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Les femmes déplacées et réfugiées transforment leur destin au Burkina Faso

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Les femmes déplacées et réfugiées transforment leur destin au Burkina Faso

22 Juin 2023 Egalement disponible ici :
A.D., 48 ans, est déplacée interne à Dori. Elle et d’autres femmes déplacées et réfugiées ont suivi une formation dans la fabrication du savon, le recyclage des déchets plastiques, la fabrication de foyers améliorés et la culture hors sol. Ces activités leur permettent de subvenir aux besoins de leurs familles.

A.D., 48 ans, est déplacée interne à Dori. Elle et d’autres femmes déplacées et réfugiées ont suivi une formation dans la fabrication du savon, le recyclage des déchets plastiques, la fabrication de foyers améliorés et la culture hors sol. Ces activités leur permettent de subvenir aux besoins de leurs familles.

A.D., 48 ans, est assise devant un tas de boules de savon qu'elle-même vient de fabriquer. Ses mains caressent les boules de savon posées sur un plateau, dans un mouvement incessant. Un sourire immense éclaire son visage. Elle n'en revient tout simplement pas. 

Il y a moins d'un an, A.D. n'aurait jamais pu imaginer qu'elle travaillerait à son propre compte pour subvenir aux besoins de sa famille à Dori, où elle a trouvé refuge avec ses cinq enfants et ses trois petits-enfants. Elle se souvient des jours où elle mendiait, des regards méprisants qui lui faisaient parfois verser des larmes. Aujourd'hui, elle ressent à nouveau cette fierté et cette dignité qui lui étaient si chères. 

Leur vie a basculé lorsqu'une attaque perpétrée par des "individus armés non identifiés" a frappé sa commune natale d'Arbinda, dans la région du Sahel, en 2021. A.D. a assisté, impuissante, à l'assassinat de son fils aîné, de ses neveux et de ses frères. Elle se souvient avec tristesse du moment où les assaillants ont fait le tour des maisons, tuant les hommes, emportant les animaux, et ordonnant aux femmes de quitter le village avec les enfants. Son mari, bien qu'ayant échappé de justesse à cette attaque, est porté disparu depuis plusieurs mois. 

A.D. se rappelle avoir marché pendant quatre jours, accompagnée de ses enfants et petits-enfants, pour rejoindre Dori, la ville la plus proche, où ils ont trouvé refuge. 

Malgré cette relative sécurité retrouvée, la précarité et la faim demeuraient des défis quotidiens pour A.D. et sa famille. Elle a donc commencé à mendier pour subvenir à leurs besoins. Mais cette situation était loin de la satisfaire. Elle confie : « Je n'aurais jamais imaginé mendier pour survivre. Chaque jour, je parcourais de longues distances, le cœur lourd... Mais aujourd'hui, je remercie Dieu, car le HCR et ses partenaires m'ont permis de rejoindre une association où j'ai acquis de nouvelles compétences qui me permettent de gagner ma vie. Maintenant, je peux également répondre aux demandes de mes enfants », dit-elle en hochant la tête, remplie de gratitude. 

Depuis 2016, le Burkina Faso est en proie à une spirale de violences engendrées par des attaques répétées de groupes armés non identifiés (GANI), forçant des centaines de milliers de familles à se déplacer à l'intérieur et à l'extérieur du pays. 

Selon les dernières statistiques publiées par le Conseil National d'Urgence et de Réhabilitation (CONASUR) au 31 mars 2023, deux millions soixante-deux mille cinq cent trente-quatre (2 062 534) personnes ont été déplacées de force à l'intérieur du Burkina Faso. À cela s'ajoutent plus de trente-six mille (36 000) réfugiés et demandeurs d'asile, dont 98% sont originaires du Mali. 

Face à cette situation alarmante qui ne cesse de s'aggraver en raison des attaques croissantes des GANI et des opérations militaires burkinabè, les besoins humanitaires sont en constante augmentation. 

Non seulement j'ai un emploi digne qui me permet de m'en sortir, mais j'ai également une nouvelle famille qui me soutient

Afin de renforcer la résilience des communautés déplacées et de les aider à surmonter leurs difficultés, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, travaille en collaboration avec ses partenaires pour accompagner l'État burkinabè dans la recherche d'opportunités socioéconomiques en faveur de ces personnes vulnérables. 

C'est dans ce contexte que la coopération entre le HCR et la coopérative féminine Djam Weli a permis l'inclusion de quinze réfugiées et dix-huit déplacées internes, qui bénéficient d'une formation continue dans divers métiers afin de mener des activités génératrices de revenus ensemble. 

Maurice Azonnankpo, Représentant par intérim du HCR au Burkina Faso, explique : « Pour nous, cette approche contribue non seulement à répondre aux besoins d'autonomisation des réfugiés et des déplacés internes, mais aussi à promouvoir le vivre-ensemble en valorisant les compétences locales ». 

A.D, tout comme de nombreuses autres femmes, dont certaines sont réfugiées, a suivi une formation dans la fabrication du savon, le recyclage des déchets plastiques, la fabrication de foyers améliorés et la culture hors sol. Elle raconte : « Chaque semaine, nous produisons du savon liquide et des boules de savon que nous vendons dans la ville ». 

Les revenus générés par cette activité économique leur permettent de subvenir aux besoins vitaux de leurs familles respectives. A.D. reconnaît avec émotion : « Mon intégration au sein de cette association a changé ma vie ! Non seulement j'ai un emploi digne qui me permet de m'en sortir, mais j'ai également une nouvelle famille qui me soutient ». À présent, elle souhaite ouvrir une boutique de vente de savons chez elle pour gagner encore plus en autonomie. 

L'histoire d'A.D est un exemple concret des transformations profondes que l'autonomisation et la formation des femmes déplacées internes et réfugiées peuvent apporter dans leur vie. Grâce à des opportunités socioéconomiques et à des compétences nouvellement acquises, ces femmes deviennent des actrices de leur propre développement, générant des revenus et renforçant leur résilience face aux crises. 

Le HCR continue de soutenir ces initiatives et de travailler en étroite collaboration avec ses partenaires pour offrir aux femmes déplacées internes et réfugiées les moyens de reconstruire leur vie et de tracer un avenir prometteur pour elles-mêmes et leurs communautés.