Le nombre de réfugiés rentrés dans les provinces de l'Equateur et du Sud-Kivu en RDC a dépassé cette semaine le cap des 10 000 personnes

DONGO, RDC, 8 février (UNHCR) - Les programmes de rapatriement de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés vers deux provinces de la République démocratique du Congo (RDC) ont chacun dépassé cette semaine le chiffre de 10 000 réfugiés congolais. Ils ont été rapatriés vers des zones de cet immense pays où la sécurité s'est améliorée.

Un total de 255 Congolais de RDC a traversé la rivière d'Oubangui pour rejoindre Dongo, quittant le Congo voisin le 7 février. Il s'agissait du 57ème convoi depuis le début des retours facilités lancés en avril dernier par l'UNHCR en direction de la province de l'Equateur. Quelque 10 240 Congolais sont maintenant rentrés dans leurs villages de l'Equateur, la plus grande forêt tropicale d'Afrique.

Simultanément, le rapatriement volontaire organisé par l'UNHCR de la Tanzanie vers la province du Sud-Kivu en RDC a également dépassé, mercredi, le chiffre des 10 000 personnes. Au total, 10 161 réfugiés ont été rapatriés chez eux par bateau depuis le début de l'opération en octobre dernier.

Le rapatriement vers la RDC est complexe. Le premier rapatriement volontaire mis en place par l'UNHCR date de 2004, avec le retour de 1 941 personnes depuis la République centrafricaine. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés en RDC prévoit aussi d'organiser des rapatriements depuis et vers le Soudan le mois prochain. Toutefois, certaines parties de la RDC restent trop instables pour permettre le retour de réfugiés.

Parmi les Congolais rentrés mardi en Equateur figuraient plusieurs femmes qui ont suivi une formation de tailleur au cours de leur séjour au Congo. « A notre arrivée, nous étions heureuses et convaincues que les compétences acquises en couture lorsque nous vivions au Congo ne seraient pas perdues », a précisé l'une d'entre elles.

« Le fait d'être rentrées chez nous a mis un terme à la vie pénible que nous menions lorsque nous étions en exil », ajoute une autre femme. Elle souligne également le succès des activités d'assistance mises en place pour faciliter la réintégration des rapatriés. L'agence pour les réfugiés a notamment rénové des routes empruntées par les convois de retour qui étaient endommagées ainsi que des écoles et des centres de santé dans les principales zones de retour. De plus, un hébergement a été fourni aux plus vulnérables.

« Avant de nous décider à rentrer, nous nous demandions comment trouver les moyens nécessaires pour reconstruire notre maison détruite pendant la guerre », raconte une femme, à qui l'UNHCR a fourni une maison. Elle demande maintenant à ceux qui vivent encore en exil de rentrer au pays.

Les rapatriés reçoivent un colis pour démarrer leur nouvelle vie. Il contient de la nourriture pour trois mois, des articles non alimentaires comme des couvertures, des matelas, des ustensiles de cuisine et un kit d'abri composé d'une machette, d'une scie, d'un marteau, de clous pour la toiture et de bâches en plastique. Des outils et des semences pour les cultures sont indispensables pour que les rapatriés commencent leur nouvelle vie et s'établissent durablement en Equateur, où les effets de la guerre se font encore sentir trois ans après le conflit.

L'agence a créé des centres de transit dans lesquels les rapatriés peuvent passer la nuit, commencer les procédures d'immigration ou recenser leurs besoins médicaux et d'assistance sociale.

« Des difficultés logistiques ont ralenti les mouvements soit à cause des rivières peu profondes qui ne permettent pas la circulation des gros bateaux, soit à cause du mauvais état des routes dû aux pluies excessives. Les inondations ont détruit les ponts en bois et ont retardé l'arrivée des colis d'assistance », a indiqué Eusebe Hounsokou, délégué de l'UNHCR en RDC.

Selon lui, de plus en plus de zones auparavant contrôlées par des milices commencent à s'ouvrir. Eusebe Hounsokou a ajouté qu'à la mi-janvier 2006, l'UNHCR a évalué les conditions de sécurité à Buburu, une zone de retour localisée sur la rivière Oubangui, d'où se sont enfuis 35 000 Congolais à cause de la guerre.

« Depuis que les militaires ont évacué cette zone, les résidents font état d'une baisse des problèmes légers d'harcèlements survenus par le passé », a expliqué Eusebe Hounsokou. Par conséquent, le délégué de l'UNHCR prévoit une augmentation du nombre de rapatriés vers l'Equateur en 2006.

La province de l'Equateur est la deuxième région de RDC où l'UNHCR a commencé à faciliter le rapatriement, après de modestes retours depuis la République centrafricaine en 2004. Les retours vers le Sud-Kivu depuis les camps de l'ouest de la Tanzanie, qui accueillent quelque 150 000 Congolais, ont commencé en octobre dernier. Avec le retour spontané des réfugiés congolais, plus de 52 000 personnes sont finalement revenues dans leur pays depuis octobre 2004.

De plus, le 30 janvier 2006, l'UNHCR et les gouvernements du Soudan et de la RDC ont signé deux accords séparés pour commencer l'aide au retour des réfugiés depuis ces deux pays. Depuis presque 40 ans, 6 800 Congolais vivent au Sud-Soudan, alors que 13 000 Soudanais fuyaient les combats vers le nord-est de la RDC. Les mouvements vers et depuis les deux pays devraient commencer le mois prochain.

« Nous espérons que les conditions dans d'autres régions de la RDC vont bientôt s'améliorer pour permettre le début des retours organisés », a affirmé Eusebe Hounsokou. Environ 45 000 Congolais originaires de la province du Katanga sont hébergés en Zambie, mais l'insécurité persistante rend inenvisageable les retours à court terme dans cette région.

Cependant, sur le plan politique, la RDC a opéré des avancées significatives pour restaurer la paix et rétablir l'autorité de l'Etat sur son vaste territoire. Elle est assistée par les forces de maintien de la paix des Nations Unies, qui ont un mandat pour mettre fin aux hostilités.

La préparation des élections serait aussi en cours. Le 18 décembre dernier, 84 pour cent des électeurs congolais ont voté pour une nouvelle constitution, ouvrant la voie pour la RDC aux premières élections démocratiques depuis 45 ans.

Par David Nthengwe à Dongo, RDC