Le HCR alerte sur l’ampleur dramatique des violences faites aux femmes et aux filles déplacées de force en situation d’urgence, alors que les risques de protection augmentent dans un contexte de pénuries de financements
Le HCR alerte sur l’ampleur dramatique des violences faites aux femmes et aux filles déplacées de force en situation d’urgence, alors que les risques de protection augmentent dans un contexte de pénuries de financements
Une réfugiée soudanaise dans l'est du Tchad.
DAKAR, le 25 novembre 2025 – Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, signale des niveaux alarmants de violences faites aux femmes et aux filles déplacées de force dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et celles fuyant le Soudan vers le Tchad, alors que les capacités d’assistance sont poussées à bout.
Dans l’est du Tchad, les réfugiés continuent d’arriver en grand nombre, avec plus de 9 500 personnes ayant traversé la frontière depuis la prise par les Forces de soutien rapide de la ville d’El Fasher au Soudan. Les réfugiés arrivent épuisés et traumatisés. Plus de 80 % sont des femmes et des enfants. De nombreux enfants sont non accompagnés ou séparés. Les besoins en matière d’aide et de protection devraient augmenter dans les semaines à venir.
Les femmes et les filles ayant trouvé refuge au Tchad partagent des récits déchirants sur les graves violations des droits humains dont elles ont été victimes au Soudan. Soixante-dix pour cent d'entre-elles évoquent des abus physiques et psychologiques. Quinze pour cent ont signalé des viols, souvent collectifs, et onze pour cent ont subi des agressions physiques. Les femmes ont rapporté avoir été enlevées, battues, torturées, détenues pendant plusieurs jours et soumises à des viols perpétrés par des groupes armés. Beaucoup ont fui sous les tirs, portant de jeunes enfants ou des personnes âgées, tandis que d’autres ont été séparées de membres de leur famille qui n’ont jamais réussi à traverser la frontière. Nombre de survivantes sont arrivées après 72 heures, rendant les soins médicaux d’urgence inefficaces pour prévenir les infections, les grossesses ou les complications.
« Ce que nous observons dans l’est du Tchad est une urgence de protection d’une ampleur que je n’ai jamais vue. Le HCR et ses partenaires sont sur le terrain et tentent d’aider, mais la réalité, c’est que nous ne pouvons pas atteindre tout le monde par manque de ressources », relève Dossou Patrice Ahouansou, Coordinateur principal du HCR pour la situation au Soudan au Tchad. « Il est question d’une urgence vitale. Des financements supplémentaires sont nécessaires pour pouvoir protéger ces femmes et ces enfants. »
En République démocratique du Congo (RDC), environ 53 % des incidents signalés de violences contre les femmes et les filles impliquent des violences sexuelles, et environ 89 % des survivants sont des femmes et des filles. Plus de 39% des victimes sont des enfants. L’ampleur réelle est probablement bien plus élevée, bon nombre d’incidents n'étant pas signalés. Des groupes armés sont accusés d’utiliser le viol comme arme de guerre, ciblant délibérément les communautés.
Le HCR et ses partenaires utilisent les ressources disponibles pour répondre, mais les lacunes sont visibles. Dans l’est du Tchad, du 15 mai au 30 septembre, seulement 29,68 % des survivantes ont pu accéder à des soins médicaux d’urgence.
Toutes les survivantes de violences identifiées par le HCR dans l’est du Tchad ont reçu un soutien psychosocial. Dans les provinces du Wadi Fira et de l’Ennedi Est, les psychologues ont assisté plus de 22 000 nouveaux arrivants et ont fourni un accompagnement psychosocial aux personnes nécessitant une aide immédiate. Malgré des réductions sévères de financements, ce travail vital demeure une priorité, alors même que les opérations du HCR au Tchad font face à un déficit de financement de 62 % pour la réponse aux réfugiés soudanais.
En RDC, en septembre 2025, seulement 9 % des besoins identifiés étaient couverts. Pourtant, le HCR et ses partenaires continuent de mettre à disposition des espaces sûrs, de fournir des services de gestion de cas, d’assurer les orientations pour les soins médicaux dans la fenêtre critique de 72 heures lorsque cela est possible, de soutenir l’assistance juridique et d’offrir un accompagnement psychosocial aux survivantes. Plus de 101 000 personnes ont participé à des activités communautaires de prévention et de protection.
Les besoins de financement du HCR pour 2025 pour la prévention des violences faites aux femmes et aux filles et les programmes de soutien aux survivantes en Afrique de l’Ouest et du Centre s’élèvent à 61 millions USD, mais seuls 27 % sont financés. Le HCR appelle les donateurs, les gouvernements et les partenaires à augmenter les financements flexibles et pluriannuels pour les activités de protection et les services essentiels pour les survivantes.
« Les survivantes ne peuvent pas attendre », rappelle Nora Staunton, Coordinatrice principale Protection et Solutions au sein du Bureau régional du HCR pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. « Chaque jour sans action expose un trop grand nombre de filles et de femmes à de nouvelles violences et à de nouveaux dangers. Sans soutien urgent, des milliers resteront sans la protection et les soins dont elles ont désespérément besoin. »
Télécharger les témoignages de réfugiés ici
Contact médias :
À Dakar, Senan Rose Fidelia Bohissou, [email protected], +221 77 569 91 60