Ligoté et torturé pour avoir refusé un mariage forcé, Ali* raconte son calvaire
Ligoté et torturé pour avoir refusé un mariage forcé, Ali* raconte son calvaire
« Ils m’ont amené quelque part en dehors du camp, m’ont ligoté les mains au dos et les pieds contre deux supports en bois fixés au sol. Ils m’ont torturé et maltraité jusqu’à ce que je m’évanouisse. Tout ceci à cause d’un mariage qu’on veut m’imposer. »
Ali*a vécu le calvaire après s’être opposé à la volonté de ses parents contraire à ses sentiments. Le jeune homme de 31 ans, réfugié soudanais et enseignant à l’école primaire au camp de Milé, nourrit le projet de fonder un foyer avec l’élue de son cœur, une jeune femme d’une autre ethnie que la sienne.
Sa ‘’belle-famille’’ est d’accord sur le principe mais il doit informer ses parents avant de sceller l’union. C’est de là que naît le conflit entre sa famille et lui, « J’ai eu beaucoup de problème à cause de mon projet de mariage et ils m’ont exposé davantage à l’insécurité. », dit-il.
Ses parents s’opposent radicalement à sa décision, car le mariage exogamique est mal vu chez les Zaghawa. « Mes parents m’ont dit qu’on ne se marie pas dans une autre ethnie et m’ont proposé une cousine en mariage alors que je ne l’aimais pas », explique-t-il.
Ali* fait clairement savoir à son oncle et tuteur qu’il ne voulait pas de ce mariage. Toute sa famille le trouve alors insoumis et irrespectueux. « Je respecte tout le monde, cependant j’ai le libre choix d’épouser une femme que j’aime, pas une qui m’a été imposée », leur répond-il en espérant dissiper le malentendu.
Quelques jours après, sa famille l’invite en dehors du camp pour résoudre définitivement le différend, seulement il s’agira malheureusement d’une ruse. « Ils m’ont amené quelque part en dehors du camp, ils m’ont ligoté les mains au dos et les pieds contre deux supports en bois fixés au sol. Ils m’ont torturé et maltraité jusqu’à ce que je m’évanouisse. Ils voulaient que je revienne sur ma décision, mais je n’ai pas changé d’avis ».
Ali* se réveille avec des douleurs dans tout le corps, il est ensuite retrouvé par un passant qui le conduit à dos d’âne au centre de santé du camp de Milé, où il reçoit des soins.
Le jeune homme sera expulsé de la concession familiale au camp. Se sentant en insécurité, il décide de porter l’affaire auprès de HIAS partenaire du HCR pour l’appui aux survivants de violence afin de solliciter une assistance juridique.
L’assistante en charge des violences basées sur le genre se saisi du dossier et informe les forces de sécurité tchadiennes au sein du Détachement pour la protection des humanitaires et des réfugiés (DPHR).
Ali* voit ensuite son projet de mariage tomber à l’eau, « C’était un choc psychologique », dit-il. Selon lui, les pesanteurs socioculturelles demeurent encore des facteurs d’exposition aux risques de VBG. « Si j’étais une fille, je serais mariée de force, comme je suis un homme j’ai été torturé », ajoute-t-il.
Le HCR et ses partenaires travaillent avec les communautés pour lutter contre les pratiques sociales néfastes. Des sensibilisations, des formations et des séances de renforcement de capacités sont régulièrement organisées en faveur des leaders communautaires à cet effet.
Grâce à l’appui juridique du HCR et sécuritaire du DPHR, Ali* est maintenant en sécurité et bénéficie d’un appui psychologique offert par l’ONG partenaire HIAS. « Les violences basées sur le genre ne concernent pas que les femmes, nous devons dénoncer toute forme de norme sociale qui ne contribue pas notre épanouissement » conclut-il.