadrice de bonne volonté du HCR souhaite que ce nouveau film qui retrace son histoire et celle de sa sœur, qui ont fui la guerre pour reconstruire leur vie en Europe, fasse évoluer les mentalités à l'égard des réfugiés.
9 Septembre 2022
Yusra Mardini (deuxième à gauche) assistait jeudi dernier à Toronto à la première du film The Swimmers, produit par Netflix, en compagnie de ses coéquipiers olympiques, les réfugiés James Nyang (à gauche), Rose Nathike (deuxième à droite) et Paulo Lokoro (à droite), et de son entraîneur Sven Spannerkrebs (au centre).

Le nouveau film Netflix, The Swimmers (Les nageuses), raconte l'histoire exceptionnelle de Yusra Mardini, une jeune réfugiée syrienne et ambassadrice de bonne volonté du HCR, qui a réussi à fuir la guerre et a ensuite participé à deux éditions des Jeux olympiques.

« C'est un film auquel n'importe qui à travers le monde peut s'identifier », a déclaré la jeune femme de 24 ans peu avant la première mondiale du film, jeudi, lors de la prestigieuse soirée d'ouverture du Festival international du film de Toronto. « Nous aimerions que ce film provoque un changement dans la société. »

Décrit comme une « incroyable épopée », le public et les critiques s'impatientent depuis la diffusion de la bande-annonce du film la semaine dernière.

Réalisé par la célèbre cinéaste égypto-galloise Sally El Hosaini, à qui l'on doit notamment « Mon frère le diable », le film met en scène les sœurs et actrices libanaises Nathalie et Manal Issa, qui incarnent respectivement Yusra et sa sœur aînée Sara.

Le film raconte l'histoire de leur enfance à Damas, de leur intérêt précoce pour la natation et de leur voyage mouvementé vers l'Europe en 2015, au cours duquel elles ont contribué à sauver la vie d'autres réfugiés en plongeant dans les eaux sombres de la mer Égée et en ramenant leur canot pneumatique vers le rivage.

À la veille de fouler le tapis rouge à Toronto, l'enthousiasme de Yusra Mardini quant aux potentialités du film était palpable.

« Nous leur avons raconté toute l'histoire. Nous voulions que ce soit l'histoire réelle, la vraie histoire », dit-elle, ajoutant que les réalisateurs ont rendu visite à la famille en Allemagne, où elle vit désormais, ainsi qu'aux camps de réfugiés en Grèce où elle avait été accueillie dans un premier temps. « Ils ont vraiment investi beaucoup de temps et d'énergie dans ce projet, et nous n'avons pas douté une seconde du fait qu'ils feraient un excellent travail. »

Alors que le public devra attendre le 23 novembre pour la sortie officielle du film, Yusra Mardini l'a déjà vu deux fois et affirme qu'il lui est impossible de faire une sélection des meilleurs moments. « Honnêtement, c'est le film dans son ensemble qui est ma scène préférée ! » dit-elle.

Cependant, étant donné qu'il est basé sur l'histoire vraie de Yusra et Sara qui ont fui la guerre et sur le début de leur nouvelle vie en tant que réfugiées, ce n'est pas toujours facile pour elle - ou pour quiconque - de regarder ce film. « Je pleurais toutes les deux minutes », confie Yusra.

Yusra enlace une travailleuse bénévole dans le cadre d'une initiative d'éducation communautaire appelée TIGER girls lors d'une visite en 2019 dans le camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie.

Elle espère que ce film sera bien plus qu'un simple moment de divertissement. « Ce film permettra de lancer la réflexion sur ce qu'est un réfugié, sur ce que nous voulons changer », déclare Yusra.

Sally El Hosaini, la réalisatrice, partage cette ambition. « Mon plus grand espoir pour le film est qu'il renverse les stéréotypes récurrents sur les réfugiés et les jeunes femmes arabes. »

« Je veux que le film nous rappelle que les réfugiés sont des gens ordinaires qui mènent des vies normales et remplies de rêves et d'espoirs. Des gens ordinaires qui ont dû faire des choix inimaginables, quitter leur maison et tout risquer à la recherche d'une vie meilleure et plus sûre. »

Depuis qu'elle est devenue la plus jeune ambassadrice de bonne volonté du HCR en 2017, et qu'elle a participé en tant que nageuse aux Jeux olympiques de Rio 2016 et de Tokyo 2020, Yusra s'est imposée comme une voix de premier plan pour la cause des réfugiés, un rôle que « The Swimmers » contribuera à amplifier encore davantage.

Comme pour beaucoup de gens à travers le monde, le terme de « réfugié » ne signifiait pas grand-chose pour Yusra, jusqu'au jour où elle a été contrainte de fuir son pays. « Lorsque je vivais en Syrie, je n'avais même pas conscience de ce qu'était un réfugié. Personne ne me l'avait appris », dit-elle.

Pour changer la perception qu'on a des réfugiés, il faut d'abord comprendre, dit-elle. « Les systèmes éducatifs doivent changer : ils doivent être plus ouverts, ils doivent faire connaître les récits de migrants et de réfugiés », affirme Yusra. Elle espère que le fait de partager son histoire avec le plus grand nombre, que ce soit à travers ses mémoires en 2018 dans l'ouvrage intitulé « Butterfly » ou maintenant avec « The Swimmers », contribuera à sensibiliser le public au potentiel, et à la valeur, de tous les réfugiés. « Nous devons traiter tout le monde de la même manière », dit-elle.

« Beaucoup de choses doivent encore changer pour les réfugiés. »

L’étonnant parcours de Yusra n'est pas celui d'une personne sur un million, mais bien celui d'une personne sur 100 millions, soit le nombre actuel de personnes déracinées à travers le monde. Bien sûr, tout le monde ne peut pas nager le 100 mètres papillon aux Jeux olympiques, mais le talent et le succès de Yusra la poussent à s'engager pour défendre la cause des réfugiés et faire évoluer les mentalités.

« Les Jeux olympiques ont changé ma façon de concevoir le statut de réfugié. Je suis entrée dans le stade de Rio et j'ai réalisé que je pouvais être une source d'inspiration pour tant de personnes. J'ai réalisé que 'réfugié' n'est qu'un mot, et que c'est ce qu'on en fait qui est le plus important. »

Au-delà de la natation, les projets d'avenir de Yusra concernent la poursuite de son rôle d'ambassadrice de bonne volonté du HCR, la création d'une fondation caritative axée sur le sport et l'éducation, la poursuite de ses études et peut-être même le métier d'actrice.