De l’ambition à l’engagement : à Abéché, des parcours transformés grâce à la Fondation Mastercard
De l’ambition à l’engagement : à Abéché, des parcours transformés grâce à la Fondation Mastercard
Sadia Noussouradine Youssouf bénéficiaire de la bourse Fondation Mastercard à l’Institut National supérieur des Sciences et Techniques d’Abéché au département d’analyse biomédical.
Née à Abéché en 2003, Sadia Noussouradine Youssouf a toujours voulu œuvrer pour la santé de sa communauté. Troisième d’une famille de cinq enfants, elle choisit une filière scientifique, rare et exigeante, pour ouvrir la voie à des études médicales. Faute de moyens pour rejoindre la capitale, elle s’inscrit à s’inscrit à l’Institut National Supérieur des Techniques d’Abéché (INSTA) en sciences biomédicales. Malgré les difficultés, elle excelle, figurant parmi les trois meilleurs étudiants de sa promotion.
En novembre 2024, elle obtient une bourse de la Fondation Mastercard, une véritable bouffée d’oxygène qui lui permet de poursuivre son parcours, d’acheter un ordinateur pour son mémoire, et de couvrir ses frais essentiels.
« Cette bourse est bien plus qu’un appui financier. Elle m’a permis de croire encore plus fort en mon avenir et de continuer à apprendre pour servir les autres », témoigne Sadia, aujourd’hui en stage à l’hôpital central. Son projet est clair : intégrer un master en virologie et contribuer à la recherche sur les maladies qui affectent les populations vulnérables.
Le 2 juin 2025, Sadia a officiellement reçu cette bourse lors d’une cérémonie à l’INSTA, aux côtés de 43 autres jeunes sélectionnés pour un programme de formation professionnelle.
Isam Adam Omer est l’un de ces jeunes. Ingénieur civil diplômé, il bâtissait sa carrière dans l’humanitaire au Soudan, jusqu’à ce que la guerre éclate en 2023. À El Geneina, sa maison est pillée, il est enlevé devant ses enfants, interrogé sur son appartenance ethnique. Il sauve sa vie en se présentant comme travailleur humanitaire.
« J’ai dû mentir sur ma tribu pour survivre. Puis j’ai dit que j’étais humanitaire et j’ai décrit les projets que j’avais menés. C’est ce qui m’a sauvé », confie-t-il.
Pendant 56 jours, sa famille vit dans la peur. Lorsque tout espoir s’effondre, ils fuient à pied vers le Tchad, sans argent, avec deux jeunes enfants et une femme enceinte. Un miracle : son dernier salaire du NRC lui permet d’acheter l’essentiel à Adré. Il retrouve un poste au sein de NRC au Tchad, mais se heurte à une barrière linguistique. Déterminé à continuer sa carrière, il postule à la formation Bioforce.
Isam Adam Omer lors de la pause à la formation Bioforce à Abéché, se fait filmer à coté du Kakemono avec le logo de Bioforce et HCR, Un partenariat qui a faciliter son accès à la formation.
Grâce à la bourse obtenue via le programme soutenu par la Fondation Mastercard et le HCR, il entame une nouvelle étape. Pour Isam, cette formation est une seconde chance.
« Cette formation me permettra de consolider mes compétences et de viser un rôle de chef d’équipe pour les urgences humanitaires en Afrique », dit Isam.
La formation lui permet non seulement de perfectionner ses compétences en gestion de projets humanitaires, mais aussi de se préparer à occuper, demain, un rôle de leadership au service des populations déplacées.
Un programme de formation professionnelle qui transforme des parcours
La programme de formation professionnelle lancée à Abéché par le HCR et Bioforce avec le soutien financier de la Fondation Mastercard répond à un besoin criant de professionnalisation locale dans le secteur humanitaire. Elle offre à 43 jeunes réfugiés soudanais et membres des communautés hôtes - sélectionnés parmi plus de 2 000 candidatures – de poursuivre une formation de six mois en coordination de projets humanitaires ou en protection de l’enfance à l’INSTA, suivie de six mois de stage sur le terrain.
« Cette initiative répond à un double enjeu : renforcer les compétences des jeunes réfugiés soudanais et des communautés hôtes, tout en posant les bases de solutions durables. En les dotant de qualifications reconnues, nous facilitons leur inclusion socioéconomique et leur participation active à la vie locale », souligne Charlotte Lepiniec, Chargée de l’éducation au HCR Tchad.
Parmi les bénéficiaires des bourses Mastercard, certains, comme Sadia, rêvent de devenir chercheure ; d’autres, comme Isam, veulent continuer à être des piliers de la réponse d’urgence. Mais tous partagent une conviction : l’avenir se construit avec les outils de la connaissance.
À Abéché, grâce à ces bourses et à ce programme, des trajectoires brisées ou freinées reprennent vie. L’espoir ne s’enseigne pas, mais il se transmet – et parfois, il commence par une simple chance offerte à ceux qui n’ont rien abandonné de leurs rêves.
À Abéché, grâce à ces bourses, des trajectoires brisées ou freinées reprennent vie. Ce programme s’inscrit pleinement dans la vision du HCR qui est d’offrir aux réfugiés et aux communautés hôtes non seulement une protection, mais aussi les moyens de reconstruire leur avenir avec dignité.