Le parrainage, un outil complémentaire de l’intégration pour les réfugiés et les primo-arrivants ?

Avec Georgine à ses côtés, Binta a pu donner un nouveau tournant à sa carrière. © UNHCR/Marion Evrard

Les défis de l’intégration au cœur d’une journée de concertation

Le 1er avril dernier, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, la Vereniging van Vlaamse Steden en Gemeenten (VVSG), la Fédération des CPAS de l’Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW), la Fédération des CPAS bruxellois et l’Association de la ville et des communes de Bruxelles (Brulocalis) ont organisé une journée d’étude en ligne sur le thème du parrainage en tant qu’outil complémentaire d’intégration pour les réfugiés et les primo-arrivants. L’évènement a réuni un large éventail d’acteurs publics, tant au niveau local et régional que fédéral, ainsi que des acteurs du milieu social, des initiatives citoyennes et des réfugiés, qui ont pu échanger sur la manière de relever ensemble les défis actuels de l’intégration.

Le parrainage, un solide outil de participation sociale

Ces dernières années, le nombre d’initiatives de parrainage a considérablement augmenté et, comme l’a déjà démontré la campagne #BuddiesWithRefugees, les buddies, et de manière plus générale les bénévoles, favorisent grandement l’intégration des réfugiés et des primo-arrivants.

Dans son discours d’ouverture, le Représentant du HCR à Bruxelles, Gonzalo Vargas Llosa, a salué l’engagement des bénévoles :

« Le HCR encourage cet engagement citoyen qui est l’expression d’une profonde solidarité envers des hommes, des femmes et des enfants qui ont dû fuir leur pays et qui se retrouvent confrontés à de nombreux nouveaux défis dans leur pays d’accueil. »

Découvrez notre campagne #BuddiesWithRefugees

Comme l’a dit Vida Razavi, réfugiée et experte en matière de parrainage : « Parfois, les gens ont une conception étroite de l’intégration, dans le sens où celle-ci signifie pour eux : apprendre la langue, trouver un emploi, payer des impôts et respecter les règles. Ce qu’ils oublient, ce sont les éléments moins tangibles qui sont tout aussi importants si nous voulons réussir l’intégration, notamment la cohésion sociale, le sentiment d’appartenance et le respect mutuel ».

Le parrainage est un puissant outil de participation sociale, il aide les primo-arrivants à créer un réseau et favorise la cohésion sociale au niveau local. En pratique, on constate cependant que les bénévoles font bien plus que soutenir le développement du réseau des réfugiés et des primo-arrivants. Ils contribuent souvent à répondre à certains besoins essentiels, en les aidant, par exemple, à trouver un logement ou du travail.

Bien que cette tendance témoigne de l’existence d’un soutien social important pour l’accueil des réfugiés, elle révèle également les lacunes de l’accompagnement professionnel qui leur est apporté dans certains domaines. En effet, de plus en plus de réfugiés se tournent vers l’aide que peuvent leur apporter des personnes bénévoles, en plus de l’aide professionnelle, pour répondre à leurs besoins fondamentaux, tels que le logement, le soutien psychologique ou même le regroupement familial.

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Les défis structurels exigent des solutions structurelles

La journée d’étude avait pour objectif de présenter les apports et les limites du parrainage dans le domaine de l’intégration, en soulignant l’importance de l’adoption de mesures solides permettant de répondre aux défis structurels auxquels sont confrontés les réfugiés, les primo-arrivants et les personnes qui les accompagnent, qu’ils soient professionnels ou bénévoles. La transition entre l’accueil collectif et le logement individuel a été évoquée à plusieurs reprises comme une étape critique dans le processus d’intégration des réfugiés en Belgique.

Au cours de la matinée, des experts, des acteurs locaux du domaine public et du milieu associatif, des réfugiés et des citoyens ont évoqué les conditions qui favorisent le succès du parrainage. Ces interventions ont été complétées par les déclarations de personnalités politiques aux niveaux fédéral et régional et/ou leurs représentants auxquels il a été demandé de présenter leur vision concernant ce type d’initiatives.

