Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Dans leurs propres mots : « La renaissance de mon espoir » — Un jeune réfugié boursier partage son parcours d’espoir et de résilience

Articles et reportages

Dans leurs propres mots : « La renaissance de mon espoir » — Un jeune réfugié boursier partage son parcours d’espoir et de résilience

28 Juillet 2025 Egalement disponible ici :
Central African Republic. Sudanese refugee and DAFI scholar Abdallah Abdelrahman Saleh in Korsi refugee neighbourhood

Abdallah Abdelrahman Saleh, réfugié soudanais et boursier DAFI, dans le quartier des réfugiés de Korsi.

Abdallah Abdelrahman Saleh fait partie des 30 étudiants réfugiés soudanais qui composent la toute première cohorte de boursiers DAFI (Initiative académique allemande Albert Einstein pour les réfugiés) en République centrafricaine. Ce programme historique, rendu possible grâce à un partenariat transformateur entre le HCR et la Fondation Mastercard, ouvre de nouvelles voies aux jeunes réfugiés pour reconstruire leur avenir grâce à l’apprentissage des langues et à l’enseignement supérieur. Dans ce témoignage, vous découvrirez le parcours exceptionnel de l’un de ces jeunes étudiants, raconté dans ses propres mots.


« Je suis né un 6 juillet — mais cette date n’est pas seulement mon anniversaire. C’est la renaissance annuelle de mon espoir. »

Je m’appelle Abdallah Abdelrahman Saleh. Je suis né le 6 juillet 1997 à Nyala, une ville dynamique du Soudan — celle où j’ai porté, pour la première fois, un rêve sur mes épaules. Un rêve qui ne s’est jamais brisé, malgré le poids des années.

En grandissant, j’ai fréquenté trois lycées différents. J’ai rejoint les Scouts et randonné dans les montagnes à l’est de Nyala, découvrant des sites historiques et approfondissant mon attachement à mon pays. Après le baccalauréat, incertain de mon avenir, j’ai travaillé quelques mois dans des conditions difficiles dans les mines, avant d’être admis à la faculté de médecine de l’université d’Ed-Da’ein.

Le programme médical étant en anglais, j’ai suivi des cours de langue à Nyala et effectué un stage à l’hôpital universitaire de Nyala. Pendant ces trois années d’études, je me suis engagé dans des actions communautaires en tant que bénévole pour l’organisation caritative Shaakireen, apportant mon aide aux communautés vulnérables. J’ai été vice-secrétaire académique de l’association des étudiants en médecine, puis élu président de l’Union des étudiants de Nyala Bahr, où j’ai mené plusieurs initiatives.

Mais tout a changé pendant le Ramadan 2023. Alors que je rendais visite à ma famille à Nyala, la guerre a éclaté. Piégé sous les bombardements, j’ai vécu dans la terreur. Pendant plus de deux mois et demi, j’ai survécu sans nourriture, sans eau, sans sécurité. Ce fut l’un des chapitres les plus sombres de ma vie. Pour survivre, j’ai fui à Birao, en République centrafricaine, où a commencé un nouveau chapitre de mon existence.

J’ai vécu deux ans à Korsi, un quartier de réfugiés à Birao. Pour subvenir à mes besoins, j’ai ouvert un petit commerce de produits de base, tout en faisant du bénévolat dans un centre de santé et une école locale. J’ai aussi suivi une formation en ligne sur le travail social communautaire via une académie suisse, et participé à un challenge étudiant mondial sur l’amélioration de l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle pour les réfugiés.

J’ai finalement obtenu une bourse financée par la Fondation Mastercard, et j’ai rejoint Bangui, la capitale, pour suivre un programme passerelle intensif de langue française avant d’intégrer le système universitaire national à l’université de Bangui. J’ai toujours aimé apprendre les langues, et je suis heureux d’en ajouter une nouvelle à mes compétences.

Au-delà des études, j’ai découvert une passion que j’avais depuis l’enfance: le cyclisme, et j’ai enfin pu réaliser ce rêve à Bangui. J’adore faire du vélo en ville ; cela m’aide à me détendre et à me vider l’esprit. En avril 2025, j’ai même participé au championnat africain de duathlon à Bangui.

Être réfugié n’a pas seulement changé ma géographie — elle a transformé ma vision de la vie. C’est ce qui m’a inspiré à réorienter mon rêve : de la médecine vers la santé publique. Parce que je crois qu’il est encore plus puissant de soigner des communautés entières que de soigner des individus.

Central African Republic. Sudanese refugee and DAFI scholar Abdallah Abdelrahman Saleh with his bike in Bangui

Le réfugié soudanais et boursier DAFI, Abdallah Abdelrahman Saleh avec son vélo à Bangui.

Aujourd’hui, je rêve d’étudier la santé publique et de travailler avec des organisations humanitaires internationales — non pas seulement pour gagner ma vie, mais pour faire une différence. Un jour, j’espère créer mon propre projet humanitaire pour aider des personnes comme moi : des réfugiés, des survivants, des rêveurs.

Je suis né un 6 juillet — mais pour moi, cette date est bien plus qu’un anniversaire.
C’est la renaissance annuelle de mon espoir.

Note: Le programme passerelle français est mis en œuvre par les partenaires ONG du HCR, le Centre de Support en Santé Internationale (CSSI) et Olivier Homme de Galilée pour le Développement Social, en partenariat avec le ministère de l’Enseignement Supérieur à travers le Laboratoire de sociolinguistique et d’éducation plurilingue de l’Université de Bangui.