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Haroun : l’adolescente que la guerre a élu cheffe de famille

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Haroun : l’adolescente que la guerre a élu cheffe de famille

16 Juillet 2025
Haroun

À 13 ans, Haroun*, jeune soudanaise, est devenue cheffe de famille. La guerre au Soudan l’a contrainte à prendre soin seule de ses quatre frères et sœurs, âgés de 3 à 11 ans. Son histoire reflète la souffrance silencieuse de milliers d’enfants pris au piège du conflit.

Originaire d’El Fasher, la famille de Haroun a fui le conflit entre les Forces de Soutien Rapide (FSR) et l’armée soudanaise. Réfugiés au camp de Zamzam, ils n’y ont pas trouvé la paix.

Le 14 avril 2025, le camp de Zamzam est attaqué : bombardements, pillages, incendies. Le chaos s’abat sur les familles.

« Les affrontements ont éclaté dès les premières heures de la matinée. Par peur, chaque parent était resté cloîtré chez lui avec ses enfants », raconte-elle. Dans leur modeste abri, son père, sa mère, son grand frère et ses petits frères étaient tous réunis, espérant que la tempête passerait très rapidement.

Vers midi, un bref cessez-le-feu a laissé croire à un répit. Mais le calme n’était qu’illusion. Le soir venu, les bruits des armes ont repris, plus proches, plus menaçants. Puis, soudain, une explosion a frappé leur maison. La mère de Haroun a été tuée sur le coup. Son père, grièvement blessé, a perdu l’usage de son bras. Dans la panique, Haroun fuit avec ses frères et sœurs. Son grand frère Mahamat, 17 ans, disparaît. Deux petites sœurs sont emmenées par une tante. Haroun ne les reverra pas.

Revenant brièvement sur les lieux, elle a trouvé son père inconscient, incapable de parler. Sa mère gisait sans vie. Elle a alors pris une décision déchirante : fuir pour sauver ce qui reste de sa famille. Une voisine témoin de leur détresse, les a aidés à fuir jusqu’au Tchad.

« Je n’avais pas le choix que de les soutenir pendant tout le trajet. Notre prière de chaque jour tout le long de la route c’est de trouver un endroit sécure », a-témoigné la bonne samaritaine qui leur a apporté secours.

Après plusieurs jours de marche, Haroun et les siens traversent la frontière par Tiné et atteignent le site d’Ouré Cassoni au Tchad, le 14 mai 2025.

Désormais, Haroun, ses frères et sœurs se trouvent dans le doute, si leur père serait toujours en vie. Très hantée par la mort tragique de sa mère et les cris de ses petits frères, Haroun revit chaque nuit l’horreur de leur fuite.

À 13 ans, Haroun porte des responsabilités immenses et reste marquée par le traumatisme. Comme elle, des milliers d’enfants soudanais ont besoin de protection, de soins, et d’un avenir meilleur.

*Nom d'emprunt