Ruud Lubbers demande aux pays voisins de la Côte d'Ivoire de garder leurs frontières ouvertes
Ruud Lubbers demande aux pays voisins de la Côte d'Ivoire de garder leurs frontières ouvertes
Genève, le 3 décembre 2002
Prévenant contre la menace réelle d'une crise humanitaire, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Ruud Lubbers, a aujourd'hui demandé aux pays d'Afrique de l'Ouest de ne pas fermer leurs frontières aux civils innocents pris en tenaille dans les combats qui s'intensifient en Côte d'Ivoire.
Le HCR a lancé un pressant appel de 6,1 millions de dollars pour une période de trois mois, afin de faire face à l'urgence humanitaire en Côte d'Ivoire et dans les pays voisins.
« Je demande à toutes les parties en présence de faire preuve de modération. La situation en Afrique de l'Ouest est déjà suffisamment critique. On ne peut se permettre d'ajouter encore à la misère ambiante », a-t-il souligné.
Le HCR s'alarme de certains rapports faisant état du non-respect des principes humanitaires et de l'implication possible de réfugiés dans le conflit. « J'appelle tous les gouvernements des pays de la région à garantir le libre passage des réfugiés et des civils qui fuient la violence », a déclaré le Haut Commissaire.
Si seulement quelques cas isolés d'interdiction d'accès aux réfugiés ont été signalés dans les pays voisins de la Côte d'Ivoire à ce jour, le HCR craint qu'une aggravation de la crise ne pousse les gouvernements à fermer leurs frontières en cas d'afflux massif. Une amplification des combats pourrait en effet inciter les réfugiés à se joindre à l'exode probable de plusieurs millions de travailleurs immigrés originaires des contrées voisines, elles-mêmes appauvries et instables.
La Côte d'Ivoire accueille depuis des années environ 70 000 réfugiés libériens et 3 000 réfugiés sierra-léonais. Depuis le début de la crise, le 19 septembre dernier, au moins 25 000 réfugiés et civils ont quitté la Côte d'Ivoire, dont environ 19 000 réfugiés libériens et 2 000 Ivoiriens à destination du Libéria, pays en proie à la rébellion.
Depuis vendredi, quelque 400 personnes arrivent chaque jour au Libéria, la plupart d'entre eux des réfugiés forcés de retourner au Libéria. Ils viennent de la région de Danané, de Man et Toulépleu où de violents combats ont fait rage depuis jeudi. Ces villes, proches de la frontière avec le Libéria et la Guinée, abritent environ 45 000 des réfugiés vivant en Côte d'Ivoire.
Depuis la semaine dernière, le HCR n'a pas été en mesure d'établir de contact avec les réfugiés dans la région de Danané et de Man, ni de déployer du personnel, en raison du conflit.