RDC : Les combats au Nord-Kivu font fuir des milliers de personnes vers l'Ouganda voisine
RDC : Les combats au Nord-Kivu font fuir des milliers de personnes vers l'Ouganda voisine
La toute dernière escalade du conflit dans la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC) a forcé à nouveau des milliers de personnes à fuir vers le sud en direction de Goma et à traverser la frontière vers l'Ouganda. Environ 8 000 réfugiés congolais, qui ont fui vers Bunagana en Ouganda durant le week-end, étaient encore présents ce matin. C'est le troisième afflux semblable vers l'Ouganda depuis août, suite au conflit croissant au Nord-Kivu.
Les autorités ougandaises et l'UNHCR ont appelé hier les réfugiés à rejoindre, plus au sud, le centre de transit de Nyakabanda en Ouganda. Le centre a été créé par l'UNHCR et ses partenaires à environ 15 kilomètres de la ville frontière de Bunagana. Des fonctionnaires à Bunagana ont fait état de deux cas suspects de choléra parmi les réfugiés, renforçant encore le besoin de décongestionner la petite ville et de transférer les personnes vers le centre de transit, qui est équipé d'équipements de santé adéquats. Tôt ce matin, quelque 1 300 nouveaux réfugiés ont été enregistrés au centre de Nyakabanda, où l'UNHCR et MSF France ont achevé la construction de sept abris collectifs pour héberger 1 500 personnes. MSF a aussi commencé la vaccination des enfants de moins de cinq ans, alors que l'UNICEF a fourni deux réservoirs d'eau de 10 000 litres. L'UNHCR a distribué des ustensiles de cuisine et des couvertures à 217 personnes qui sont arrivées à Nyakabanda hier. Nous préparons une assistance pour aider jusqu'à 5 000 personnes. Avec MSF, nous prévoyons de transporter un autre groupe de 150 familles demain, depuis la frontière vers Nyakabanda.
Cependant, de nombreux réfugiés hésitent à aller au centre de transit. Ils veulent rester près de la frontière pour pouvoir traverser la frontière vers la RDC, dès qu'ils sentiront que la situation sécuritaire le leur permettra. Ce matin, des centaines de réfugiés étaient toujours rassemblés autour de Bunagana, dormant sous les porches des magasins ou en plein air. D'autres réfugiés sont hébergés par des amis et des proches, en attendant que les tensions s'apaisent en RDC.
La plupart des réfugiés à Bunagana disent qu'ils ont été déplacés cinq fois ces deux dernières années. Notre équipe à Bunagana rapporte que les nouveaux réfugiés transportent davantage de possessions que ceux qu'ils avaient vus précédemment, ce qui indique que nombre d'entre eux craignent de rester en exil plus longtemps. En août et en septembre, des nombres similaires de réfugiés ont fui vers Bunagana mais ils sont rentrés chez eux plusieurs jours lorsque le conflit s'était calmé.
A l'intérieur du Nord-Kivu, une équipe d'évaluation conjointe des Nations Unies et d'ONG qui a voyagé hier (lundi) vers le district de Rutshuru a trouvé plusieurs milliers de nouveaux déplacés internes près de Kibumba, à quelque 30 kilomètres au nord de Goma. Les déplacés ont dit qu'ils avaient vu les combats qui avaient forcé la plupart des habitants du village de Rugari à fuir soit vers l'est et la frontière avec l'Ouganda, soit vers le sud et la ville de Goma. Quelques déplacés ont dit qu'ils allaient rejoindre Goma, en quête de sécurité. Nous travaillons conjointement avec les autorités congolaises à Kibumba, pour identifier un site pouvant accueillir un nouveau camp où l'aide pourra être assurée au cas où un grand nombre de déplacés décideraient de rester sur place.
Parallèlement, des déplacés, en petits nombres, continuent chaque jour à arriver dans les six camps accueillant des déplacés internes et dans des sites de fortune situés à l'ouest de Goma. La plupart disent qu'ils ont fui leurs villages il y a plusieurs semaines et qu'ils se cachaient dans la forêt pour éviter les groupes rebelles. Quand ils ont senti que la situation sécuritaire le leur permettait, ils ont rejoint Goma.
Le travail d'enregistrement dans six camps de déplacés près de Goma indique qu'il y a maintenant quelque 45 000 déplacés internes dans ces sites.
Nous restons préoccupés par l'accès restant limité dans de nombreuses parties du Nord-Kivu, à cause de la situation sécuritaire tendue. Nous craignons que l'aide humanitaire n'ait pas encore atteint de nombreuses personnes déplacées dans les provinces en proie à l'instabilité. Selon les estimations, depuis décembre 2006, les personnes nouvellement déplacées au Nord-Kivu sont maintenant au nombre de 370 000. Ce nombre continue à croître.