Lors de la session plénière sur les politiques et mesures de soutien complémentaires au parrainage, le Secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, Sammy Mahdi, a ainsi rappelé la nécessité d’une approche humaine dans l’accueil et l’intégration des réfugiés et des primo-arrivants. Il a également ajouté que le gouvernement et les citoyens jouent un rôle crucial et complémentaire à cet égard.

« Le parrainage apporte une plus-value que le gouvernement ne pourrait pas apporter à lui seul, car il implique une proximité humaine et un engagement personnel. »

Le Vice-ministre-président du Gouvernement flamand et Ministre de l’Administration intérieure, de la Gouvernance publique, de l’Insertion civique et de l’Egalité des Chances, Bart Somers, a abordé le parrainage en tant que quatrième pilier du parcours d’insertion civique, en soulignant l’importance de l’implication des autorités locales : « Nous pouvons parler longuement de l’intégration au Parlement, mais en fin de compte, c’est dans les villes et communes qu’elle a lieu. » Lors de son intervention, il a notamment mis en lumière le rôle du parrainage dans la cohésion sociale :

« Le parrainage est très enrichissant, car de nombreux volontaires font pour la première fois connaissance avec des personnes d’origine ethnique et culturelle différente dans leur environnement immédiat, à leur table. Cela contribue également à changer le positionnement de la société d’accueil face à la diversité et les primo-arrivants. »

L’après-midi, plusieurs ateliers thématiques ont permis l’échange de bonnes pratiques et de réflexions critiques concernant l’interaction entre l’accompagnement professionnel et le soutien bénévole dans les domaines de l’accueil, du logement, de l’apprentissage de la langue et de l’emploi. Des ateliers se sont également focalisés sur la mise en place d’initiatives de parrainage ayant pour but de favoriser la participation sociale, avec la présentation de guides pratiques et de réflexions. Ainsi la participation des communautés réfugiées et de primo-arrivants tant dans la conception que la mise en œuvre de politiques et programmes d’intégration a été soulignée comme étant fondamentale pour la prise en compte de tous leurs besoins.

Des mesures inclusives tenant compte des besoins individuels des réfugiés

Les participants ont été unanimes sur le fait que le parrainage représente une plus-value, mais ils ont également souligné l’importance de l’existence de préconditions contextuelles et structurelles nécessaires à son succès. En effet des mesures doivent être prises afin de supprimer les obstacles structurels en matière d’accès au logement ou encore à la formation et au marché du travail afin de garantir l’impact positif du parrainage. Par ailleurs, les intervenants ont également rappelé qu’il était nécessaire de s’attaquer à la discrimination et aux difficultés auxquelles les réfugiés et les primo-arrivants sont toujours confrontés en matière de logement, d’éducation et d’emploi.

Par conséquent, il est important que le parrainage puisse se développer aux côtés d’un engagement public conséquent pour une intégration réussie. Ceci nécessite une coordination structurelle et renforcée entre tous les acteurs concernés, y compris les communautés réfugiées elles-mêmes, afin de garantir la complémentarité et la continuité des actions. En outre, il est crucial que les bénévoles soient soutenus et encadrés de manière adéquate. Un financement est également nécessaire pour assurer cet encadrement de qualité.

Enfin, l’adoption de dispositifs spécifiques pour certains groupes cibles, tels que les femmes et les enfants, a été évoquée. Lors de l’élaboration d’une politique d’intégration inclusive, il convient en effet d’accorder une attention particulière aux besoins individuels et aux situations de vulnérabilité des réfugiés et des primo-arrivants, notamment celles liées à l’âge, la composition familiale, le sexe, l’identité sexuelle et les éventuelles limitations, ou encore les besoins psychologiques.

Découvrez le témoignage de Binta et Georgine

Les solutions et recommandations formulées lors de la journée d’étude seront publiées prochainement. Les enregistrements et les présentations peuvent déjà être consultés sur le site web du HCR.